J'écris comme je vis, c'est à dire intensément. Je n'écris jamais que quand c'est absolument nécessaire. J'écris pour jeter des ponts vers les autres. Je ne recherche aucune notoriété.
mercredi 30 mars 2022
Manu et sa petite commission
vendredi 25 mars 2022
Séquence World War Zemmour et les zombies de la Villette
Encore un coup de com de la team Bolloré, pas le premier, loin de là, avec le déplacement du sauveur auto proclamé de la France éternelle dans une de ces zones repoussoirs à la frontière du périph, la si bien nommée Colline du Crack, sorte de poubelle humaine à ciel ouvert où s’entasse tout ce que le vivre-ensemble a rejeté à la marge. Une sorte de concentré de misères et de violences que pouvoirs et oppositions se refilent comme un mistigri, la Préfecture de Paris rejetant la faute sur la Mairie de la Ville Lumière, laquelle botte en touche et accuse le gouvernement, lequel est pris pour cible d’un extrême à l’autre et monté en épingle comme illustration parfaite du laisser faire poussé dans ses derniers retranchements. Avec au milieu des riverains de tous bords excédés, horrifiés, atterrés, compatissants pour certains mais à bout de nerf devant tant d’impuissance de cet État censé d’abord et avant tout leur assurer le minimum, et qui s’est auto-émasculé tout en se bouchant le nez.
Autant dire du pain béni pour le zébulon de cette reconquête en panade que pareil terrain de jeu où se sont enchevêtrées toutes les mauvaises herbes qu’il dénonce, celles d’un monde qui pourtant semble lui convenir comme un gant, un monde du grand capital où les premiers de cordée comme son ami Bolloré s’enrichissent goulûment des trésors de cette Afrique dont ils pillent les ressources, créant de fait un appel d’air du sud vers le nord pour des millions de miséreux entassés ça et là comme du bétail dans les bidonvilles de ce nouveau siècle. Et dont cette sinistre colline constitue le versant le plus glauque.
A vingt jours du premier tour, Zorglub tente de reprendre la main avec une séquence trash-TV imaginée par le think tank piloté par la jeune Sarah Knafo avec l’ami Morandini dans les basques, s‘exhibe sous les caméras de CNEWS dans ces coins-là où l’on se bouche le nez, et se fait mousser les pieds dans le fumier sur un mode faussement compassionnel où l’on joue cyniquement la défense des braves et honnêtes gens contre la lie de l’humanité en se gardant bien de taxer cette dernière de mots outrageants. En agitant la solution miracle de la toute fin de campagne, ce fameux chiffon rouge de la remigration, avec moi on prend tous ces zombies à la World War Z, on les renvoie tous sans faire de détail à l’expéditeur par paquets de mille, on s’attendrit surtout pas, fini, ça, l’attendrissement, la compassion, l’envie de tenter quelque chose de pas trop crade, des trucs de gonzesse, la France Gargamel se meurt, la France Zemmour est sur le point de rendre l’âme, envahie de pouilleux, d'islamistes, de racailles mal blanchies, de gauchistes, d’hommes soja et de LGBTistes racialistes. Alors on sort le scalpel et on les balance tous dans un charter.
Cette France-là, celle qu’a réveillée le polémiste de la droite non pas tant extrémiste que radicale, celle qui remplit ses meetings jusqu’à plus soif et ne sent plus pisser depuis des mois, cette France-là que rejette viscéralement deux bons tiers des français, est en train de faire sécession à force de se replier sur elle-même et de s’être convaincue d’incarner le Vrai, comme hier les tenants de la pensée unique s’étaient eux aussi convaincus que leur vision angélique dégoulinant de bons sentiments était la seule et la bonne. Bon courage pour recoller les morceaux une fois réélu Jupiter !
Aveuglés par leurs croyances, voilà que les militants les plus dévoués de cette reconquête en débandade en sont réduits à se convaincre de l’existence d’un vote caché qui va surgir dans les urnes et porter leur héros jusqu’au second tour. Ben voyons, on se rassure comme on peut ! Comme le plus banal des politiciens, leur Z botte en touche quand on lui demande pour qui il se prononcerait si d’aventure il échouait. En son fort intérieur – l’homme est loin d’être sot -, il le sait qu’il va se le prendre, ce râteau, et se faire littéralement souffler la place par celle-là qu’il qualifiait de nulle. Cette Marine dont la nièce piaffe en coulisses et attend le 10 avril pour de cette reconquête ramasser les morceaux.
Cette séquence putassière au possible de la Porte de la Villette n’aura servi à rien, sinon à tenter d’occuper le terrain en faisant son intéressant et en clivant sur le dos des misères. Pas plus qu’Hidalgo Zemmour ne reviendra plus jamais traîner ses guêtres dans ce cloaque à quelques petits kilomètres des beaux quartiers où il vit en paix. Il y est allé, il a serré des louches, a essuyé quelques quolibets, évité quelques projectiles, les images sont dans la boîte, prêtes à tourner 24 heures en boucle sur les réseaux sociaux. Du cirque, aussi grotesque que les crâneries de Sarkozy sur la dalle d’Argenteuil.
Et puis ? Eh bien ma foi, comme pour les salariés de Whirlpool en 2017 : rien ! La campagne est achevée, on a replié le matériel et on est passé à autre chose. Un "Carnets de campagne" du Z à gros tirage, au hasard ...
dimanche 20 mars 2022
Macaron en campagne Netflix
On nous le dit, on nous le répète en boucle matin, midi et soir sur toutes nos chaînes, on ressasse la programmation mentale prédictive, notre doux suzerain lévite sur les cimes sondagières et survole tellement au-dessus de ses compétiteurs que cette campagne présidentielle se confond avec une promenade de santé pour l’actuel locataire de Élysée, assuré de rempiler avant même d’avoir posé un pied dans l’arène. Assuré de prolonger le bail cinq ans de plus sans avoir à verser de caution, l’asticot enjambe avec dédain son bilan et se projette à horizon 2030, et depuis des mois multiplie à nos frais déplacements et séminaires, promettant tout et son contraire, distribuant généreusement des nuages d’argent magique sur des segments de clientèle, alternant bains de foule et interminables prises de parole en petits comités, toujours accompagné d’une nuée de caméras lui collant aux basques, jamais avare de selfies et de petits moments volés avec la vulgate, ces compatriotes quelque peu niaiseux qui se mettent à frétiller du popotin sitôt qu’apparaît dans leur champ de vision celui qu’on voit à la télé et qui ne peuvent, les pauvres, qu’accueillir leur étrangleur d’un : « on est avec vous, hein » et autres : « tenez bon, Monsieur le Président ». Un peu comme si le porcelet dans l’étable à l’approche du boucher lui demandait : « pas trop dur, comme métier ? Pensez à vous reposer, quand même ! ».
Pour son second sacre, Emmanuel MacKinsey, suivant les bons conseils de ses consultants en stratégie préférés, a donc décidé de nous la faire minimaliste, une campagne par éclipses en pointillés où l’empereur surchargé consent à faire comme si, genre entre deux sommets sur la guerre en Ukraine Brigitte m’a libéré trois heures pour aller faire candidat à Poissy chez un édile ami, puis renouveler la même opération dix jours plus tard chez Bayrou, une rencontre avec de vrais français comme on les aime où on trie sur le volet un panel représentatif de bons citoyens autorisés à poser des questions pré-rédigées dans un simulacre de démocratie participative à sa petite altesse, laquelle n’est jamais aussi à l’aise ainsi pour dérouler son art du soliloque sans contradicteurs. On s’éclipse sur la pointe des pieds, direction le Palais pour quelques clichés fuitant aussitôt sur les réseaux sociaux en sweet-shirt et mal rasé façon Zelensky pris au saut du lit, commandant d’une guerre des boutons façon influenceur instagram avec un écusson de compagnie de parachutistes en guise de placement de produit. Puis une promenade nocturne sur des quais de Paris étonnamment débarrassés de ses tapins habituels pour une fortuite rencontre grossièrement scénarisée avec un jogger marathonien, parfait cliché sur pattes de la France qui s’ôte les doigts du cul, avec qui Jupiter s’en va taper la discute en mode bon copain, magnifiquement cadré par une caméra placée là par le plus grand des hasards.
Nous sommes bien malgré nous contraints et forcés d’assister impuissants à une comédie des apparences où un acteur professionnel solidement préparé par un cabinet conseil US déroule les épisodes d’une série Netflix sans suspens pendant laquelle il cochera une à une toutes les cases du plan d’action jusqu’au dénouement sans surprise du 24 avril. Censé être le premier des présidents de la Vème réélu haut la main sans avoir connu de période de cohabitation tout en ayant été du premier au dernier jour de son quinquennat le recordman absolu des détestations populaires, Manu peut dès lors tout oser, nous refourguer la retraite à 65 ans qui avait mis des millions de français dans les rues fin 2019, imposer en pleine explosion de la pauvreté aux titulaires du RSA d’aller trimer à 7 euros de l’heure pour mériter leurs 400 balles, nous refaire l’entourloupe de la taxe d’habitation avec la suppression de la redevance, rebaptiser Pôle Emploi France Passage Piétons, agiter le chiffon de premières mesures de privatisation de notre système universitaire et jouer sur nos peurs de voir l’inflation galopante réduire à néant nos bas de laine en se grimant en petit père protecteur du pouvoir d’achat, rien n’y fait : sa potion libérale infecte passe crème comme de la vaseline sur fond de chiffres truqués de reprise économique, et on reprend les yeux fermés pour cinq ans celui qui aura réussi le prodige de mettre son propre peuple dans la rue pendant plus de la moitié de son mandat et qui jamais n’aura reculé d’un iota sur le plan fourni par la maison mère. A croire que les classes moyennes n’en ont pas encore assez bavé sous Macaron 1er : alors on remet le couvert, et on se prépare à cinq années de galère où cette fois Jupiter, débarrassé du goût de plaire, s’en donnera à cœur joie pour finir de détruire ce qui tient encore à peu près debout sur le dos des gaulois réfractaires.
vendredi 18 mars 2022
Valoche ou le calvaire d'une pauvre petite fille riche
Pauvre Valoche, dont la campagne s’est transformée en long chemin de Damas avec feux de détresse enclenchés, et qui, à l’exception d’une éphémère embellie au lendemain de sa désignation aux primaires de ce parti prêt à être dépecé une fois réélu Jupiter, n’en finit pas d’encaisser semaine après semaine humiliations, trahisons, moqueries et déconvenues. Et qui commence enfin à comprendre qu'attendre un soutien de la part de Sarkozy est aussi vain qu'espérer freiner son inexorable chute. Elle boira donc le calice jusqu'à la lie, et restera dans les annales comme une compétitrice sérieuse au titre de précieuse ridicule de l'année, juste derrière Annie Dingote, hors concours toutes catégories.
Dernier épisode en date : le baiser de Judas du poulbot de l’Élysée, lâchant à la cantonade qu’il ne verrait pas d’un mauvais œil la reddition de la dame contre un plat de lentilles, entendez par là un maroquin ministériel sous son auguste présidence. Autant dire un retour à la case départ pour la gourgandine qui se croyait aussi grosse que le bœuf, et que personne n'imagine sérieusement crédible à la tête d'autre chose qu'un exécutif de seconde zone. Malicieusement sadique, le petit monarque accrédite ainsi tout haut l’idée fort répandue que Pécresse n’est rien d’autre qu’un ersatz, sa pâle photocopie en jupons déguisé en clone de Wauquiez le temps d’un scrutin, Madame 20h02 comme la qualifie Zemmour, bref une force d’appoint et rien de plus. Et surtout, un second couteau, autrement dit une N moins 2, rien d’autre qu’une simple exécutante du logiciel libéral libertaire, une dame du "fais comme je t'ai dit de faire" sous le joug d’un chef, hier Chirac puis Sarkozy, et demain Macron. Macron dont elle psalmodiera alors avec des trémolos dans la voix la chanson de geste, comme autrefois Edouard Philippe, Bruno Lemaire ou Darmanin l’ont fait sans complexes, avec cette morgue et cette assurance propres aux derviches tourneurs des ambitions caressées dans le bon sens du poil.
On te connaît Valoche, on t’a cernée Pécresse, depuis le temps que tu traînes tes escarpins versaillais dans les allées du pouvoir, tantôt débiteuse professionnelle des éléments de langage du pouvoir en place, tantôt complaisante opposante en trompe-l’œil, une centriste de droite parmi tant d’autres, accessoirement multi-millionnaire grâce à une jolie entourloupe de Macron, toujours prête à serrer le kiki des plus démunis pour leur plus grand bien, à tailler dans les dépenses et dans les effectifs de fonctionnaires, à nous endormir avec cette notion ô combien pratique pour les nantis de « mérite », et à fermer les yeux comme le font tous tes congénères sur les biens si mal répartis du haut de la pyramide.
Chez Valoche la ventriloque, tout, depuis le début, part en sucette, tout sonne faux, à contre temps, jamais dans le ton, on chausse des convictions comme on enfile un tailleur, on dit l'inverse d'hier et le contraire du lendemain sur le même ton, on apprend par cœur ses fiches cuisines et ses dossiers techno, et comme le font parfois certains laborieux on finit par perdre le sens de ce qu'on recrache comme un singe savant. A un tel point que la regarder se vautrer dans la moindre de ses prises de parole avec pareille constance en devient plus que gênant, presque sadique. La voix poussive, le regard vitreux, la bouche qui n’en finit pas de se tordre à force de gêne d'être placée au milieu de l’estrade, la gestuelle robotique, les sourires forcés, le visage qui se ferme comme une huître : impression désagréable d’assister malgré nous au naufrage d’une apprentie comédienne balancée sur scène et contrainte de réciter du Phèdre face à un impitoyable jury, plutôt que de faire ce pourquoi elle est faite, de la figuration pour une pub Soupline. La voir froncer du sourcil comme un automate avant que de se lancer dans une diatribe poussive, c’est un peu comme la maîtresse de notre enfance, celle qu’on aimait tant chahuter, la vieille fille sans autorité et sans charisme, celle qui devait s’y reprendre à dix fois pour imposer un silence qu’on rompait aussitôt qu’elle s’époumonait à nous ordonner d’ouvrir nos cahiers, celle qui attirait les ricanements et qui rentrait chez elle le corps lourd d’avoir une fois encore échoué à occuper une place pour laquelle pour rien au monde elle n’était préparée. On s'amuse de loin à voir dévisser Pécresse, mais au fond de nous on s'en voudrait presque d'y avoir cédé. Tellement le spectacle fait pitié.
Valérie Douglas, on l’aura compris, c’est la dernière pelletée de terre sur le cadavre des LR, celle à qui on attribue déjà le chapeau du décès d’un vieux machin en fin de vie depuis 2017 et qui ne servait plus guère qu’à entretenir des carrières en attendant les redditions à Jupiter. A 10 ou 11 %, elle achèvera la bête à ses dépends, apparaîtra sur nos écrans le soir du premier tour la mine grave, nous chantonnera l’air bien connu du front républicain contre la peste brune, se prendra quelques sauts de merde de la part de ses corréligionnaires, et attendra bien sagement le coup de fil d’Édouard Philippe, prête à jouer des coudes s'il le faut pour obtenir, comme on dit, un « grand ministère régalien » à la hauteur de sa pseudo stature.
mardi 15 mars 2022
Les jeux sont faits, rien ne va plus !
On ne pourra pas dire, il se sera fait attendre, notre petit monarque ... Attendre, que dis-je, désiré, réclamé, et même houspillé par ces faire-valoir que sont ses concurrents de pacotille pour cette Académie des Douze dont on devine tellement bien le nom du vainqueur depuis un an que prêter plus qu'un coup d’œil narquois aux titres des gazettes relève de l'extrême naïveté.