vendredi 9 juillet 2021

Zemmour, idiot utile ?


L’éventuelle candidature d’Éric Zemmour à la présidentielle suscite un grand intérêt à l’Élysée qui ne semble pas trop s’en inquiéter, relate Le Point qui qualifie le journaliste de « nouvel ami de la macronie ».

Selon ses informations, la présence médiatique de Zemmour conforte aux yeux des macronistes « l’idée d’un nouveau clivage, non plus droite-gauche, mais progressistes et européens contre nationalistes et conservateurs ».

L’administration française actuelle considère le polémiste comme un candidat capable d’affaiblir à la fois Marine Le Pen et le candidat LR, indique le magazine. « Bruno Roger-Petit, le "conseiller mémoire" d’Emmanuel Macron, est spécialement chargé de suivre l’évolution de cette candidature ».

Une candidature Zemmour servirait-elle à la réélection de Macron en affaiblissant ses principaux adversaires à droite ? Sans être vite répondue, la question mérite en effet d'être posée. Les critiques les plus incisives sur la stratégie perdante de Marine Le Pen comme sur ce qu'est devenue la boutique LR, c'est probablement Zemmour qui les a formulées, et ceux qui s'agacent le plus de la percée du polémiste ce sont tous ces leaders de la droite qu'il a réussi à ringardiser sur le plan idéologique aux yeux d'une partie significative de leurs électeurs potentiels.

A l'instant t, pour le petit monarque, le calcul parait plutôt malin que de tâcher de diviser le camp qu'il entend préempter en partie pour faire croire qu'il tire encore toutes les ficelles. Cette fuite malicieuse dans Le Point permet en outre de diffuser auprès de l'opinion l'idée selon laquelle la confiance en soi du poulbot est solide, qu'il garde encore la main, qu'il pourrait même en coulisses contribuer à faire en sorte que ce qu'il considère à ce jour comme un pion utile puisse participer au jeu d'échec et que l'auteur du Suicide français serait sans le savoir sa marionnette. Tout cela bien entendu est tiré par les cheveux et n'aura aucune incidence sûre et certaine sur le scrutin de 2022 (avec Zemmour, comme avec un chien dans un jeu de quilles, on peut s'attendre à tout, y compris à renverser la table), mais psychologiquement et politiquement c'est assez bien joué. Et cela confirme ce qu'on a pu observer en 2017 : la seule force réelle de Macron, c'est de savoir surfer habilement sur les erreurs et sur la division de ses nombreux adversaires, et de déplacer le curseur où il l'entend selon ses intérêts boutiquiers du moment.








mercredi 7 juillet 2021

Au rayon des invendus, je demande Xavier Bertrand !

 

Il s'y voit déjà, le Séraphin Lampion de la droite républicaine. A peine réélu dans son bunker provincial par un peu plus de 16% des inscrits, voilà que cet adipeux carriériste déserte ce bureau apparemment trop petit pour lui pour se parer des atours du grand rassembleur providentiel partant à la rencontre des vrais gens aux quatre coins de l'hexagone - lui qui n'est même pas capable de s'imposer au sein de sa propre famille politique, au sein de laquelle il s'est attiré un nombre impressionnant d'inimitiés en tous genres à force de la jouer solo et de trahir tout le monde. Famille qui, ô surprise, s'est précipitée pour lui savonner sa rampe de lancement et tâcher de le faire rentrer à la niche. On peut compter sur eux pour lui pourrir la vie, à ce petit jeu des peaux de bananes et des petites haines recuites entre bons amis, nos têtes d'ampoule LR sont insurpassables.

Après le JT de TF1 hier au soir, on s'en ressert une couche chez Bourdin dès l'aube, sur fonds de sondages censés nous faire croire en une imaginaire Bertrand-mania surgissant des limbes. Vivement le publi-reportage dans Paris Match avec sa douce et tendre et ses quatre rejetons autour du barbecue dans le jardin, l'interview-vérité sur prompteur chez Ruquier et les séquences FR3 Régions suivant le pépère en polo Raph Lauren fushia serrant les louches au kilomètre dans les kermesses de la France profonde. Qu'on le veuille ou non, on va en bouffer tout l'été, de ce vieux poulet périmé à peine sorti de l'emballage qu'on veut nous refourguer avec un label Cordon Rouge millésime 2021. Faire du neuf avec du vieux : quand on n'a que ça en stock, que faire d'autre sinon recycler ? Il parait que c'est bon pour la planète ...

On serait bien en peine, à l'écouter dérouler ses formules lénifiantes à base de "clarté", "d'esprit de responsabilité", de "sincérité" et de "devoir de transparence" débitées sur un ton mielleux avec une langue de bois typique d'un politicard de métier, de trouver sept différences entre ce qu'il propose et ce que fait le gouvernement de Jean Castex, Castex dont il est un proche, comme il est proche de Darmanin. Sur sa liste des régionales, pas moins de 20 marcheurs, excusez du peu, pour le changement de logiciel on attendra. Son projet, celui auquel il est censé phosphorer depuis quatre ans minimum, se résume à "ma pomme pour cinq ans non renouvelables afin de tout redresser". Le catalogue de propositions suivra avec l'équipe - croyez-le sur parole.

Pensez printemps : le retour ! Aussi creux dans le texte, niaiserie exceptée.

Plastic Bertrand, c'est comme une synthèse poussive entre la mégalomanie de Sarkozy, l'absence de colonne vertébrale de Hollande et la morgue de Macron : une espèce de chamallow uniquement mû par une ambition personnelle inversement proportionnelle à son charisme, et qui ferait merveille comme animateur vedette de la Chance aux chansons. Un apparatchick aux airs de faux gentil, présent dans le castelet des loosers depuis 25 ans au moins, dont on ne connait que trop toutes les ficelles et toutes les postures, qui n'a jamais réussi à être autre chose qu'un second couteau aux dents affutées. Et qui s'imagine sans rire, avec sa tête de proviseur rondouillard qu'aiment tant chahuter les élèves dissipés, incarner la figure d'autorité d'un général des armées. Le genre d'invendu qu'on remet dans le rayon sur son cintre juste après l'avoir jeté dans le caddie parce qu'une remise de 30% nous aura un bref instant aveuglé.



dimanche 4 juillet 2021

Le fascisme vaccinal pas vraiment discret d'une certaine bourgeoisie

 

Vous souvenez-vous de cette apostrophe en guise de paire de claques dispensée par le Général De Gaulle, et reprise dans le C’était de Gaulle d’Alain Peyrefitte ?

« Vos journalistes ont en commun avec la bourgeoisie française d’avoir perdu tout sentiment de fierté nationale. Pour pouvoir continuer à dîner en ville, la bourgeoisie accepterait n’importe quel abaissement de la nation. Déjà en 40 elle était derrière Pétain car il lui permettait de continuer à dîner en ville malgré le désastre national ».

Sans tomber dans les comparaisons excessives entre la période de la seconde guerre mondiale et les temps présents, je n’ai pu faire autrement que songer aux propos du défunt général lorsque je découvris les propos ahurissants de quelques uns de ces grands bourgeois parisiens présents sur nos antennes, appelant à la coercition et à la ségrégation envers ces irresponsables gaulois réfractaires à la vaccination.

La liste est longue – vous la connaissez.

C’étaient bien ceux-là qui hier réclamaient que tombe la foudre sur ces jeunes écervelés surpris à danser lors de fêtes illégales, et que l’on surprenait le soir attablés impunément dans des restaurants clandestins trois étoiles en compagnie de quelques hauts magistrats. Ceux-là aussi qui niaient face caméra l’efficacité d’un traitement que leurs épouses, leurs aïeux et parfois eux-mêmes avaient pris sous le manteau , Ceux-là toujours qui militaient micro en main pour le port obligatoire du masque dans les écoles huit heures par jour pour des mouflets de six ans y compris dans les cours de récréation, mais se le refusaient pour eux-mêmes à l’antenne sous le prétexte ô combien pratique que les plateaux de télévision où il pérorent étaient suffisamment ventilés, et que l’on surprenait l’enfiler à la va-vite en extérieur juste avant que la caméra ne s’enclenche. Ceux-là encore qu’on surprit danser à quelques uns bien après l’heure du couvre-feu dans un bâtiment du ministère de l’éducation nationale, ou encore ceux-ci invités au-delà des jauges imposées au commun des mortels à un dîner soit-disant de travail à l’Elysée en plein couvre-feu.

C’étaient bel et bien ceux-là enfin pour qui confinements, couvre-feux, enfermement dans un minuscule studio, télétravail avec les trois gosses hurlant dans la pièce, fermetures obligatoires de commerce, restrictions de circuler et chute des revenus ne posèrent guère de problèmes existentiels et pour cause, quelques menues adaptations dans une vie paisible, où la complainte se borne à ne plus pouvoir aller à la Comédie Française ou au bar de l’Hôtel Meurice comme d’habitude, à devoir programmer ses déplacements dans la résidence secondaire plutôt que de pouvoir y filer sur un coup de tête, et à raser les murs pour pouvoir pénétrer incognito dans les pince-fesses du Palais Vivienne.

Ceux-là, ces grands bourgeois, ces beaux parleurs, ces dorlotés des beaux quartiers, ces éternels donneurs de leçons, ces flagorneurs proches des puissants, ces plumitifs surpayés de la presse subventionnée aveugles à la condition sociale de leurs propres stagiaires, transformés depuis plus d’un an en Monsieur Jourdain de la santé sont parvenus vaille que vaille à passer entre les gouttes, évitant les amendes et multipliant les passe-droits.

Et les voilà, retrouvant tous leurs passe-temps d’enfants gâtés après une longue année où contrairement à des millions d’autres ils n’auront sacrifié que du superflu, qui se mettent un à un à partir en vrille, exigeant avec un air courroucé que l’on actionne le bouton séparatiste envers ces irresponsables refusant la Sainte Piquouse , qu’on leur pourrisse la vie, qu’on les enferme à demeure, qu’on les frappe au portefeuille, qu’on leur interdise toute vie sociale, qu’on les vire des hôpitaux et des EHPAD, qu’on leur sucre leur carte vitale, qu’on les bannisse de l’espace public et qu’on en fasse des parias, comme au bon temps des western, goudrons et plumes à l’entrée du village.

Mettons-nous dans la peau d’un tout jeune étudiant issu d’une famille modeste, enfermé de force dans les 12 mètres carrés d’un studio dans une grande ville sans luminosité aucune, ayant abandonné faute de pouvoir vivre pleinement sa jeunesse ses études, ne sachant plus à vingt-deux ans tout juste ni où il en est ni quoi faire de sa vie, ayant vu ses maigres revenus fondre au soleil à la fermeture du bar qui l’employait, dont le couple a explosé après trois mois de confinement à vivre l’un sur l’autre avec en arrière-fond les nouvelles anxiogènes incessantes de sa télévision, ayant dû pointer à la soupe populaire des semaines entières, connaissant comme beaucoup des problèmes psychologiques et des bouffées d’angoisse. Ce tout jeune homme qui aura sacrifié sans moufter, plus qu’une année de vie, son équilibre et son bien-être pour préserver la vie de gens bien plus âgés que lui souffrant de comorbidités, et qui ne risquait pas davantage que contracter quelques jours un virus à ses yeux mille fois moins dommageable que les conséquences des mesures qui lui furent imposées serait, dans une logique analogue, parfaitement dans son bon droit d’exiger qu’un Emmanuel Lechypre, l’exemple parfait de ceux pour qui tous ses efforts furent faits, soit conduit de force en clinique et contraint à perdre les trente kilos de gras mettant sa propre vie en danger. Obligation de soin, pépère, les gars comme toi qui s’empiffrent sont des irresponsables qui nous contraignent, nous, à ne plus vivre à notre guise. Tu veux me contraindre à me faire injecter un produit avec zéro bénéfice dont les effets sur le long terme ne sont même pas connus après avoir accepté de mettre ma génération sous clef pour te garder en vie ? Commence donc par te soigner, toi, ton cholestérol, ta surcharge pondérale, ta goinfrerie pathogène et ton insuffisance respiratoire dès la seconde marche d'escalier !

Mais ça, notre bon gros cochon de bourgeois comme le chantait Jacques Brel ne voudra ni ne pourra pas l’entendre. Lui qui parle de santé ne pense qu’à une chose, une seule, exactement comme cette bourgeoisie en 40, retrouver son confort, sa petite vie, ses privilèges, et ne plus avoir peur de son prochain comme de son ombre . Et pour ça il est prêt à tout, à s’asseoir sur le libre-arbitre d’autrui, à redéfinir la liberté à sa guise, à piétiner le principe d’égalité, à couper les droits à la serpe, à violer la propriété privée et à oser clamer avec un toupet sidérant qu’il fait ça pour un bien commun dont au quotidien il se torche sans complexes, Et fort de son bon droit, argumentera que son fascisme vaccinal et sa diarrhée verbale totalitaire ce n’est rien d’autre que de la pédagogie.



jeudi 1 juillet 2021

Manu se refait une virginité sur le dos des femmes

 

Ignorant crânement la magistrale biffle balancée par deux fois en pleine tronche à ses candidats marcheurs sacrifiés sur le charnier des régionales, notre bien-aimé Pol Pot des beaux quartiers s'en est allé chevaucher son destrier des grandes causes humanistes universelles qui ne mangent pas de pain. Trois jours de pince-fesses chic et choc à plancher sous l'égide de l'ONU sur l'égalité hommes femmes et à enfiler les grands discours dégoulinant de bons sentiments : quoi de mieux pour retomber tel un culbuto aimablement sur son arrière-train avant que de reprendre comme si de rien était son tour de France estival des patelins nettoyés de ses gaulois réfractaires ?

On ne peut qu'admirer la faculté de notre roitelet à ignorer les coups aussi habilement que le réel, et tel un Zelig en chemise blanche amidonnée à habiter les décors d'une actualité en trompe l'œil construite par une armée d'hommes soja tout droits sortis d'Euro-RSCG. Après Mc Fly, Carlito, Justin Bieber et les DJ de la cour de l'Élysée, voilà notre banquier d'affaires à la remorque des femmes battues et ostracisées, la grande cause avec un C majuscule de son quinquennat, ex-aequo avec le sauvetage de la planète, nous rappelle sans rire le recruteur en chef de Sibeth et de Marlène.

Allant distribuer les versets de sa jupiterrienne parole sur ce sujet o combien crucial dans ELLE, la gazette des ménagères CSP+ de 40 ans et plus, le voilà qui se complaît à nous faire part de ses avis définitifs du jour sur à peu près tous les sujets touchant le sexe faible, depuis les bracelets anti-rapprochements imposés aux maris violents jusqu'à l'exposition des nombrils de nos adolescentes dans les cours scolaires. Découvrant sur le tard, zemmourisation des esprits oblige, la montée des chouineries racialistes et intersectionnelles en toile de fond des discours sur les inégalités sociales, notre lénifiant monarque extrait soudain de son logiciel un certain Kevin, homme blanc habitant Amiens qui soudain traversant la rue ne trouve plus qu'une porte fermée - pas mieux qu'un vulgaire Traoré. Les temps changent !

Bref, comme à son habitude, notre serial menteur de la Maison Rothschild commente de haut et de loin un réel qu'à sa guise il tord tantôt à gauche tantôt à droite selon ses intérêts boutiquiers du moment. Philosophant depuis les sommets de son Aventin en égrenant les fiches cuisines rédigées par son staff, il se mue en une sorte de couteau-suisse des chroniqueurs de Touche pas à mon poste, deux pincées de progressisme universaliste matinées d'un nuage de lait conservateur, on touille, on mélange, on ratisse à tout-va, on dit tout puis son contraire en une molle synthèse, on drague la beurette branchée en même temps que la rombière versaillaise à serre-tête et on s'en retourne au Palais avec le sentiment du devoir bien fait.

Après sa séquence galipettes, vannes à deux balles, rires enregistrés et tapes dans le dos à destination des boutonneux pré-pubères, Manu la Dragouille endosse le costume du gendre idéal compassionnel, plus féministe qu'Alice Coffin et Caroline de Haas réunies. A un an du scrutin, notre Président des Riches se réinvente papa-noyelle la hotte pleine de nobles promesses envers la gent féminine : féminicides, discriminations à l'embauche, avortement, endométrioses, tout y passe en une novlangue aussi rodée qu'aseptisée. Avec une sincérité aussi bouleversante qu'un discours de fin de dîner de gala de charité animé par Henri de Castries et Emmanuel Lechypre.

Les gueuses en gilets jaunes, les fêtardes de la rave de Redon, les manifestantes des défilés contre la réforme des retraites, les étudiantes faisant la queue à la soupe populaire et autres infirmières en manque de reconnaissance salariale, tour à tour ignorées, frappées, molestées, gazées, éborgnées, précarisées et méprisées depuis quatre années sur ordre du chef suprême apprécieront à n'en pas douter à leur juste mesure les éléments de langage distillés sur papier glacé.