Réélu largement à la tête des Hauts-de-France à l'issue du second tour des élections régionales, Xavier Bertrand a joué collectif en vue de la présidentielle 2022 à laquelle il est candidat, appelant ce 28 juin les deux autres potentiels représentants de la droite Valérie Pécresse et Laurent Wauquiez, également reconduits sans encombre à la tête de leurs régions respectives, à former «une belle équipe» pour «faire des choses bien pour la France».
Ca y est, il s'y voit déjà, en haut de l'affiche, ce maçon pas franc pour un sou de Xavier Bertrand, triomphalement réélu dans sa région avec un score fulgurant de 16.76% des inscrits. Et de nous conter, et avec lui toute la fine fleur de la presse, le retour de la droite triomphante terrassant la bête immonde fasciste ici, l'hydre islamo-gauchisme là-bas. Deux épouvantails à moineaux pour le prix d'un, c'est nouveau, ca vient de sortir et c'est super pratique pour ne pas avoir à trop se creuser les méninges et répéter comme un perroquet " moi ou le déluge ".
Xavier, Valérie et Laurent : tu parles d'une fine équipe ! Ces trois anciens petits pois des années Sarkozy, ces trois traitres au référendum de 2005 qui depuis des années s'écharpent tels des corbeaux sur le cadavre de leur parti et se haissent ouvertement en nous jouant 50 nuances de la droite ultra-libérale, piaffaient dans les starting-blocks des seconds couteaux aux dents longues depuis des lustres, tous trois persuadés d'avoir la carrure d'être calife à la place du calife. Ce qui s'appelle entendre des voix dans sa tête et flirter sur le long terme avec une forme de pathétique mythomanie.
Mais qu'importe, ils sont contents, ils exultent, ils y croient, ils ont atteint leur objectif. Ils ont vaincu sans péril et triomphé sans gloire lors d'un scrutin dont presque tout le monde se contrefiche. Et vont pouvoir dorénavant s'adonner à leur petit jeu préféré : reprendre leur triste comédie des ambitions pour le bien commun d'une minorité en se faisant passer pour des perdreaux de l'année soutenus par une majorité silencieuse. Et désertant à peine réélus leurs hémicycles régionaux, sortir dagues et langue de bois pour truster les micros sur nos antennes et y débiter leurs salades tout droit sorties de leurs think-tanks respectifs en se drapant dans une légitimité imaginaire : moins de 20% des inscrits d'un treizième du pays, et un électorat à 90% âgé de plus de 35 ans, eux appellent cela un vrai tremplin populaire !
Dégager Macaron pour lui substituer un de ces trois erzatz frelatés d'exactement la même politique à quelques menus détails près : il n'y a qu'eux pour y croire mordicus en se rasant le matin. Mais qu'importe la récurrence du constat de la désertion des électeurs sur deux scrutins consécutifs et le rejet plus que visible de toute la classe politique : avec un taux d'abstention de 99%, leurs discours pas plus que leurs petites ambitions recuites ne varieraient d'une virgule.