lundi 28 juin 2021

La belle équipe !

 

Réélu largement à la tête des Hauts-de-France à l'issue du second tour des élections régionales, Xavier Bertrand a joué collectif en vue de la présidentielle 2022 à laquelle il est candidat, appelant ce 28 juin les deux autres potentiels représentants de la droite Valérie Pécresse et Laurent Wauquiez, également reconduits sans encombre à la tête de leurs régions respectives, à former «une belle équipe» pour «faire des choses bien pour la France».

Ca y est, il s'y voit déjà, en haut de l'affiche, ce maçon pas franc pour un sou de Xavier Bertrand, triomphalement réélu dans sa région avec un score fulgurant de 16.76% des inscrits. Et de nous conter, et avec lui toute la fine fleur de la presse, le retour de la droite triomphante terrassant la bête immonde fasciste ici, l'hydre islamo-gauchisme là-bas. Deux épouvantails à moineaux pour le prix d'un, c'est nouveau, ca vient de sortir et c'est super pratique pour ne pas avoir à trop se creuser les méninges et répéter comme un perroquet " moi ou le déluge ".

Xavier, Valérie et Laurent : tu parles d'une fine équipe ! Ces trois anciens petits pois des années Sarkozy, ces trois traitres au référendum de 2005 qui depuis des années s'écharpent tels des corbeaux sur le cadavre de leur parti et se haissent ouvertement en nous jouant 50 nuances de la droite ultra-libérale, piaffaient dans les starting-blocks des seconds couteaux aux dents longues depuis des lustres, tous trois persuadés d'avoir la carrure d'être calife à la place du calife. Ce qui s'appelle entendre des voix dans sa tête et flirter sur le long terme avec une forme de pathétique mythomanie.

Mais qu'importe, ils sont contents, ils exultent, ils y croient, ils ont atteint leur objectif. Ils ont vaincu sans péril et triomphé sans gloire lors d'un scrutin dont presque tout le monde se contrefiche. Et vont pouvoir dorénavant s'adonner à leur petit jeu préféré : reprendre leur triste comédie des ambitions pour le bien commun d'une minorité en se faisant passer pour des perdreaux de l'année soutenus par une majorité silencieuse. Et désertant à peine réélus leurs hémicycles régionaux, sortir dagues et langue de bois pour truster les micros sur nos antennes et y débiter leurs salades tout droit sorties de leurs think-tanks respectifs en se drapant dans une légitimité imaginaire : moins de 20% des inscrits d'un treizième du pays, et un électorat à 90% âgé de plus de 35 ans, eux appellent cela un vrai tremplin populaire !

Dégager Macaron pour lui substituer un de ces trois erzatz frelatés d'exactement la même politique à quelques menus détails près : il n'y a qu'eux pour y croire mordicus en se rasant le matin. Mais qu'importe la récurrence du constat de la désertion des électeurs sur deux scrutins consécutifs et le rejet plus que visible de toute la classe politique : avec un taux d'abstention de 99%, leurs discours pas plus que leurs petites ambitions recuites ne varieraient d'une virgule.



mardi 22 juin 2021

Un caillou dans l'escarpin de Marine


Depuis dimanche au soir, suivant l'exemple de celle qui se définit comme l'opposante en chef du petit monarque de l’Élysée, la plupart des hiérarques du label "RN viande bovine made in France", les Alliot, Bardella, Odoul et consorts, s'en sont allés d'une seule voix chouiner sur nos antennes, haranguant et invectivant leurs propres déserteurs, coupables à leurs yeux d'avoir manqué à l'appel à l'heure du combat fatidique.

Au front, les patriotes !, s'époumonèrent les mignons de la boutiquière anti-système-canal-historique, estomaqués tels des rentiers découvrant la brutale diminution de 25% du dividende promis lors de l'assemblée des actionnaires. Faisant mine d'ignorer qu'à force de se contorsionner dans tous les sens pour pouvoir enfiler un costume de respectabilité, ils avaient sans doute fini par se confondre aux yeux de leur propre base avec tous ces politiciens de métier tant décriés qui depuis des décennies se refilent non sans complicité le guidon sans jamais vouloir quitter l'autoroute créatrice des inégalités.

Nos chers médias, ceux-là même qui les détestent tant et tant qu'ils ne peuvent s'empêcher de leur offrir le crachoir chaque semaine aux premières loges du banquet républicain, nous contaient depuis des semaines l'irrésistible érection sondagière du parti de la Blonde. Au point que lorsque dimanche l'horloge sonna vingt heures et que commencèrent à s'afficher les scores, l'on sentit à Hénin Beaumont une froide colère pointer sous le maquillage de la guerrière en CDI depuis 2011 : les gueux du front, pour beaucoup, 73% d'entre eux, excusez du peu, s'étaient faits l'arlésienne. Aussi doués pour l'absentéisme que leurs chers députés à l'assemblée lors du vote du pass-sanitaire, ces électeurs frontistes ! Bande d'ingrats irresponsables, fulminait la peste blonde, imaginant les titres narquois des gazettes du lendemain et les coups de poignards dans son dos renaître. La pauvre n'eut même pas cinq minutes pour se gausser publiquement de la soufflante prise en pleine face par son ennemi juré Dupont-Moretti à demeure.

Las, ceux qui s'y voyaient déjà se prirent face caméra une douche froide, révisant à la baisse leurs prétentions et voyant pour beaucoup fondre la promesse de places au soleil dans la contestation cheap qui rapporte gros sans trop se creuser les méninges. Leur dû - cette rente devant automatiquement décliner de leur appartenance au cercle restreint des flagorneurs de l'héritière - rétrécissait au lavage des urnes telle une vulgaire peau de chagrin. Tout ça par la seule faute de sympathisants qui à peine dé-confinés n'étaient même pas capables de traverser la rue et se mobiliser en masse pour offrir à la dame de Montretout ses trophées …

Drôle de mentalité, que celle de ces VRP grassement payés qui se mettent à enguirlander leur clientèle d'avoir préféré partir à la pêche en famille plutôt que de s'être rués sur leur temps libre retrouvé pour acheter leur camelote les yeux fermés.

" Faudra pas vous plaindre si l'ennemi repasse ! ", chouinaient-ils en chœur. Omettant d'ajouter, en bons mauvais perdants ravalant leur langue de bois, que les élus du scrutin en question n'avaient qu'un pouvoir très restreint sur la politique du navire France, lui-même totalement vassalisé par cette Union Européenne dans laquelle Madame et son staff se sentent dorénavant parfaitement à leur aise ... Autant que dans Schengen, dans l'OTAN, dans la CEDH - bref, au sein de ces merveilleuses institutions supra-nationales destructrices par essence de cette souveraineté censée être l'ADN du supposé seul parti anti-système cocardier.

Voici donc nos populeux pris à leur tour dans les rets de la contestation populaire qui leur tenait lieu de leur fond de commerce, tel un vulgaire parti de gouvernement ignoré voire contesté par une partie de sa base, n'obéissant plus au doigt et à l'œil aux injonctions de leur dédiabolisée cheftaine ... Et la contraignant à un an du scrutin présidentiel à organiser à la va-vite quelques réunions de brainstorming dont elle se serait bien passée, elle qui s'imaginait que compter sur les faiblesses et les divisions mortifères de ses adversaires en se faisant les ongles en compagnie de ses chats suffirait pour faire de 2022 une promenade de santé avec strapontin réservé pour le deuxième tour.

Patatras, la marche triomphale tant vantée par nos instituts de sondage s'interrompt sans prévenir, un caillou inattendu dans l'escarpin de la blonde juste avant l'été … Plus de 3 millions d'électeurs en moins par rapport au scrutin équivalent de 2015 … La perspective glorieuse d'élargir un enracinement local qui reflue à vue d’œil … Des tas de candidats inconnus au bataillon qui avaient pris la place de précédents mieux enracinés mais coupables d'être trop proches de la nièce ou du père, qui voient s'envoler places et prébendes. Et qu'il va falloir remobiliser à coup de nouveaux éléments de langage ...

Et puis un électoral aussi jeune que volatile, sans doute tenté voire séduit par un discours plus radical à la Zemmour, et qu'il va bien falloir à nouveau draguer autrement que par des injonctions martiales, de grandes envolées lyriques pleines de promesses au réalisme douteux martelé à la sauce YAKA-FOKON et des sourires de façade.

La cossarde candidate du peuple se retrouve contrainte à faire ce qu'elle aura quelque peu mis de côté depuis sa mémorable performance de l'entre-deux tours il y a quatre ans : en guise de devoirs scolaires d'été, commencer enfin à travailler à fond ses dossiers autrement qu'en enfilant les séances de media-training.



lundi 21 juin 2021

Régionales : tous illégitimes !

 

Aucun parti ne parvient à atteindre 10% du corps électoral : quelle giffle ! Un tableau o combien plus parlant que tous les commentaires de nos commentateurs politiques.

Sans compter les non-inscrits : 2 électeurs sur 3 se sont donc abstenus. Dans certaines régions, les 70% sont largement dépassés.

Un taux d'abstention qui explose à plus de 80% pour les jeunes - les 18/24 ans comme les 25/34 ans. Cette jeunesse qui ne regarde plus la télévision depuis des lustres.

A lire certaines études, plus d'un français sur deux, 40 ans après la décentralisation, ignorent encore les compétences des conseils régionaux. Et ce ne sont pas les candidats eux-mêmes, tout du moins ceux d'entre eux qui avec une parfaite démagogie ont axé leur campagne sur la question sécuritaire, qui les rendront moins ignorants.

A lire d'autres études, près d'un français sur deux ignorait tout de cette élection, des candidats et des programmes.

Rien d'étonnant que de se retrouver avec un taux d'abstention pareil, également nourri par une proportion de plus en plus importante de citoyens étant parvenus à la conclusion que l'élection dans un système de représentation était un piège à cons.

Les résultats, de fait, ressemblent à un véritable champ de ruines : le parti présidentiel est en loques et ses ministres humiliés sont presque tous éliminés, le RN se retrouve très en-deça du score auquel il s'attendait et recule presque partout par rapport à 2015, la gauche, divisée comme jamais, continue sa chute libre et tente in extremis de recoller les morceaux, l'ex UMP ne repose plus que sur une addition de baronnies fonctionnant au clientélisme, les starlettes du soir, Pécresse, Bertrand et Wauquiez, ne se sont présentés que dans l'objectif de concourrir en 2022 ...

Et l'ensemble de la classe politique et médiatique (qui une nouvelle fois n'avait rien vu venir) se creuse les méninges en direct pour tacher de trouver un sens et disserter avec un air docte dans cette zizanie tout en évitant la moindre remise en question concernant sa propre légitimité.



mercredi 16 juin 2021

Le fabuleux destin de Rémy D.

 

Souvenez-vous, cela remonte à quelques mois à peine. Apparaissant sur un fond noir, le regard habité et le verbe haut et (bien) perché, un illustre inconnu vêtu tel un majordome d'une pièce de Courteline appelait sur les réseaux sociaux au renversement du gouvernement français par un coup d'état. Rien de moins ! Se disant en contact avec de très nombreux membres de l'armée et de la police française (ce qui apparait, avec le recul, comme une pure vue de l'esprit ...), et appelant face caméra ses futurs soldats à rejoindre son panache et à lui obéir sans discuter, il se posait en sauveur et en stratège suprême ex-machina contre l'Etat Profond, osait sans rire la comparaison avec De Gaulle, et promettait des milliers d'arrestations et le passage des traitres par les armes comme en 45. A le croire, tout n'était qu'une question de temps, quelques semaines ou quelques mois tout au plus. Macron et les siens, il l'affirmait alors avec fougue et avec morgue, tremblaient corps et âme, à deux doigts de passer les pieds devant à trépas.
Je n'invente rien ...
Quelques petits mois ont passé. En guise de libération imminente du pays, nous eûmes droit en guise de cocktail à une équipée de bras cassés digne des pieds nickelés qui fit la une de nos gazettes, où le grand sauveur auto-proclamé (un authentique démagogue à la pensée réactionnaire quand on lit dans le détail son "programme pour la libération du peuple de France" ...) fit en son nom et sans se salir les mains intervenir une poignée de pères de famille sans histoires pour enlever une fillette des rets de sa Mère-Grand maternelle afin de la remettre à sa mère. Non pas une enfant abusée et confiée à une épouvantable famille d'accueil pédophile, non : à sa grand-mère maternelle ! Sans rire, on se croirait dans Blanche Neige ! En quelques jours, l'épopée grandiose vira à la tragi-comédie, la fillette fut retrouvée en Suisse, et les soldats intérimaires obéissant au Grand Stratège mis derrière les barreaux.
Quelle pantalonnade !
Et voilà notre " nouveau De Gaulle " qui se fait bêtement cueillir par les autorités malaisiennes pour une bête histoire de visa périmé - un comble pour un homme qui se dit capable de commander une armée que de tomber tel un bleu pour pareille broutille, mais passons ... Puis arrêter et jeter dans une geôle malienne avec femme enceinte jusqu'aux dents et enfants en bas-âge - ce qui pour un être d'exception se targuant d'incarner les valeurs familiales traditionnelles fait tache dans le CV vu les risques auxquels il exposa les siens en tant que Pater Familias en charge d'assurer leur sécurité ...Enfin expulser séance tenante vers le pays qu'il promettait de délivrer sans en avoir reçu le mandat de quiconque ... sinon des voix qu'il entendait dans sa tête.
J'ai l'air de me moquer ? Difficile de le nier. Comme beaucoup j'ai de loin suivi l'affaire depuis ses débuts, et assisté à cette vague d'espoir et d'engouement assez surréaliste qui s'est créée autour de ce quidam grandiloquent se prenant pour l'incarnation de la France éternelle. Souffrant de ce que j'appelle un syndrôme de mégalomanie et de mythomanie pures visibles à l'oeil nu.
Tandis que beaucoup semblaient s'enflammer à son verbe et se disaient prêts à en découdre à ses côtés quitte à mettre leurs jours en danger, je ne pouvais - à tort ou à raison - qu'hausser les épaules devant ce qui m apparaissait comme une sorte de remake quelque peu grotesque des aventures de Don Quichotte luttant avec son seul verbe contre des moulins à vent.
Beaucoup croient encore au mythe de l'homme providentiel et au culte du sauveur suprême qui va sortir de l'ombre pour les délivrer de tous leurs maux. Et parmi eux quelques uns plongent la tête la première sans réfléchir aux conséquences de leurs actions dans des aventures sans lendemain et en paient les conséquences. Ca relève de la croyance et de la naiveté. Loin de moi l'idée de me gausser d'eux et de ce qui à mes yeux s'apparente à de la crédulité et à un mental de suiveur. J'espère vraiment que les déconvenues de leur héros imaginaire leur permettront de réfléchir à bon escient avant que n'apparaisse dans le castelet des reseaux sociaux un nouveau libérateur en carton juché sur une nouvelle Rossinante.
Car des Daillet il y en eut avant lui et il y en aura encore d'autres. Des doux-dingues hors-sol qui s'imaginent un destin grandiose à force de fantasmer sur la vie de Jeanne d'Arc et s'auto-persuadent de pouvoir décrocher la lune avec une simple canne-à-pêche et une bête connexion wifi. Et finissent leur lumineux parcours imaginaire dans un morne tête-à-tête avec un petit juge de province ...