samedi 31 octobre 2020

Fronde des maires, petits commerces et Ubu Roi

 

La fronde des maires s'étend, soutenue par l'AMF et par d'autres associations d'élus. En jeu, ni plus ni moins que la survie de petits commerces et la préservation de ce qui reste des centre-villes. On peut bien entendu s'attendre à ce que les préfets soumis au petit poudré annulent un à un les arrêtés municipaux, et renvoient ces édiles et leurs décisions outrecuidantes devant les tribunaux administratifs.
 
Avec l'exemple délirant de la FNAC, contrainte sous la pression de finalement fermer ses rayons livres pour endormir la grogne des libraires en leur coupant l'herbe sous le pied - une aubaine pour Amazon, dites donc ! -, on peut entrevoir la fenêtre de défense que va prendre le gouvernement, lequel ne peut que persister dans l'escalade de la bêtise pour ne pas déjuger Sa Petite Altesse Choupinet 1er. Au nom de l'Equité, Casteix va très probablement ordonner de tout niveler par le bas et exiger de ses potes des grandes surfaces d'avoir l'obligeance de poser d'immenses bâches sur leurs rayons habillement, culture et jouets, histoire de ne pas faire de jaloux. Mais rassurez-vous, bonnes gens, grâce à leurs plateformes de vente en ligne et de livraison à domicile dont les français confinés ou pas raffolent, vous pourrez toujours commander la petite robe saison hiver, le coffret Barbie télétravaille ainsi que toute la collection Harlequin - après tout rien n'empêche Josiane Tuche de mettre sa boutique d'escarpins à l'heure de la start-up Nation et de la vente 2.0 à son tour ! Ainsi nos amis Mulliez, Leclerc et consorts pourront fort heureusement s'assurer de conserver le montant habituel de leurs dividendes et réduire leurs coûts de personnel en jouant à fond sur le chômage partiel. 
 
Résultat, les pousseurs de caddies pourront bientôt déambuler masque vissé sur le museau les uns collés sur les autres dans des hypermarchés passés au karcher imaginaire de virus, dont le quart des rayons aura été condamné juste pour faire genre. Bienvenue chez Ubu Roi !
 

 

 

mercredi 28 octobre 2020

Vers un reconfinement ? Quelle coïncidence, Hortense !

 

“ Ces nouvelles restrictions, qui pourraient aller jusqu’à un reconfinement national, seront décidées mercredi matin au cours d’un Conseil de défense avant le Conseil de ministres, soit quelques heures avant la prise de parole du chef de l’État.
 
L’option qui tient la corde ce mercredi matin - selon plusieurs médias - est celui d’un reconfinement généralisé mais plus souple qu’au printemps avec, par exemple, le maintien de l’ouverture des écoles. Il pourrait entrer en application dès jeudi soir.”
 
D'ici quelques petites heures, nous allons enfin savoir si l'information circulant en off depuis plusieurs semaines selon laquelle la date du 28 octobre a été programmée de longue date pour être celle d'un second confinement est vraie ou partiellement vraie - l'option fausse pouvant d'ores et déjà être exclue ! 
 
A part ça tout va bien, dormez, braves gens !
 
Indiscrétions/information qui depuis que j'en ai pris connaissance - à la mi septembre, excusez du peu, des copies de mails reçus par de hauts cadres de grandes entreprises travaillant avec l'état ! - ont beaucoup circulé sur les réseaux et ont même été reprises sur Twitter par la journaliste Christine Kelly. 
 
A part ça tout est normal !
 
Avant même de connaître les toutes dernières décisions de Macron, on peut a minima s'étonner - s'esclaffer serait plus juste - que ce soit justement ce 28 octobre qu'il décide à nouveau de nous annoncer un nouveau serrage de vis et nous remettre une couche de confinement. 
 
Quelle coïncidence, Hortense ! 
 
Quelles que soient les mesures retenues elles iront de toute façon dans ce sens-là, le gouvernement français ayant fait savoir qu'il allait s'inspirer des mesures drastiques prises en Irlande. Laquelle Irlande vient justement de ... reconfiner !
 

 

 

mercredi 21 octobre 2020

Samuel Paty, chronique d'une mort annoncée

 

S'il fallait que je résume l'histoire de ce professeur d'histoire, que la république est en train de transformer post-mortem en héros .... 
 
A la suite de ce cours d'instruction civique où il montra à ses élèves une caricature du prophète, des parents d'élèves se sont plaints à sa hiérarchie, laquelle hiérarchie le reçut afin de le recadrer comme s'il avait commis une faute professionnelle. Une vidéo ad hominem devenue virale fut publiée au vu et au su de tous, donc de la police, du renseignement, de l'anti-terrorisme etc. Son nom et ses coordonnées furent publiquement balancés sur les réseaux, et une fatwa prononcée sur sa tête. Ce professeur dut porter plainte à la police. D'après un de ses collègues lui-même musulman, le gros de ses collègues professeurs ne fit pas corps derrière lui, loin de là. D'après Jean-Pierre Chevènement, on savait en haut lieu que des menaces de décapitation d'enseignants planaient. Et d'après Gérard Darmanin, l'alerte rouge en matière d'attentats était à son apogée.
 
Ce que j'en comprends, c'est que face à l'épreuve qu'il a traversée dans la toute fin de sa vie, ce professeur auquel on va prochainement remettre à titre posthume une légion d'honneur qui lui fera une belle jambe était complètement seul et livré à lui même, sans réel soutien, ni de ses collègues, ni de sa hiérarchie, ni de l'académie dont il dépendait, encore moins des services de la Place Beauvau. Un comble, il n'aura bénéficié d'aucune protection policière. Au contraire, il a dû se battre seul, se sachant la cible d'une fatwa. Alors que de la bouche même du ministre de l'intérieur nous étions en alerte maximale, et que trois semaines plus tôt on avait frôlé le remake de janvier 2015 aux portes de la rédaction de Charlie Hebdo, suite à une nouvelle publication des caricatures.
 
Que l'on ne me fasse pas croire à la sincérité d'un état qui se recueille hypocritement sur la dépouille du défunt. Ce professeur a été purement et simplement abandonné à son triste sort en parfaite connaissance de cause. Et ses dernières semaines ont été plus que probablement un authentique calvaire.
 

 

 

lundi 19 octobre 2020

Un attentat, un numéro vert, merci Blanquer !

 

Un attentat, un numéro vert, merci Blanquer, séchez vos larmes sur notre 08, et tremblez les terroristes, vous ne passerez pas !

Nous entrons dans la Séquence Emotion Union Nationale. Après Charlie, Paris, Nice, Curé de campagne, Flic, Je suis Enseignant, Blanc sur Fond Noir. Une séquence qui tombe à pic, juste après les mesures liberticides annoncées mercredi, on change de sujet à 360 degrés, effet ardoise magique, silence dans les rangs, préparez vos mouchoirs !

Nos politiciens vont se retrouver en rangs d’oignons, le bal des faux-culs masqués, tous partis confondus, le RN sur la touche comme d’habitude, pour écouter le petit monarque, briefé par sa douce et tendre, lire son prompteur et soliloquer dans un grand manteau noir amidonné en direct sur 10 chaînes de TV, le teint livide, la voix grave et le regard congelé. Il fera son petit numéro préféré, celui du Rassembleur du Camp du Bien, plus jamais ça, ils ne passeront pas, la république ceci cela, la laïcité attaquée qui se la joue soudée, bien loin de ses territoires perdus et sacrifiés, dans ses plus beaux quartiers, tout le tralala habituel, la récupération du drame à des fins politiques, la mise sur orbite pour quelques jours des enseignants de ces bahuts où personne ne veut aller bosser et encore moins y inscrire sa progéniture, ces enseignants que l’on couvrira soudain de louanges trompeuses, ces nouveaux héros du jour qu’on oubliera aussitôt à leur triste sort comme on l’a toujours fait.

On aura droit au retour de Manuel Valls, à ses coups de menton et à sa gueule d’enterrement bien connue, lequel Valls profitera du drame de Conflans pour faire une matinale sur France Inter et rappeler à Choupinet qu’il est toujours opérationnel et au taquet sur le marché des vanités.

Comme à leur habitude, les hauts cadres du RN feront tout pour exploiter la chose à leur avantage, les yeux rivés sur la ligne jaune à piétiner sans toutefois la dépasser. On aura - on a déjà - nos polémiques entre Zineb El Bidule-Chouette et le CCIF, on aura des cascades de tweets rageurs et grandiloquents, des éditos pompeux de Laurent Joffrin et de Christophe Barbier, des postures prévisibles et des promesses. On aura droit à une guimauve surjouée, à des micro-trottoirs de compatriotes musulmans sommés dans la seconde de se prononcer avec fermeté, à un défilé d’écharpes tricolores entourant des visages gravement maquillés par une émotion feinte, à des débats houleux mille fois vus sur nos antennes, à des gros plans indiscrets sur la famille du défunt que le petit monarque poudré viendra serrer dans ses bras glacés.

On aura l’hommage national, qui tombe décidément à pic pour le pouvoir, disposant miraculeusement de plusieurs jours pour se refaire une virginité sur le dos d’un mort tragiquement décapité, et qui compte bien surexploiter le drame à son profit. Pour ensuite, comme toujours, tourner la page, comme on change entre deux SMS sa photo de profil sur Instagram.

 


 

Conflans, plus jamais ça, blablabla ...

 

Concours Lépine des meilleures propositions pour la lutte contre les méchants barbus intégristes, top départ ! On ramasse les copies en fin de semaine !

En attendant, on encourage Darmanin à multiplier les effets d’annonce, les tweets, les coups de menton et les coups de filet dans les mosquées, histoire de montrer qu’en une semaine de tapage médiatique on est capable de faire davantage qu’en trois ans et demie d’inaction sur le sujet, on envoie les ministres à la queue leu-leu sur les plateaux de télévision dérouler les argumentaires de nouveaux dispositifs législatifs, on multiplie minutes de silence et hommages appuyés à la mémoire du défunt, on organise un grand débat chez Hanouna avec Marlène et Dupont-Moretti face à un panel de professeurs traumatisés, on met en scène Choupinet en lui faisant suivre un stage accéléré sur le volet régalien de sa fonction, on filme une cellule de crise à Matignon, on convoque les préfets en séminaire tout un week-end, on créé un nouvel Observatoire, on envoie parlementaires et sénateurs à Versailles, on révise la Constitution, on convoque un Ségur de la laïcité, on organise les états généraux du vivre-ensemble, on planifie pour janvier 2021 un Grenelle des enseignants, on fait voter à la va-vite en pleine nuit la Loi Avia, on créée un jour mémoriel, on lance une appli Balance Ton Barbu, on commande une étude à Elizabeth Badinter, on invite Natacha Polony et Eric Zemmour sur toutes les chaînes pendant une semaine, on ressort la poupée Finkie de sa boite, on fait venir Madonna à Conflans pour une petite chanson improvisée à la guitare téléchargeable gratuitement depuis son compte Instagram, on lance la production d’un téléfilm avec Jean Dujardin dans le rôle du professeur d’histoire .... 

 Et surtout, on ne parle que de ça, et le plus longtemps possible, en répétant le mantra boucle habituel PLUS JAMAIS CA !