Paul Edgecomb, un ancien
gardien-chef du pénitencier de Cold Mountain, chargé des détenus condamnés à la
peine capitale, se souvient, depuis sa maison de retraite, de l’époque où il
fit la connaissance du colosse John Coffey. Incarcéré, car jugé coupable du
meurtre de deux petites filles, John Coffey n’est pourtant pas un détenu comme
les autres. Très doux, il détient un pouvoir extraordinaire dont il ne tarde
pas à faire la démonstration à Paul et à ses collègues. L’arrivée de John
Coffey et les évènements qui vont suivre vont changer leurs existences à jamais.
Seconde réalisation de Franck
Darabont, dont le premier film, Les évadés,
également interprété par Tom Hanks, avait créé la surprise, La ligne verte est l’adaptation d’un roman-feuilleton du maitre de l’épouvante Stephen King, lequel roman est à mettre à part dans
son œuvre. Ni revenants, ni zombies, ni cascade de séquences d’horreur ici mais une incursion dans un récit très classique
d’une dimension surnaturelle voire mystique, aux frontières du
religieux, avec le personnage extraordinaire de ce géant à la peau d’ébène capable de faire des miracles. Dont l’arrivée, au début du récit, dans ce triste couloir de la
mort, va produire sur le plan narratif une succession de séquences étonnantes,
et pour certaines inoubliables.
La figure de John Coffey, innocent
accusé à tort portant sur ses épaules toute la misère du monde, et qui ressent
dans sa chair le mal autour de lui, n’est pas sans évoquer
la figure d’un autre condamné, un certain Jésus Christ. Capable de
soigner les maladies et de ressusciter les morts, John Coffey va, par sa seule présence,
apaiser l’atmosphère lourde qui règne dans le bloc E. Son aptitude à
prendre sur lui tous les péchés et les malheurs du monde va humainement et
spirituellement marquer à vie le personnage magnifiquement interprété par Tom
Hanks, et le faire grandir dans l’amour de son
prochain. Et c’est bien cet épisode de son lointain passé qu’il fera surgir de
sa mémoire comme étant l’instant le plus inoubliable et le plus bouleversant de
sa très longue vie.
Superbe plaidoyer contre le racisme
et contre la peine de mort, contre laquelle le film s’érige discrètement en humanisant
les figures des condamnés suppliciés, La
ligne verte est aussi un huis-clos
intimiste sur un univers carcéral magistralement recréé autour de valeurs
humanistes puissantes. Assumant le manichéisme de ses personnages, le film fut à
sa sortie taxé de démagogique par certains critiques toujours prompts à railler
les gouts du public pour le sentimentalisme tire-larmes d’un certain cinéma américain
n’aimant rien tant que faire triompher le bien du mal. Qu’importent ces
haussements d’épaules ! Avec vingt ans de recul, on peut de soi-même faire
à nouveau l’expérience de la réelle efficacité de ces trois heures gorgées d’émotion
qui filent à toute allure, portées par un casting haut de gamme et une histoire profondément originale qui n’a avec le temps rien perdu de sa force et de sa beauté.
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