vendredi 31 janvier 2020

Fidèle Light !



Elle se repose à un mètre de moi, sur le lit, tandis que j’écris ces lignes, et mobserve à la dérobée. Je sens sa présence, discrète mais constante, à mes cotés, du matin au soir. Quand je sors dans le jardin elle me suit, parfois elle me précède en filant entre mes jambes, s’immobilise quand je m’immobilise, se roule sur le dos, court se cacher dans les arbustes et les plantes, parfois file à cent à l’heure en quête d’un papillon qu’elle aura aperçu voler à faible hauteur.

Light a cette chance de pouvoir vivre une vie de chat domestique tout en pouvant pleinement profiter de la nature, et donc conserver son instinct de chasseur, grimper aux arbres, et se promener de jour et de nuit dans l’immense jardin à volonté. Depuis ce jour béni d’entre tous où cette magnifique boule de poil grise est apparue dans ma vie, je me suis arrangé pour qu’elle puisse toujours avoir un accès à l’extérieur. Elle ignore ce que beaucoup de chats domestiques connaissent, le fait d’être confinée et enfermée dans un espace clos. Rapidement, je l’ai surprise faire ses besoins naturellement, c’est-à-dire au dehors, comme le font tous les chats errants et libres. D’elle-même elle a su trouver les bons endroits discrets vers où elle se glisse sans que j’en sache rien.

Elle demeure d’une fidélité inébranlable, n’accepte de contact physique qu’avec moi, se tient à distance de tous les autres humains, non qu’elle les craint, mais c’est ainsi, c’est la princesse exclusive d’un et d’un seul, elle ne se prête ni ne se laisse porter par quiconque, sinon moi, et encore parfois de mauvaise grâce, préférant m’accompagner librement, courant entre mes jambes, parfois sur de longues distances, deux ou trois cent mètres, à son rythme.

Dormeuse le jour, elle goute au plaisir de sortir fouiner dès que le soir tombe. C’est bien connu, la nuit tous les chats sont gris ! Elle a pris cette habitude de sauter sur le rebord de la fenêtre de notre chambre et quémander de rentrer, de sa patte elle tape au carreau comme le ferait un enfant, jusqu’à ce que depuis la pièce attenante où je visionne un film je reconnaisse ce bruit si particulier. Elle cultive une forme d’agacement envers les portes fermées, qu’elle griffait pendant des mois, et il m’a fallu bien des efforts pour lui faire comprendre qu’il lui fallait faire attention et ne pas abimer ainsi le bois. De guerre lasse elle a fini par s’y faire, de mauvaise grâce.

Extrêmement communicative, Light miaule parfois beaucoup, quémandant une caresse le plus souvent, ou bien du thon, comme chaque jour sitôt ma sieste achevée. Comprenant que mon réveil coïncidait avec le mets désiré, la voilà qui depuis peu s’essaie à m’extraire de mon sommeil avant son terme en venant patouner contre moi toutes griffes dehors.

Chasseuse redoutable de papillons, de souriceaux, d’insectes et hélas parfois d’oiseaux, elle tache à chaque fois de ramener ses proies dans notre chambre, ce que je lui refuse. Je laisse alors la fenêtre fermée, et l’observe avec sa victime dans la gueule attendre en vain que je cède. J’avoue avoir été plus qu’agacé de la surprendre deux ou trois fois s’acharner sur des oiseaux, mais me suis résigné à la laisser exprimer sa nature en paix. Ce qu’on nomme cruauté des chats, n’est-ce point là notre propre sensibilité qui interfère ? Alors je détourne le regard et la laisse faire.

Il y a en elle, et en nos amis chats, un pur bonheur à observer et à vivre à notre égard cette constance dans l’affection. Quels que soient nos états d âme, ils sont là, fidèlement allongés à nos cotés chaque soir. Un an et demie bientôt que ce qui était un tout petit bout de poils espiègle et qui est devenu une majestueuse féline à la robe de velours s’endort contre moi, ronronne sitôt que je la frôle, accourt quand je l’appelle par son nom, vient se frotter contre moi quand je m’allonge, et s’éveille quand je m’éveille en s’étirant puis en plissant ses yeux verts et en les plantant dans les miens. Invariablement, c’est la première image que je vois, une lueur damour, celle sur laquelle, invariablement, j’entame le jour nouveau, chaque matin.




jeudi 30 janvier 2020

Chefs d’œuvre du 7ème art - Green book



En 1962, alors que règne la ségrégation, Tony Lip, un videur italo-américain du Bronx, est engagé pour conduire et protéger le Dr Don Shirley, un pianiste noir de renommée mondiale, lors d’une tournée de concerts. Durant leur périple de Manhattan jusqu’au sud profond, ils s’appuient sur le Green Book pour dénicher les établissements accueillant les personnes de couleur, où l’on ne refusera pas de servir Shirley et où il ne sera ni humilié ni maltraité. Dans un pays où le mouvement des droits civiques commence à se faire entendre, les deux hommes vont être confrontés au pire de l’âme humaine, dont ils se guérissent grâce à leur générosité et leur humour. Ensemble, ils vont devoir dépasser leurs préjugés, oublier ce qu’ils considéraient comme des différences insurmontables, pour découvrir leur humanité commune.

Pour son premier film dramatique, Peter Farelly, derrière la caméra sans son frère, réunit un duo de marginaux peu disposés a priori à se connaître et encore moins à se comprendre, et dont l’aventure commune va permettre à chacun de se détacher progressivement de ses codes et de ses préjugés. Avant de se lancer dans ce road movie en direction des états ségrégationnistes du Sud des Etats Unis, l’un comme l’autre vivent en effet chacun en vase clos, le chauffeur dans une petite communauté italo-américaine quelque peu raciste fermée sur elle-même, et le pianiste virtuose seul dans un immense appartement des beaux quartiers. Comme il l’avouera plus tard, Don, musicien noir éduqué par l’élite blanche, combine en lui un conflit identitaire qui l’éloigne d’à peu près tout le monde, pas assez blanc, pas assez noir, pas assez homme, il est, dans une société où cohabitent sans jamais se fréquenter des communautés raciales et de classes sociales distinctes, toujours  considéré comme une exception et donc un marginal, y compris sur scène où on le regarde comme un artiste de génie – c’est-à-dire encore une fois comme un être à part.

Le lien de subordination entre les deux personnages principaux fonctionne à rebours d’une société où l’afro-américain est par essence l’employé de l’homme blanc. Cette inversion à l’encontre des codes habituels s’accompagne d’une différence cocasse entre le savoir vivre et le langage des deux protagonistes. Ce décalage donne lieu à des échanges parfois irrésistibles de drôlerie, la langue châtiée et l’apparence rigide du pianiste de jazz se heurtant au bagout familier, à la silhouette bedonnante et aux manières relâchées de son chauffeur. La cohabitation va progressivement conduire chacun à apprendre à décloisonner ses propres codes, à mieux accepter les spécificités culturelles de l’autre et à entrer en empathie avec sa profonde solitude. Jusqu’à parvenir à cultiver une complicité qui donnera peu à peu naissance à une authentique amitié.

Authentique Feel good movie adapté d’une histoire vraie, ce Green Book couvert d’une pluie d’Oscars et de Golden Globes s’inscrit dans une tradition du cinéma américain trouvant son origine dans les comédies humanistes de Franck Capra. Triomphe des bons sentiments, culte de l’amitié masculine, beaux moments de partage inattendus, conclusion on ne peut plus optimiste …, on pourrait aisément reprocher au film de n’être au fond qu’une succession sans nuances de bons sentiments propres à se mettre le spectateur dans la poche à moindre frais. Mais c’est sans compter l’excellente facture d’un film dont l’écriture sonne toujours juste, et dont les qualités reposent avant tout sur la réussite du couple formé par deux merveilleux acteurs parfaitement combinés, dont l’humanité et la sincérité du jeu font exploser les conventions d’un scénario en effet sans surprise. 


mercredi 29 janvier 2020

Chefs d’œuvre du 7ème art - Le journal d’une femme de chambre



Dans les années 30, Célestine, une jeune femme de chambre de 32 ans, arrive de Paris pour entrer au service d’une famille de notables résidant au Prieuré, leur vaste domaine provincial. La maîtresse de maison, hautaine et dédaigneuse avec sa domesticité, est une puritaine frigide, maniaque et obsédée par la propreté. Célestine doit alors affronter les avances du mari sexuellement frustré, ainsi que le fétichisme du patriarche, un ancien cordonnier qui lui demande de porter des bottines qu’il tient jalousement enfermées dans un placard. Malgré sa répugnance, Célestine est contrainte de côtoyer Joseph, le palefrenier de ses patrons, un rustre aux tendances sadiques, racistes et activiste d’extrême droite. Celui-ci a d’ailleurs des vues sur elle, l’associant à son projet de s’établir bistrotier. Claire, une petite fille pour laquelle Célestine s’est prise d’affection, est retrouvée violée et assassinée. Célestine est persuadée de la culpabilité de Joseph et feint d’accepter de devenir sa femme pour obtenir ses aveux. Devant son mutisme, elle fabrique de faux indices pour le confondre, tout cela en pure perte, puisqu’il sera finalement innocenté et partira ouvrir son bistro avec une autre femme. Parallèlement, Célestine entreprend de se faire épouser par le voisin de ses patrons, l’ex capitaine Mauger, un retraité aisé, autoritaire et tonitruant qu’elle domine cependant en exerçant subtilement son pouvoir de séduction.

Avec Le journal d’une femme de chambre, Luis Buñuel, de retour d’Amérique du Sud après un long exil, revient en 1963 poser sa caméra en France et démarre sa collaboration avec le scénariste Jean-Claude Carrière pour ce qui sera la dernière partie et surement le sommet de sa filmographie. Sans aucun doute le plus linéaire et le plus classique des sept films qu’ils tourneront ensemble, cette nouvelle adaptation du célèbre roman d’Octave Mirbeau, que le cinéaste resitue dans les années trente, contient tous les thèmes récurrents du réalisateur, et s’attelle à décrire avec délectation toute une galerie de monstres que la bonne société tient pour convenables.

Enigmatique en diable, mutine et insaisissable, Célestine est notre relais pour pénétrer l’intimité et les pulsions enfouies d’une grande maison bourgeoise où le temps s’est comme replié sur lui-même, une maison sur plusieurs niveaux, pleine de couloirs, de recoins et de secrets pas forcément reluisants. Frustrée par un mari volage, la maitresse des lieux, caricaturale grenouille de bénitier, règne en maitresse femme sur un aéropage de domestiques qu’elle malmène par ses incessantes réclamations, et demande conseil au curé de la paroisse sur les caresses qu’il conviendrait qu’elle prodigue à son mari pour réveiller ses ardeurs. Ce dernier, érotomane quelque peu ridicule étouffant dans ce décor et cette vie trop pesante, en est réduit à sauter sur tout ce qui bouge, engrosse parfois les soubrettes et essuie les refus de Célestine en refreinant sa vigueur virile frustrée. Le père de son épouse, vivant reclus dans sa chambre, souffre d’un fétichisme des plus cocasses qu’il met en scène dans le plus grand secret autour de rituels de lecture dans lesquels il entraine la jeune femme de chambre. Enfin le garde-chasse accumule toutes les tares misanthropes, sexisme, antisémitisme, racisme, et pour couronner le tableau, pédophilie. Voilà ce qui ressort quand on secoue un peu la boite où tous ces personnages si convenables cohabitent, et que l’arrivée de Célestine dans ce vase clos va un à un révéler.

Fidèle à sa réputation goguenarde et anarchiste, Buñuel se délecte à brocarder au vitriol tous ces personnages prisonniers d’un vieux fond rance et réactionnaire propre à cette France provinciale de l’avant guerre proche idéologiquement de l’Action Française, recluse dans ses immenses propriétés, ne jurant que par l’armée, par le patriotisme et par l’église, et rejetant toutes ses frustrations sur les juifs et les métèques. Maitres, domestiques et bon peuple, tous font les frais de la misanthropie vacharde du réalisateur d’Un chien andalou et de L’âge d’or. Débusquant leurs pulsions les plus maladives, il utilise comme un révélateur ce personnage anguille de femme de chambre au faciès indéchiffrable pour tisser en virtuose avec une caméra tendue comme un scalpel un féroce jeu de massacre d’une société fonctionnant comme un organisme malade, que n’auraient certainement pas renié un Balzac ou un Flaubert. Une société pétrie de faux semblants où la bêtise triomphe et où la pureté est sacrifiée.

Célestine, à laquelle Jeanne Moreau prête tout son mystère et toute sa grâce, est comme un double du regard du cinéaste, et un personnage cinématographique idéal en tant que catalyseur de l’action. Révélateur des secrets les plus noirs et des pulsions enfouies, bras armé poétique de justice, instrument d’une ironie mordante, fausse oie blanche aux aguets et personnage opaque dont on ignore autant les motivations que les ressorts psychologiques.


dimanche 26 janvier 2020

Chefs d’œuvre du 7ème art - Le juge et l’assassin



1893, Sud-Est de la France. Joseph Bouvier, officier réformé par l'armée, tente de tuer sa fiancée, Louise, puis de se suicider. Ses deux tentatives échouent. Quelques mois plus tard, sorti de l'asile, il vagabonde sur les routes escarpées de l'Ardèche, assassinant et violant plusieurs bergères. Un ambitieux juge de province, Emile Rousseau, va le traquer, puis tenter de gagner sa confiance pour obtenir sa condamnation.

Révélé en 1972 avec L'horloger de Saint Paul, où il entama une collaboration fructueuse avec Philippe Noiret, Bertrand Tavernier poursuivit avec Que la fête commence, sa première incursion dans un cinéma à contenu historique traité de manière extrêmement personnelle. Veine qu’il poursuivit en 1976 avec Le Juge et l'assassin, dont le récit est tiré d’un fait divers qui défraya la chronique judiciaire et divisa l’opinion publique en cette fin de XIXème siècle.

D’un coté il y a Joseph Bouvier, admirablement campé par un Michel Galabru totalement réinventé, perdu entre folie mystique et délires anarchiques, abusé adolescent par des prêtres, qui après avoir violé puis tué ses jeunes victimes se lave les mains dans un ruisseau puis implore le ciel.

De l’autre un juge – Philippe Noiret -, parfait notable de province, vivant seul avec sa mère, fruit d’une société bourgeoise on ne peut plus conventionnelle, et qui comprend qu’avec Bouvier il tient l’affaire de sa vie et la clef de sa future promotion.

Réformé à cause de ses déchainements de violence, Bouvier part au Nord de la France y retrouver sa fiancée, qu’il inonde de missives passionnées. Rejeté par celle-ci, il tâchera sans succès de l’abattre froidement, puis ratera son suicide en se tirant deux balles dans le crâne. L’année suivante il sera libéré par l’hôpital psychiatrique dans lequel il était enfermé, les médecins le diagnostiquant à tort guéri. C’est à partir de là qu’il entamera sa virée sanglante, se donnant pour folle mission de réveiller une France écrasée par l’injustice, en tuant d’innocentes bergères dans d’incompréhensibles accès de démence en se croyant missionné par Dieu.

Seul le juge Rousseau, enquêtant pendant cinq longues années, s’obstine à débusquer le coupable. Il réussit à effectuer un portrait robot qu’il envoie à tous les parquets, et parvient enfin à force de ténacité à se retrouver face à face avec Bouvier dont il conquiert peu à peu la confiance. Séduit, ce dernier passera rapidement aux aveux. Persuadé que Bouvier simule la folie, le juge l’enverra sans état d’âme à la guillotine.

Ce que dénonce Tavernier au travers de ce face-à-face entre un meurtrier et son juge, c’est la justice de classe régnant en ces années où la lutte des classes et l’antisémitisme de la France bourgeoise – nous sommes en pleine affaire Dreyfus - occupent les esprits. Ce ne sont pas tant les meurtres d’innocentes commis par un fou qui le scandalisent que l’extrême violence de cet ordre établi qui ne vit que de privilèges, et ne juge point Bouvier à cause de ce qu’il a fait mais bien à cause de ce qu’il est – un pauvre hère anarchiste.

Ce qu’expose et dénonce Le juge et l’assassin, c’est un temps de désolation et de violences où règnent les fanatismes, fanatismes contre lesquels s’érige un cinéaste rendant hommage à la Commune. Fanatisme de ces dames patronnesses qui font signer des manifestes contre le traitre Dreyfus à des clochards contre une assiette de soupe populaire. Fanatisme qui conduit à bruler en place publique les œuvres d’un certain Emile Zola. Fanatisme religieux qui ronge Bouvier, demandant à la Vierge de lui rendre sa fiancée aussi blanche que la neige. Fanatisme d’une populace à laquelle cette bourgeoisie si méprisante, qui à cette même époque envoya périr dans les mines plus de deux mille cinq cent enfants âgés de moins de quinze ans, jettera en pâture la tête d’un pauvre fou.


samedi 25 janvier 2020

Chefs d’œuvre du 7ème art - La couleur pourpre



En 1908, dans une communauté noire de Georgie, deux soeurs, Celie (quatorze ans) et sa cadette, Nettie, vivent avec « Pa », leur beau-père. Celui-ci a engrossé Celie deux fois et l'a privée de ses enfants. Albert, un veuf père de trois gosses, voudrait épouser Nettie mais « Pa » lui offre Celie, laide, soumise et désormais stérile. Au printemps 1909, Nettie fuit son beau-père trop entreprenant et s'installe chez Celie et Albert. Elle incite sa soeur à s'opposer à la tyrannie de son mari, lui apprend à lire. Albert, furieux, chasse Nettie et cache les lettres qu'elle écrit à Celie. Les deux soeurs ne se reverront qu'à l'automne 1937.

Adaptation du roman éponyme d'Alice Walker récompensé par le prix Pulitzer, La couleur pourpre marque la première incursion de Steven Spielberg, juste après un second Indiana Jones qui ne lui apporta pas toute satisfaction, dans un cinéma adulte dépourvu de tout effet spécial. En quête d'une forme de reconnaissance de ses pairs, cherchant à se prouver qu’il était également capable de réussir de grands films classiques et se défaire progressivement d'une étiquette de spécialiste de l'entertainment pur, Spielberg ancra La couleur pourpre au sein de la communauté noire du sud des Etats Unis dans le premier tiers du XXème siècle. Son film, très apprécié par le public, connut des avis critiques contrastées, et échoua à remporter le moindre oscar à la surprise générale.

Victime d'un beau-père violent puis d'un époux infidèle qui l'utilise comme une bonne à tout faire et l'humilie en permanence, Celie va progressivement apprendre à s'affranchir de l'étouffant carcan dans lequel les hommes de sa communauté régie par le patriarcat l'auront enfermée, reproduisant sur elle le processus esclavagiste duquel ils avaient été affranchis.

Confondue dans un premier temps avec un authentique chemin de croix sans issue– victime de viols, enlèvement de ses enfants, séparation d'avec sa sœur adorée, soumission à son époux, violences conjugales etc. … -, la vie de Celie va progressivement se transformer de fond en comble grâce à deux rencontres décisives avec deux femmes afro-américaines ayant conquis leur liberté de haute lutte, qui l'une comme l'autre vont lui apprendre et lencourager à se défaire des chaines de servitude qu’on lui a mises depuis l'enfance de force aux pieds. Dans la seconde partie de ces 2h50 bouleversantes, Celie découvrira le plaisir sexuel et le féminisme chez chacune d’entre elles, s’affirmera, se rebellera, pour enfin devenir une femme libre.

Mélodrame aussi flamboyant que poignant, magnifiquement éclairé par de superbes plans de couchers de soleil et par une partition musicale inspirée signée Quincy Jones, La couleur pourpre doit énormément à son interprétation, à commencer par la toute jeune Woopi Goldberg, jeuneactrice comique ici révélée dans un rôle on ne peut plus tragique, et dont l'humanité frémissante et les regards éclairés bouleversent. Au fil de l'ouverture de Celie à la vie et au plaisir, le film devient un manifeste humaniste universel pour la liberté et la dignité de vivre et un plaidoyer pour la solidarité entre toutes les femmes.


vendredi 24 janvier 2020

La dernière boutade de Macaron contre les dictatures



Jamais en reste d’une boutade en guise de doigt d’honneur à la véracité, notre divertissant représentant hexagonal de cette oligarchie bienfaitrice de l’humanité s’en est allé, à peine son petit Falcon Greta-compatible envolé de Jérusalem, se livrer devant quelques plumitifs labélisés par son régime, à quelques saillies bien senties. Où sur un ton aussi convaincant que lorsqu’il feignit de s’emporter face à deux ou trois policiers israéliens – qu’il gratifia aussitôt produite sa séquence foireuse d’une accolade complice -, il mima à nouveau l’énervement.

“Aujourd’hui s’est installée dans notre société, et de manière séditieuse, par des discours politiques extraordinairement coupables, l’idée que nous ne serions plus dans une démocratie. Qu’il y a une forme de dictature qui s’est installée”, s’étonna, offusqué, notre bien aimé Eborgneur 1er.

Et d’ajouter pince sans rire :

“ La dictature c’est un régime où une personne ou un clan décide des lois (...) où l’on ne change pas les dirigeants, jamais … Si la France c’est ça, essayez la dictature et vous verrez ! La dictature, elle justifie la haine. La dictature, elle justifie la violence pour en sortir. Mais il y a en démocratie un principe fondamental : le respect de l’autre, l’interdiction de la violence, la haine à combattre”.

Ainsi parla la pédale d’accélérateur vers le Nouvel Ordre Mondial – un paradis sur Terre, sans doute ? - de ses donneurs d’ordre les Rothschild. Ce créateur de particules liberticides souffrirait-il, outre de cécité, d’un Alzheimer aggravé ? Aurait-il oublié, perché dans les airs trois petites heures après sa génuflexion devant le mur des lamentations, quelques menues réalités hexagonales fomentées par son doux régime où le respect de l’autre et l’interdiction de cette violence d’état pourtant légitimée par ses sbires ne s’avèrent pas vraiment les manettes les plus utilisées par son bras armé de LBD ? Ce grand démocrate élu frauduleusement sur un flot de fausses promesses enrobées de glucose, n’aurait-il point perçu qu’entre ses douces mimines absolument tous les pouvoirs sont à ce point concentrés que la rue, les oppositions et tous les corps constitués du monde ligués contre lui ne suffisent pas à Son Altesse pour daigner reculer d’un millimètre ? Quel plaisantin notre Manu, à qui la simple pensée de concéder à son bon peuple de temps à autre quelques miettes de RIC donnerait de l’urticaire !

Joignant les actes aux paroles, notre petit sniffeur à la narine brulée, à peine revenu en son palais doré, y accueillit un de ses alliés pour créer de toute pièce le plus loin possible du peuple concerné un nouveau processus électoral sous contrôle, en l’occurrence au Venezuela, histoire de tacher de réussir à dégager légalement un épouvantable dictateur anachroniquement soutenu par son peuple, ayant osé refuser aux gentils américains un accès libre aux réserves de pétrole de son pays. Un autre grand démocrate imaginaire, en la personne de Juan Gaido, ce président par intérim autoproclamé par son propre nombril, pure créature de la CIA ayant raté à peu près tout pu-putch compris, et que même les membres de son propre parti conspuent dorénavant à demeure. Comme lui un opposant aux dictatures on ne peut plus crédible !


jeudi 23 janvier 2020

Chefs d’œuvre du 7ème art - La corde



Brandon Shaw (John Dall) et Philip Morgan (Farley Granger) sont étudiants à l’Université de New York. Convaincus de leur supériorité intellectuelle, ils décident de tuer un de leurs camarades qu’ils jugent trop faible. David Kentley (Dick Hogan) est alors étranglé à l’aide d’une corde dans l’appartement new-yorkais de Shaw. Pour donner du piquant à leur acte, ils enferment le cadavre de David dans une malle et invitent la famille du défunt ainsi que leur professeur de philosophie (James Stewart) à venir dîner sur le lieu du crime...

La corde est, dans la carrière d’Alfred Hitchcock comme dans l’histoire du cinéma, une date importante. Nous sommes en 1949, Hitch a déjà fait ses preuves aux Etats Unis et remporté quelques succès, il est dorénavant en mesure de se produire et de choisir en toute liberté tant ses sujets que la manière avec laquelle les aborder formellement. Se fixant à lui même un challenge technique jamais réalisé avant lui – et que reprendra le cinéaste Alejandro Inaritu bien plus tard avec Birdman -, il choisira d’adapter une pièce de théâtre en respectant scrupuleusement unité de temps et de lieu, et donc de construire entièrement son film en un et un seul plan séquence. Une véritable prouesse pas tout-à-fait juste sur le plan pratique, les bobines à l’époque ne permettant de filmer en continuité qu’une dizaine de minutes. Hitch contournera la difficulté en effectuant des fondus enchainés sur le dos de ses acteurs afin de donner l’illusion d’une continuité absolue.

Interviewé des années plus tard par François Truffaut, Hitchcock se montrera on ne peut plus critique sur la pertinence de son propre dispositif, qu’il assimilera à un truc un peu vain n’ajoutant rien à la narration en soi. Pour autant, la prouesse technique est stupéfiante, tant dans le fait que les mouvements de caméra – story bordés avec une précision clinique – remplaçaient de facto le montage que par le dispositif incroyablement rigoureux entrepris par le réalisateur et son équipe pour parvenir à pareil résultat.

La corde, en outre, est le premier Hitchcock en technicolor, et le premier avec James Stewart, acteur génial plutôt cantonné jusque-là à des rôles de candide chez Franck Capra, et que le maitre du suspens présentera sous un jour beaucoup plus subtil pour ne pas dire trouble, autant dans cette Corde que dans Vertigo ou Fenêtre sur cour. Ici Stewart, incarnant à contre emploi un professeur d’un cynisme absolu teinté de misogynie et de suffisance, se renouvèle entièrement.

Sur le plan dramaturgique, La corde s’apparente à une forme de Cluedo aussi ironique que sadique entre le réalisateur, ses personnages et ses spectateurs, ces derniers étant mis dans la complicité dès le début de l’intrigue d’un meurtre commis, de l’identité et des motivations des criminels comme de la cachette tout-à-fait cocasse du corps, cachette qu’évidemment les invités du diner ignorent. Le jeu auquel le réalisateur nous invite consistera bien sur à assister à la manière dont le personnage interprété par James Stewart parviendra à confondre les coupables. Lesquels, suggère Hitchcock avec subtilité par des plans ambigus et des échanges de regard qui en disent plus long que les mots, sont homosexuels – un sujet à l’époque tabou à Hollywood et donc soumis à une censure malicieusement contournée par ce diable d’Hitchcock.

Renouvelant sa grammaire cinématographique habituelle en inventant un dispositif de mise en scène exceptionnellement complexe aux antipodes du théâtre filmé, Hitchcock parvient à faire de la caméra son personnage principal et du film un exercice de style aussi brillant que gratuit. Au delà d’une démonstration de son savoir-faire virtuose, qu’il imposera de façon plus probante dans ses films suivants, il montre ici une volonté d’explorer formellement de nouvelles directions et de s’inscrire dans l’histoire du cinéma comme un pionnier.


mercredi 22 janvier 2020

Manu fait son Chichi !



Une vive altercation verbale a éclaté ce 22 janvier entre Emmanuel Macron et des policiers israéliens dans la Vieille ville de Jérusalem, à l'entrée de la basilique Sainte-Anne. Alors qu'il se tenait devant l'entrée de l'édifice religieux, territoire français, le président de la République a piqué une colère, reprochant visiblement aux policiers israéliens d'avoir pénétré les lieux.

Dans une séquence vidéo, on peut l’entendre s’adresser à un policier – dans un anglais au fort accent français : « Tout le monde connaît les règles. Je n’aime pas ce que vous avez fait devant moi. Sortez ! » Et de poursuivre dans la même veine : « Nous connaissons les règles ! Personne ne doit provoquer personne. Je vous prie de respecter les règles qui sont les mêmes depuis des siècles. Elles ne changeront pas avec moi », a-t-il lancé à l'ensemble des policiers israéliens alors présents.

Ouh la la on tremble sous nos treillis ! Chochotte qui fait des chichis fait son Chichi !

Voilà que notre roitelet poudré, reprenant sa panoplie Actor Studio Marc et Sophie, se met à faire son Chirac et à tacher de redorer son blason en feignant bien mal de jouer au chef de village gaulois couillu piquant une saine colère. Comme un vrai môme, tout juste bon à sermonner trois post-ados entouré dune armada de centurions, et encore ! Reprendre, après Dame Brigitte qui pique les pièces jaunes à Bernadette, un des meilleurs sketches du Grand Jacques, histoire de nous faire croire qu’il nest en rien un pantin parmi dautres de lEtat Hébreu, en bombant ses muscles, avec sa voix zozotante et son accent angliche plus qu’approximatif, quelques minutes après nous avoir fait son obsédé 7 jours sur 7 par la résurgence de la peste brune et de lantichmitichme devant Bibi, il y a comme qui dirait un En même temps de trop, Manu !

Quel piètre comédien, notre bébé cadum des beaux quartiers, crâneur en plus ! Chirac rouge furax éructant à un contre dix, son mètre quatre-vingt quinze et son This is a provocation This is a not a method ça sortait des trippes et ça impressionnait son monde ! A coté, le petit sermon jésuite sur-joué de petit-zizi-gros-melon-sur-talons, les policiers de Jérusalem ont été sympas de pas pouffer de rire ! Quel amateurisme, une fois encore la risée sur les réseaux sociaux, le macaron, faire le copycat dune scène culte à 24 ans dintervalle avec la conviction dun acteur de telenovela péruvienne, bonjour la soufflante bidon ! Tout ça pour faire son buzz et tacher de grappiller quelques votes communautaires en faisant son kéké ! Jimagine qu’il se voyait déjà acclamé à Alger, à Tunis ou dans les tours de Sarcelles ! Raté, le poulbot, tes juste pas au niveau, chez toi tout sonne toujours faux !

Quelques instants après, aux cotés de limpayable Meyer Habib, coiffé dune kippa H&M raccord avec son costard, notre Laïc Suzerain sen est allé glisser sa petite antisèche dans les interstices du mur des Lamentations. Là, la poupée Rothschild avait retrouvé un petit air denfant sage, obéissante fifille, comme avec Califa, je me mets où ? je fais comment ? jécris quoi sur le petit papier au fait ? Cest à peine si on le distinguait dans cette foule aux cotés de Jabba The Habib, qui prenait toute la place  ! Et de marcher dans les clous, et de mimer le gars qui se recueille comme une toupie en sappliquant bien, à la maison mère faut faire gaffe ma rappelé Bribri, alors je fais comme on a dit et je me fais tout petit tout mimi, comme avec Bibi !


Chefs d’œuvre du 7ème art - Voici le temps des assassins



Chatelin (Jean Gabin) tient un restaurant en plein cœur des Halles de Paris. Il attire le gratin de la capitale par sa cuisine réputée. Il a pris sous son aile Gérard (Gérard Blain), un jeune homme qui a rompu avec son oncle aisé et préfère payer ses études de médecine en travaillant la nuit aux Halles. Un petit matin, Catherine (Danièle Delorme) entre dans le restaurant et se présente à Chatelin comme étant la fille de son ancienne épouse, Gabrielle, dont elle lui apprend le récent décès. Chatelin, touché, accueille sous son toit cette jeune fille qui semble bien perdue. Il lui aménage une chambre dans son appartement de vieux garçon et lui propose un emploi de réceptionniste. Mais Catherine se révèle bientôt un être pervers et calculateur, qui parvient à force de mensonges à séparer Chatelin et Gérard. On découvre bientôt qu'elle rejoint en cachette sa mère prétendument morte. Cette dernière, ruinée et droguée, manœuvre pour que son ancien mari épouse Catherine afin de faire main basse sur sa petite fortune...

Sorti en 1956, dix ans après le magnifique Panique avec Michel Simon, Voici le temps des assassins consacre le retour de Julien Duvivier à la veine la plus noire de son cinéma, une veine pouvant autant évoquer le Clouzot des Diaboliques que certains romans de Zola ou Balzac. Dès le générique, Duvivier donne le ton : le Paris magnifiquement reconstitué en studios du quartier des Halles va être progressivement gangrené par le sordide.

Sur un implacable scénario, il dresse le portrait d’une humanité sans scrupules, cupide, avide de gains et éprise de vengeance et de vampirisation d’autrui. Une humanité dominée par des femmes manipulatrices aux intentions épouvantables, qui telles des sangsues vont se jeter sur des caractères faibles. Lesquels ne seront pas en reste in fine.

Démon au visage angélique, la jeune Catherine (Danièle Delorme, magnifique dans un contre emploi) se révèlera à la fois le bras armé et la victime d’une revanche, celle de sa propre mère qui se fait passer pour morte et qui en coulisses tire les ficelles, animée par la haine. Catherine incarne toute l’abjection humaine dont elle maitrise à merveille la panoplie : appel à la pitié, mensonges, séduction, double-jeu, trahison … Comme le personnage de Chatelin, nous tombons nous aussi sous son charme trouble, avant que celui-ci ne révèle petit à petit sa véritable nature vénéneuse. Vice incarné, Catherine est aussi l’instrument tragique du destin familial et d’une société qui l’a maintenue dans la plus humiliante des pauvretés et s’est acharnée à la garder plus bas que terre.

La mère du personnage joué par Jean Gabin ne vaut guère mieux que les deux autres. Mesquine, acariâtre et dominatrice, elle tient en joug son fils et semble être à l’origine de sa faiblesse de caractère. On la devine avoir été particulièrement active dans la séparation d’avec son ancienne femme et déterminée à faire le vide autour de lui. Et la manière avec laquelle elle traite Catherine, allant jusqu’à la fouetter comme on le ferait avec un chien, la catalogue sans équivoque dans le camp de ces êtres vils au cœur sec.

Avançant tout droit vers un dénouement tragique, ce sombre chef d’œuvre misanthrope de Julien Duvivier ne laisse aucune fenêtre ouverte sur quelque espérance que ce soit. En ce cloaque où règnent en maitre l’égoïsme et la cupidité, seuls les assassins et les âmes noires parviennent à se faire une place ici-bas.


mardi 21 janvier 2020

Chefs d’œuvre du 7ème art - Les 400 coups



Petit parigot de 14 ans entrant tout juste dans les affres de l’adolescence, Antoine Doinel sèche les cours et tente d’échapper à une vie familiale morne et à des parents absents. Avec son ami René, il fera l’école buissonnière, vivant de débrouille et partageant ses journées entre errances dans le Paris des années 50, chapardages, lectures de Balzac à la bougie et séances de cinéma. Antoine et René, deux gamins lâchés dans Paris découvrent la vie en faisant les quatre cents coups.

Présentés triomphalement au Festival de Cannes 1959 où ils obtinrent le prix de la mise en scène, et récompensés par un triomphe public et critique mondial, Les 400 coups s’imposèrent immédiatement comme un manifeste du renouveau du cinéma français, par sa liberté de ton, ses dialogues près du quotidien, le jeu naturaliste de ses acteurs, ses décors naturels, ses prises de vue en extérieur, ses plans qui durent pour mieux saisir le réel, son caractère parfois documentaire … Et surtout, cette impression d’un film écrit à la première personne où le personnage principal prend possession de la caméra, et avec lequel le tout jeune réalisateur s’identifie.

Premier long métrage de François Truffaut, Les 400 coups, bouleversant récit d’une adolescence qui se heurte aux interdits du monde des adultes et fait l’école buissonnière, résonne comme un hymne à la liberté. Trop souvent enfermé et abandonné tel un papillon sous une cloche, que ce soit sur les bancs de l’école ou à l’intérieur d’un appartement exigu où sa mère lui prodigue peu d’attention et d’amour, Antoine Doinel, double cinématographique du cinéaste, symbolise, dans cette France étouffante des années cinquante, le souffle de cette jeunesse qui rêve de s’affranchir de ces chaines que lui imposent les autorités, qu’elles soient familiales, scolaires ou même morales. A Antoine les adultes n’ont rien d’autre proposer que des jugements et des châtiments. Se confondant avec la biographie de Truffaut adolescent, lequel lui aussi avait dû conquérir de haute lutte son affranchissement d’avec une enfance aussi terne que douloureuse, les jeunes années de cet Antoine Doinel que le film suit sur une dizaine de jours n’ont de cesse que de fuir les intérieurs sclérosants pour leur préférer les rues de Paris, que le cinéaste investit en format scope avec un immense appétit pour la vie.

Boule d’énergie se heurtant aux interdits et rebondissant toujours, Antoine, petit parigot magnifiquement incarné par un Jean-Pierre Léaud gouailleur en diable, erre dans les rues, chaparde, s’évade de chez lui, fait l’école buissonnière, fume quelques cigarettes, commet quelques larcins, se retrouve au poste de police ou en centre pour jeunes délinquants. Caméra au poing, le film le suit, l’accompagne, le précède, s’aventure à l’air libre et s’enivre dans une scène de manège d’une beauté et d’une fraîcheur épatantes.

Gorgé dhumanisme et dune sensibilité à fleur de peau, Les 400 coups révèlent, outre une absolue maitrise de la mise en scène, la capacité unique de Truffaut à sentir et à retranscrire le monde de lenfance, avec une empathie proprement sidérante. Ce thème de lenfance, il le reprendra plusieurs fois dans son œuvre, que ce soit dans Lenfant sauvage ou dans Largent de poche. Dans lesquels il parviendra également à faire en sorte que les enfants y soient si justes, comme saisis sur le vif à leur insu.




lundi 20 janvier 2020

Chefs d’œuvre du 7ème art - La ligne verte



Paul Edgecomb, un ancien gardien-chef du pénitencier de Cold Mountain, chargé des détenus condamnés à la peine capitale, se souvient, depuis sa maison de retraite, de l’époque où il fit la connaissance du colosse John Coffey. Incarcéré, car jugé coupable du meurtre de deux petites filles, John Coffey n’est pourtant pas un détenu comme les autres. Très doux, il détient un pouvoir extraordinaire dont il ne tarde pas à faire la démonstration à Paul et à ses collègues. L’arrivée de John Coffey et les évènements qui vont suivre vont changer leurs existences à jamais.

Seconde réalisation de Franck Darabont, dont le premier film, Les évadés, également interprété par Tom Hanks, avait créé la surprise, La ligne verte est ladaptation dun roman-feuilleton du maitre de lépouvante Stephen King, lequel roman est à mettre à part dans son œuvre. Ni revenants, ni zombies, ni cascade de séquences dhorreur ici mais une incursion dans un récit très classique dune dimension surnaturelle voire mystique, aux frontières du religieux, avec le personnage extraordinaire de ce géant à la peau débène capable de faire des miracles. Dont larrivée, au début du récit, dans ce triste couloir de la mort, va produire sur le plan narratif une succession de séquences étonnantes, et pour certaines inoubliables.

La figure de John Coffey, innocent accusé à tort portant sur ses épaules toute la misère du monde, et qui ressent dans sa chair le mal autour de lui, nest pas sans évoquer la figure dun autre condamné, un certain Jésus Christ. Capable de soigner les maladies et de ressusciter les morts, John Coffey va, par sa seule présence, apaiser latmosphère lourde qui règne dans le bloc E. Son aptitude à prendre sur lui tous les péchés et les malheurs du monde va humainement et spirituellement marquer à vie le personnage magnifiquement interprété par Tom Hanks, et le faire grandir dans lamour de son prochain. Et c’est bien cet épisode de son lointain passé qu’il fera surgir de sa mémoire comme étant l’instant le plus inoubliable et le plus bouleversant de sa très longue vie.

Superbe plaidoyer contre le racisme et contre la peine de mort, contre laquelle le film s’érige discrètement en humanisant les figures des condamnés suppliciés, La ligne verte est aussi un huis-clos intimiste sur un univers carcéral magistralement recréé autour de valeurs humanistes puissantes. Assumant le manichéisme de ses personnages, le film fut à sa sortie taxé de démagogique par certains critiques toujours prompts à railler les gouts du public pour le sentimentalisme tire-larmes d’un certain cinéma américain n’aimant rien tant que faire triompher le bien du mal. Qu’importent ces haussements d’épaules ! Avec vingt ans de recul, on peut de soi-même faire à nouveau l’expérience de la réelle efficacité de ces trois heures gorgées d’émotion qui filent à toute allure, portées par un casting haut de gamme et une histoire profondément originale qui n’a avec le temps rien perdu de sa force et de sa beauté.




dimanche 19 janvier 2020

Macaron le planqué



Venez donc me chercher !, avait-il crânement lancé en pleine affaire Benalla face à un parterre de ses supporters à la Maison de la Chimie. Une de ces formules provocatrices à lemporte-pièces dont il sétait fait une spécialité. Le genre de saillies que ferait un petit roquet dressé sur ses ergots se sachant surprotégé et hors de portée. Une saillie qu’on aurait tout à fait pu imaginer dans la bouche dun Sarkozy, cours après moi que je tattrape, attrape-moi si tu peux, même pas cap !

Une formule qui est restée et qui a créé des vocations … Car depuis plus dun an, combien de gaulois réfractaires sy sont attelés, à essayer daller le chercher, Manu languille ! Depuis une course poursuite à la voiture présidentielle au Puy-en-Velay où les noms doiseaux avaient fusé, ce On vient te chercher chez toi aura été scandé et chanté sur tous les tons, y compris par un curé rigolard en son église devant ses fidèles hilares.

Ce si mal élu qui prétendait incarner le nouveau monde et s’autoproclamait Jupiter dun pays rempli dalcooliques illettrés pas même capables de se payer un costard est parvenu en un temps record à de tels sommets dimpopularité que la moindre de ses balades en son royaume donne lieu à des lâchers de poissons. On ne compte plus les face-à-face houleux avec ces sujets irrespectueux qui patachonnent dans leur tête, lesquels sujets, loin de lui témoigner quelque égard eu égard à sa souveraine fonction, lui rentrent dans le lard en désossant ses argumentaires mensongers. Sans parler de ces foules absentes aux commémorations nationales qu’il préside et qui contraignent les cameramen des chaines dinformation continue à multiplier les plans serrés, histoire de masquer la comédie dun pouvoir en représentation face à une salle quasi vide.

Depuis un certain 1er décembre 2018 où effrayés par la force insurrectionnelle en marche vers le Palais les filets de sécurité du pouvoir avaient prévu dexfiltrer par les airs cette grande courageuse, la poupée élyséenne ne tient plus qu’à un fil constitué par des rangées de Terminator surarmés. Le rejet consommé et irrémédiable de sa petite personne et de sa politique anti France ayant explosé la couche d’ozone, le voilà qui plus hors sol que jamais enfile des discours déconnectés du réel, se retranche aussi souvent que possible à létranger, nie contre toute logique des évidences  et des faits observables, sattribue des succès imaginaires, court après des thématiques supposées le remettre en selle et collectionne les en même temps jusqu’à nous filer le tournis. De plus en plus souvent enfermé dans sa tour divoire, le voilà qui contraint son service de sécurité à semer des fausses pistes pour ne surtout pas prendre le risque de se faire alpaguer à proximité de ses lieux de villégiature par ce peuple tant honni qui sen va le chercher dorénavant jusque dans les salles de théâtre parisiennes.

Mis en piste pour appliquer aveuglément des directives signées en haut lieu par les empereurs de lEtoile Noire, brader à la découpe les biens nationaux et casser un à un tous nos droits sociaux, la marionnette des oligarques n’a dorénavant dautre choix que de continuer à exécuter leur feuille de route en se mettant autant que possible à labri. Sa popularité, compte tenu des consignes du comité exécutif planqué dans lombre, ne faisant en rien partie de léquation, nous voilà condamnés à tacher en vain de débusquer le pantin, et à ne lentrapercevoir que dans la petite lucarne où Sourdingue 1er sen viendra de temps à autre lire sur un prompteur les traductions des GOPE avec un regard aussi habité que celui dune intelligence artificielle. Pour ensuite continuer à se planquer.