New
York, 1975. Carlito Brigante, un trafiquant de drogue notoire, est libéré de
prison, grâce aux vices de procédures révélés par son avocat. Bien décidé à
rester dans le droit chemin après ces 5 années passées à l’ombre, le criminel
repenti entend économiser suffisamment d’argent pour rendre possible l’objectif
qu’il s’est fixé. Mais la réinsertion s’avère plutôt difficile pour celui que
certains continuent à aduler en tant que gangster…
Ce bijou du grand Brian de Palma s’ouvre, comme le Boulevard du crépuscule de Billy Wilder,
sur l’assassinat et la mort de son héros, et le récit tragique du film opèrera
un flash back sur les tous derniers jours de sa vie. Ce héros, Carlito
Brigante, est comme le double inversé du Tony Montana du Scarface de De Palma, tous deux superbement interprétés par Al
Pacino. L’Impasse, tournée dix ans
après Scarface, offre à une autre
époque – les années 90 – une vision renouvelée de la mafia et de la pègre, et
au delà de l’Amérique. Du temps a passé, les malfrats à l’ancienne ont laissé
place à une nouvelle génération de caïds marchant à la cocaïne, immergés dans une
Amérique affairiste où la frontière du bien et du mal s’est effacée, et où
certains voyous ont intégré un semblant de légalité.
Revenant après des années passées derrière les barreaux dans
le monde libre aussi déphasé que possible, le personnage joué par Al Pacino,
épris d’une sincère envie de rédemption, redécouvre le milieu avec la ferme
intention de rester honnête. Milieu qui va par l’intermédiaire du personnage
totalement disjoncté de son avocat tout faire pour le faire chuter.
Un plan résume le destin tragique de son magnifique
personnage. Carlito enferme un cafard sous un verre, peu avant de prendre comme
malgré lui une décision qui fera basculer son destin du mauvais côté. Le talent
de De Palma consiste, alors même que depuis la scène inaugurale les dés sont
jetés, à nous faire espérer malgré tout que son personnage parviendra à
transcender sa propre malédiction, tout en nous faisant partager ses rêves et
sa soif d’amour.
Le destin tragique de ce gangster d’antan plongé dans un
cloaque dont il ne comprend plus les règles s’achève, comme dans un opéra, par
une dernière demi-heure quasi muette, d’un brio formel incomparable. La
mélancolie, l’envie sincère d’une seconde chance, le désir de réécrire sa vie
et de panser les blessures – la rédemption ne sera que spirituelle, nous
souffle De Palma, tant ici-bas ce monde où seuls les méchants s’en sortent est
devenu aussi amoral que fou.
Pour la plupart de vos commentaires sur notre cinéma, j'adore! J'en connais quelques uns, regardés au cinéma de minuit. Bravo à vous de nous faire revisiter ces chefs d'oeuvre. Caresses à Light et à tous ses chatons.Un petit bonjour de l'Oise. Géraldine.
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