Alors
qu’elle est choisie pour être le lieu d’un débat houleux entre divers ordres
religieux concernant la pauvreté du Christ, et donc de l’Église, une abbaye
isolée du nord de l’Italie est agitée par de mystérieux meurtres. Un moine
franciscain, Guillaume de Baskerville et son disciple, Adso de Melk, mènent
l’enquête.
C’est avec La guerre
du feu en 1981 que le jeune cinéaste français Jean-Jacques Annaud, jusqu’ici
auteur de deux films plutôt intimistes, La
victoire en chantant et Coup de tête, obtint ses galons de
réalisateur apprécié à l’international pour ses grandes superproductions
populaires. L’ours, L’amant, Stalingrad
et quelques autres rencontrèrent dans le monde un très grand écho, bénéficiant
d’un soutien critique inégal selon les films.
Sorti fin 1986, ce Nom
de la rose, adaptation du chef d’œuvre du grand romancier italien Umberto
Ecco, constitue sa plus incontestable réussite, et a conservé plus de trente
ans après sa sortie toutes ses qualités. Elle est de ces œuvres absolument
passionnantes que l’on se fait un plaisir de revoir et de faire découvrir aux
plus jeunes générations, à leur tour séduites par cette intrigue fascinante,
sorte d’Agatha Christie moyenâgeux situé dans un décor grandiose, dans laquelle
l’élucidation des meurtres qui y sont commis vont nous conduire sur les
sentiers de l’obscurantisme religieux.
La guerre de cent ans n’est pas loin à cette époque où
Philippe Le Bel vient de se débarrasser des Templiers, et où rode celle qu’on
nommait la Sainte Inquisition. Les moines reclus sur les hauteurs perdues de
cette abbaye mystérieuse sont tels des monstres, sortes de freaks aux gueules
et aux silhouettes aussi impossibles que cauchemardesques. Tous, tandis qu’à la
demande de l’Abbé - interprété par un Michael Lonsdale en grande forme - enquête
Guillaume de Baskerville, semblent livrés aux démons, dans les recoins de ces
bâtisses sinistres en proie aux ombres, à la boue et aux vents, au sein
desquelles on ne peut guère se mouvoir qu’éclairé par de grandes torches tenues
à bout de bras.
Abandonnés de Dieu, livrés à la misère et à un travail
quotidien, ces moines coupés du monde sont les proies d’une main criminelle,et
notre Hercule Poirot médiéval, auquel Sean Connery apporte tout son charisme,
va tacher de démêler les fils d’une enquête où son intuition et son sens aigu
de l’observation vont jouer un rôle clef.
Fort éloigné de l’obscurantisme de ces âmes tourmentées, le
détective en soutane est l’antithèse incarnée de ce Grand Inquisiteur qui à un
moment va tacher d’interrompre sa quête de vérité. Car c’est bien sur le chemin
du savoir et de la connaissance que l’enquête nous conduit, au cœur des
entrailles de l’abbaye, dans le ventre de cette labyrinthique et fascinante
bibliothèque, dont l’architecture reflète le gout pour l’ésotérisme de ceux qui
veillent jalousement sur la privation d’un savoir universel. Cette
exceptionnelle bibliothèque renferme un trésor, en l’occurrence un livre,
lequel doit absolument être tenu à l’écart du commun des mortels.
Cette enquête autour du fil d’Ariane que constitue
l’acquisition d’un savoir libérateur du joug de l’Eglise est donc bien le sujet
central d’un roman aussi foisonnant de connaissances que riche en
rebondissements, et donc de sa brillante adaptation cinématographique. Il
fallut à l’exigeant Jean-Jacques Annaud cinq longues années de supervision de
réécritures successives du scénario – le livre d’Ecco est un pavé, et en faire
un film de 2 heures 30 exigea une simplification rigoureuse – pour parvenir à
pareille réussite.
Ajoutons que l’excellence, ici, est partout, tant au niveau
du choix des décors naturels – des hauteurs montagneuses cernées par
d’inquiétants nuages et écrasées par la pluie – que des reconstitutions en
studio – travail génial de Dante Ferretti -, de l’inoubliable bande originale
de James Horner ou du choix des acteurs – souvent inconnus ou débutants, tel
Christian Bale, adolescent – et de leur direction.
La beauté fascinante de la Gnose dans ses œuvres. Mais la Gnose est l'essence même de la tromperie et ses adeptes de tout degré en seront les premières victimes après s'être complus en eux-mêmes. C'est, dirait V. Volkoff, à qui nous devons une reconnaissance spéciale pour avoir divulgué les principes de la désinformation, comme le supplice du pal : ça commence bien, mais ...
RépondreSupprimerOn pourrait également citer Hergé qui nous rappelle par la bouche de la Castafiore l'appât placé dans le piège : "Je ris de me voir si belle en ce miroir!". Ou le regretté Coluche "Wouah, les c...", aussi fin qu'il pouvait être grossier. Etc.
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"Tout est bon pour la défense, excepté la lâcheté." Robert Brasillach (in Journal d'un homme occupé).