lundi 4 mars 2019

Chefs d’œuvre du 7ème art - Mes nuits sont plus belles que vos jours



Lucas, informaticien, sort de chez le médecin, où il a appris qu'il était atteint d'une grave maladie. Il rencontre Blanche, la suit à Biarritz, assiste au numéro de télépathie qu'elle fait avec son mari, perturbe le spectacle. Ils se retrouvent, obsédés par des souvenirs d'enfance traumatisants...

Quatre ans après le four public et critique de L’amour braque, Zulawski retrouve Sophie Marceau, à laquelle il adjoint son acteur de L’important c’est d’aimer, Jacques Dutronc. Pour un film o combien plus poétique et mélancolique que tous ses précédents opus, ou certains personnages parlent parfois en rimes, ou le langage déconstruit et reconstruit fait penser à un exercice de funambulisme. Quittant la capitale, Zulawski, après une première demi-heure parfois traversée d’éclats, envoie son couple amoureux à Biarritz.

Tandis que lui perd l’usage des mots, elle apprend grâce à lui à parler, ou tout du moins à exprimer une vérité intime. Il vivait pour l’industrie, elle révèle aux puissants leurs petits secrets mesquins grimée en une sorte de voyante sous transe, se connectant à la source d’un trauma de son enfance. Trauma de l’enfance que lui aussi connut.

Entre l’inculte et le cultivé, entre ces deux êtres asociaux déchirés tachant l’une comme l’autre de s’extraire de leur milieu et de proches aussi envahissants que vulgaires, une compréhension finalement profonde, à compter du cœur et des corps. Images sensuelles d’un couple tapi sous un immense drap blanc dans la suite d’un hôtel de luxe, dérives poétiques ou le langage amoureux déconstruit la langue, larmes et cris parfois, puis pauses face à l’océan.

Traversées de notes d’humours, de bizarreries venues toutes droit de livres pour enfants, ces Nuits adaptées d’un roman bourgeois banal par Zulawski sont comme un largage du réel pour un temps court, un matin, une nuit, une nuit plus belle que le jour, que le leur. Une tentative aussi maladroite que sincère de reprendre un temps sa liberté pour conjuguer à deux un présent pas même limité par un impossible avenir.




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