Lucas, informaticien, sort de chez
le médecin, où il a appris qu'il était atteint d'une grave maladie. Il
rencontre Blanche, la suit à Biarritz, assiste au numéro de télépathie qu'elle
fait avec son mari, perturbe le spectacle. Ils se retrouvent, obsédés par des
souvenirs d'enfance traumatisants...
Quatre ans après le four public et
critique de L’amour braque, Zulawski retrouve Sophie Marceau, à laquelle il
adjoint son acteur de L’important c’est d’aimer, Jacques Dutronc. Pour un film
o combien plus poétique et mélancolique que tous ses précédents opus, ou
certains personnages parlent parfois en rimes, ou le langage déconstruit et
reconstruit fait penser à un exercice de funambulisme. Quittant la capitale,
Zulawski, après une première demi-heure parfois traversée d’éclats, envoie son
couple amoureux à Biarritz.
Tandis que lui perd l’usage des
mots, elle apprend grâce à lui à parler, ou tout du moins à exprimer une vérité
intime. Il vivait pour l’industrie, elle révèle aux puissants leurs petits
secrets mesquins grimée en une sorte de voyante sous transe, se connectant à la
source d’un trauma de son enfance. Trauma de l’enfance que lui aussi connut.
Entre l’inculte et le cultivé, entre
ces deux êtres asociaux déchirés tachant l’une comme l’autre de s’extraire de
leur milieu et de proches aussi envahissants que vulgaires, une compréhension
finalement profonde, à compter du cœur et des corps. Images sensuelles d’un
couple tapi sous un immense drap blanc dans la suite d’un hôtel de luxe, dérives
poétiques ou le langage amoureux déconstruit la langue, larmes et cris parfois,
puis pauses face à l’océan.
Traversées de notes d’humours, de
bizarreries venues toutes droit de livres pour enfants, ces Nuits adaptées d’un
roman bourgeois banal par Zulawski sont comme un largage du réel pour un temps
court, un matin, une nuit, une nuit plus belle que le jour, que le leur. Une tentative
aussi maladroite que sincère de reprendre un temps sa liberté pour conjuguer à
deux un présent pas même limité par un impossible avenir.
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