Sur les autoroutes désertées d’une
Australie méconnaissable, une guerre sans merci oppose motards hors-la-loi et
policiers Interceptor, qui tentent de triompher de la vermine au volant de
voitures aux moteurs sur gonflés. Dans ce monde en pleine décadence, les bons,
les méchants, le manichéisme disparaissent...
Présenté et primé au festival d’Avoriaz
1979, ce premier Mad Max, tout petit budget d’un inconnu australien, George
Miller, subira à sa sortie une censure dans bien des pays, sera interdit, décrié,
coupé au montage, classé X, et héritera d’une réputation d’ultraviolence,
laquelle quand on le revoit de nos jours paraît amplement usurpée.
Western futuriste sur les routes d’une
Australie méconnaissable – le film semble avoir été tourné aux Etats Unis -,
Max Max offre un mélange du cinéma de John Ford, de films d’action
spectaculaires – il s’ouvre sur une magistrale course poursuite – et une forme
d’abstraction, de part l’absence totale tant de caractérisation des personnages
que de psychologie. On pourrait presque parler de cinéma à demi muet et expérimental,
tenant uniquement sur des collisions et sur une mise en scène aussi virtuose
que sur-présente. La maitrise de celle-ci est telle que pour un coup d’essai,
on peut parler de coup de maitre.
Le fond se réfère au retour de la
barbarie. Abolition des états, de la politique, de la morale élémentaire, de l’humanisme,
au profit de chocs entre des barbares violents de tous bords. Il y a certes un héros,
joué par un Mel Gibson débutant et alors peu aguerri, mais ce héros n’a rien d’un
bon. Les flics ne le sont pas davantage, on est revenu à une ère de régression
ou seule la violence constitue un langage. Violence ou armes et véhicules, la
carlingue, le métal, ont pris le pouvoir.
Dans pareil monde désolé – on ne
sait rien, superbe abstraction, des évènements qui ont conduit notre monde
civilisé à cet état de non droit mâtiné d’ultraviolence – le carburant c’est l’essence,
en avoir conditionne tout, c’est-à-dire la survie. C’est un peu roule ou crève
dans le désert, et à ce jeu il n’y a que des perdants.
Ce qui fait de Mad Max une
authentique réussite, au-delà d’un film de genre de haut vol, c’est que par
quelque bout qu’on le prenne il ne s’explique pas et se suffit à lui-même,
objet filmique difficilement identifiable ou explose le talent du tout jeune
metteur en scène. Les lois habituelles de la dramaturgie sont à peine utilisées,
on est vraiment dans du cinéma pur qui tel un bolide fonce à toute allure sans
nous laisser une seconde de répit. Et nous laisse à la fin aussi épuisés que déroutés
face à ce à quoi on vient d’assister, accrochés à nos fauteuil et comme précipités
dans cet univers ou l’humain n’a plus sa place. Ça s’appelle un électrochoc, et
qu’importe que cela soit parfois désagréable, le cinéma c’est aussi cela.
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