Séverine est l’épouse très réservée
du brillant chirurgien Pierre Serizy. Sous ses airs très prudes, la jeune femme
est en proie à des fantasmes masochistes qu’elle ne parvient pas à assouvir
avec son mari. Lorsque Henri Husson, une connaissance du couple, mentionne le
nom d’une maison de rendez-vous, Séverine s’y rend, poussée par la curiosité.
Elle devient la troisième pensionnaire de Mme Anaïs, présente tous les
jours de la semaine de quatorze à dix-sept heures, ce qui lui vaut le surnom de
« Belle de jour ».
Deuxième film français de l’espagnol
Luis Buñuel après Le journal d’une femme
de chambre d’après Octave
Mirbeau, Belle de jour est l’adaptation
par Buñuel et celui qui deviendra son scénariste attitré jusqu’à son dernier
film Jean-Claude Carrière d’un roman bourgeois et érotique de Joseph Kessel.
Que l’ami des surréalistes va totalement déconstruire pour en faire une œuvre éminemment
personnelle, ou le réel paraît irréel et l’irréel – à savoir la fantasmagorie
masochiste d’une bourgeoise ici traitée comme une actrice star de cinéma, à la
fois objet et metteur en scène de ses fantasmes - réaliste.
Les éléments fétichistes étranges semés
ici et là dans la partie traitant de la fantasmagorie de cette héroïne qui fait
penser à la Marnie d’Hitchcock – la blondeur de Deneuve étant la même que celle
de Tippi Hedren – permettent en effet de questionner la pellicule. Ce que nous
voyons de Séverine et de la réalisation de ses désirs – la maison close, la
prostitution, les clients, le fait d’être attachée nue à un arbre et fouettée –
est-ce réel, est-ce vrai ou est-ce la recréation onirique de ceux-ci ?
Belle de jour, son nom de scène de prostituée de luxe pour bourgeois en mal de
transgressions, n’est pas, telle que la filme Buñuel, un être à part entière avec
un corps mais une addition de parties, un kaléidoscope, une projection pure. Le
dos, les pieds, la nuque – comme isolés les uns des autres dans le cadre.
Les scènes dites réalistes
surprennent par leur irréalisme, et rendent les fantasmes plus vrais que le
vrai. Toujours aussi mordant envers la haute bourgeoisie, ce diable ricaneur de
Buñuel en fait une comédie théâtralisée au possible tel un théâtre no codifié à
l’extrême, ou le ton des voix, la posture des corps, tout sonne faux. Loin de
vouloir traduire la société française des années soixante, l’espagnol semble l’avoir
figée dans le passé de la belle époque, celle du roman de Kessel. Les robes et
tenues créées pour l’héroïne par Yves Saint Laurent, loin de fixer cette dernière
en 1966, l’enveloppent d’atemporalité. Séverine telle qu’elle se montre, se
donne et s’abandonne, ressemble à une abstraction pure, telle une poupée qui
est à la fois salie et toujours propre, et absente à ce qui lui arrive, a ce qu’on
lui inflige, à ce qu’elle appelle. Une image, une figure, et une coquille vide.
Un objet surréaliste, en somme !
Malheureusement tous les films dont tu nous fais l éloge par tes textes ,ne sont jamais portés à l écran ( je parle de la programmation télévisuelle ) ils préfèrent nous diffuser leur merde de Joséphine ange gardien ect ..! A quand une véritable volonté de culture cinématographique sur nos chaînes..j ai perdu espoir ..pour voir tous ses superbes films il faut sortir la carte bleue et nous n avons pas tous mes moyens de le faire ..C est vraiment navrant pour les jeunes générations. Bises VR
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