1964, un an après l'assassinat de Kennedy, deux après l'affaire des missiles de Cuba ou le monde est passé à un cheveu de la troisième guerre mondiale, et en pleine guerre froide avec le bloc soviétique. Obsédé par la folie des dirigeants du monde, et notamment ceux du bloc occidental, Stanley Kubrick imagine avec son scénariste une comédie hénaurme ou, sur fond d'enfantillages belliqueux, les têtes politiques et militaires des Etats Unis, lancés dans un western mondial autour de la perte de leurs capacités sexuelles, s'en vont droit dans un ballet de lancements de bombes nucléaires. Et où l'ogive elle-même symbolise en effet pas mal de choses.
La parabole de la virilité
– perdue, à reconquérir – est bâtie sur une accusation faite à l'ennemi communiste qu’on accuse de tous les maux, y
compris d'empoisonnement. Le film d'ailleurs s'ouvre sur
un accouplement, celui d'un avion bombardier
et d'un avion ravitailleur. L'expression s'envoyer
en l'air prend alors tout son sens, et le
film multipliera à l'infini des allusions
sexuelles désopilantes – la base Laputa...
Le fameux Docteur
Folamour, gagné par la paranoïa, est un ancien nazi qui a intégré les services
de l'armée américaine. Génialement interprété par un Peter
Sellers enfin canalisé par un réalisateur de génie qui parfois le laisse
fonctionner en improvisation et donc en roue libre, Folamour est un clin d'œil malicieux à la secrète opération Paperclip d'infiltration d'anciens
dignitaires nazis. On le voit, Kubrick n'hésite
pas à faire le lien entre Allemagne hitlérienne et USA, entre folie nazie et
folie américaine. Le biais de la comédie la plus déjantée qui soit permet de
faire passer habilement la pilule dénonciatrice de la folie de ces hommes aussi
infantiles qu’infertiles qui utilisent l'arme
atomique et la menace comme des substituts à leur absolue impuissance. Rarement
critique du pouvoir des puissants qui nous dirigent avait atteint pareil niveau
d'insolence.
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