Il
se tient coudes relevés face à la toile. Derrière, de coté, l'homme l'observe,
bienveillant, et voit le geste se poser exactement à l'endroit juste, le trait
se lance, il n'y a pas eu une once d'hésitation.
Peter
sent, Peter sait, Peter a cet œil, lequel fait obéir la main, la fait courir,
voltiger.
L'ami
mentor et le maitre, le maitre pour quelques mois ou quelques années, car l'élève,
le maitre le sent, le maitre le sait, et l'ami s en satisfait, va un jour dépasser
le maitre et voler de ses propres ailes.
Peter
a terrassé le Capitaine Crochet, Peter a su conserver sa part d'enfance, dont
il a fait bien des œuvres, dans des genres différents. Peter est tout sauf
infantile. En quelques petites années l'évolution, constante, vers un art plus
adulte, quitter quelque peu les mangas, la BD, l'illustration pure pour la représentation
de l'autre, sa transcription. Là ce sont des garçons, des hommes, mais demain
ce sera au moment venu aussi des femmes.
Peter
a besoin de temps, Peter ne contrôle rien, il maitrise, il a vaincu le Capitaine
Crochet, il porte l'enfant intérieur, l'adulte se découvre progressivement.
Peter
aime bien les enfants perdus, mais Peter n'est pas perdu, il sait précisément
ou il va, sa voie, sa route, ses pouvoirs quelque peu magiques, il le fait avec
humilité et constance, il n'annonce pas, il fait, et c'est allé non pas vite
mais droit. Peter a son rythme, personne ne lui intime d'ordre, dans les airs
son vol est léger, à terre tout autant, voix douce, distance respectueuse,
toujours un peu de coté, dedans et dehors – se mêle sans se confondre, voit
juste, ne s'engage pas à la légère, se tient à distance des tracas, ne juge
pas, ne se mêle pas de la vie d'autrui, est a sa place, la tient bien.
Peter
est convoité, reluqué, désiré, il n'en joue pas, il le sait, il fait avec, s'appuie
parfois sur, pour son art et son art seul. Il est là parmi tous pour ca, ne
joue pas dans une petite cour, est venu, saura sans doute à un moment prendre
du champ et aller ailleurs, la ou l'horizon est plus vaste, quand le moment
sera venu.
Peter
a fait un petit tour au bar des enfants perdus, s'est fait photographier trois
fois, les clichés le montrent avec eux et détaché, il perce l'image, la rend
distincte de toutes les autres images, l'être est dedans, bel et bien dedans,
Peter ne jouait pas, il était là, debout sur un bout de trottoir, sourires
aux lèvres et regard bleu clair, songeur …
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