Les deux frères partirent à l'aube à pied et prirent le chemin d'une rivière, à une demi-heure du
chalet. Là, Charles sortit crayons et bloc à dessin, et invita son frère à se dénuder.
« Là, sur le rocher, au centre.
-
Tu as une idée pour la pose
-
Fais comme tu le sens
-
Envie de faire male, en fait.
-
Ca mon grand suffit juste d'être.
-
Merci petit frère ».
Le jour venait de se lever et un timide rayon de soleil vint éclairer le visage de Pierre. Son
regard de feu fixait son cadet.
« Tu me troubles Pierre.
-
T'es troublé, j'y peux rien.
-
Je sens que … après …
-
Si tu veux, on a la journée.
-
Une fois achevé ton portrait alors. Sauvage. Tu
seras sauvage. Fougueux.
-
Te faire gémir petit salaud. Comme au bon
vieux temps
-
Ah inceste, quand tu nous tiens !
».
Otant à son tour ses vêtements, Charles se posta nu face
a son ainé et,
disposant ses crayons autour de lui, s'élanca sur la page blanche.
« Ca va t'es
inspiré !
-
Toujours quand je m'y mets. Si ca vient pas de suite
autant rentrer chez soi.
-
Marrant comme processus.
-
Ca s appelle l'inspiration.
-
Dis, mais t'as la gaule petit salaud !
-
Ca aussi ca s'appelle l'inspiration, fit Charles sans se démonter et en continuant à tracer
sur la page.
-
Première fois que tu me tires le
portrait.
-
Faut un début à tout. Ecarte un peu plus tes
cuisses tu veux …
-
T'as envie de mater toi.
-
L'utile et l'agréable …
-
Amoureux de son frangin.
-
Amoureux non. Je t'aime c'est tout.
-
Pareil ».
Ils apercurent au loin une biche qui se rapprochait de l'eau.
« On se croirait dans Blanche Neige, sourit Pierre. Juste
avant qu'elle
se fasse violer par les arbres.
-
Tout un programme. Et toi t'es le bucheron bien sur …
-
Et toi la petite princesse toute
innocente.
-
Vachement innocente ta princesse.
-
T'as toujours été aussi coquinou.
-
Oui. J'aime ca, j'aime jouer. J'aime vraiment.
-
Tu me raconterais tes délires.
-
Non, ca c'est pour Laure.
-
Elle apprécie je parie.
-
Plus gourmande ya pas.
-
Bah … Suzanna.
-
Pas pareil. Suzanna c'est une grosse cochonne. Laure
elle, elle est pas cochonne mais jouisseuse.
-
Au fond les couples sont bien
assortis au lit aussi.
-
Oui. Bah voilà, t'es en rut.
-
Ben oui petit coquin. L'idée de te chevaucher tout-à-l'heure.
-
Chouette qu'on s'autorise ca de temps à autre avec
l'assentiment
de nos belles.
-
Elles gouinassent aussi t'inquietes
-
Je sais, j'ai déjà assisté.
-
Nan ! Putain salaud, et moi
alors.
-
T'étais trop bourré t'as tout oublié ».
Il devait être près de dix huit heures quand Pierre,
se redressant enfin de son rocher, commenca à se rhabiller. Le ciel, lentement,
s'obscurcissait,
le soir serait tombé d'ici une demi-heure. Charles avait
toute la journée depuis
le petit matin dessiné,
plusieurs croquis déposés à ses pieds, plus d'une vingtaine, des acquarelles, au
crayon, au fusin, au pinceau. Il semblait reveur et regardait les cieux, le
regard clair.
« Pas trop exténué petit frere.
-
Nullement, bien au contraire.
-
Tu as été sacrément inspiré.
-
TU m'as inspiré
-
Voyons ca .. », fit son ainé en se rapprochant et en s'agenouillant.
Pierre se saisit un à un des dessins, les observa un à un
avec attention, jetant parfois un coup d'œil en direction de son cadet.
Inspirant profondément,
il posa sa main sur son épaule.
« C'est
très troublant, Charles …
-
Ah tu trouves …
-
Si peu figuratif, et pourtant … C'est comme si tu traduisais par
plusieurs angles ce qu'est
mon ame.
-
Je ne saurais te dire. Je ne sais
pas théoriser
…
-
Ces lignes, ces lignes
harmonieuses, celles de mon corps, tu vois. Comme le ressac des vagues, des frémissements du dedans … J'y vois comme des tourbillons contraires
…
-
Ma main ne m'obéit pas tu sais, quand je dessine c'est à peine si je la regarde. Je
me plonge, en toi j'imagine,
et je suis le flux …
-
De mon visage tu extrais les
ombres …
-
Et le regard …
-
Oui le regard … Et celui-ci
parfois …
-
Fait mal.
-
Parfois oui. Pas toujours … Les
deux versants, ombre et lumiere, feu et eau … Oui Charles oui. C'est bien moi. C'est bien moi ».
Il fondit sur son cadet et le fit choir à terre, allongé sous son poids.
« Je fais te donner à présent un plaisir infini o mon
frère. Je vais t'aimer.
Je vais t'aimer.
-
Je suis à toi, je me laisse faire.
-
Te prendre, vigoureusement, avec
toute la douceur dont je suis capable. T'entendre gémir, sentir tes moindres frémissements.
-
Jusqu'à me faire jouir. Et jouir en moi.
-
Nous serons tels des chats, mais
silencieux, il n y aura point de cris, point de démonstrations, nos rales se
confrondront avec le bruissement des feuilles. Ne retiens rien, mon beau, ne
retiens rien, donne-toi, donne-toi à moi ».
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