Quand
on a fait ses classes dans des écoles chrétiennes puis à Saint Cyr, on connaît
son histoire de France. Pas celle que l'on
apprend sur les bancs des écoles de Jules Ferry, non, la vraie, celle de la
fille ainée de l'Eglise et de son
ennemi héréditaire d'outre Manche. C'est avec ce prisme que je pus une fois
posé un pied sur le sol d'Angleterre définir et
connaître la ligne qui fut et demeura mienne jusqu’au bout. Ne jamais céder.
Composer parfois si nécessaire, mais maintenir fermement sa position. Les
anglais, ce Lord Halifax par exemple, s'opposaient
à De Gaulle, entendaient le circonscrire, l'utiliser
tel un pantin. A leurs yeux Giraud était plus malléable, ils l'auraient préféré mille fois comme
interlocuteur. L'appel du 18 juin, ils
n'en voulaient pas, de
peur d'effrayer Pétain, ils
me firent biffer une phrase, je dus accepter, c'était le prix de la liberté.
Je
fis là-bas la connaissance de la Reine d Angleterre, cette Elizabeth dont je
vis quelques clichés, enfant, faire le salut nazi. Le duc d'Edimbourg, tout-à-fait complaisant
envers ce monsieur Hitler. Leurs firmes, les firmes américaines, certaines de
France également – le patronat, ces pleutres, firent commerce tout du long avec
le régime nazi, lequel put prospérer grâce à eux et lever une armée contre
nous. Tout cela était présent à mon esprit lorsque respectueusement je fis une révérence
toute protocolaire.
La
couronne d'Angleterre, nos
livres d histoire me l'apprirent jeune, fut usurpée
par les Windsor. Ceux-ci ne durent leur rang qu’à leurs compromissions avec les
usuriers, ce que la Sainte Bible proscrit. La lutte acharnée de l'Angleterre contre la France, c'est ca, la source est ici et pas
ailleurs. Je sus donc que je m'étais refugié dans le
nid même du mal, chez ceux-là qui avaient financé pour grande partie notre
ennemi du jour, lequel n'était qu’un pantin
que l'Histoire balayerait.
Churchill,
Dieu que cet homme était complexe, nous passâmes des jours et des soirées
ensemble à dialoguer, à nous jauger, à négocier. Diable d'homme, grand amateur d'alcools forts et que l'ivresse ouvrait à davantage de sincérité.
Nos relations furent aussi orageuses que passionnantes, j'étais là face à une stature d'exception, à un homme roué, malicieux,
pas dupe, et aussi capable de chaleur. A ses cotés je pouvais parfois mettre
cartes sur table et tonner de la voix, tonner un refus, le regarder droit dans
les yeux et attendre le petit sourire à la commissure des lèvres, signifiant un
tardif acquiescement. Je fus béni d'avoir
eu cet adversaire, il fut d'une grande qualité et
m'aida finalement
souvent bien plus que je ne l'aurais cru.
J'eus par contre davantage de mal avec
Roosevelt, que je vis peu. Un franc-maçon, d'un
grade élevé, sur de lui, idéologue à ces heures, et à mon sens sans racines véritables
si ce n'est idéologiques, c'est-à-dire pas grand chose. Son New Deal,
je lui avais alors signifié, ne pouvait qu’entrainer un retour de balancier, ce
qui eut lieu lors du maccarthysme. Trop prendre au haut du panier, c'est s'assurer d'une vengeance, et celle-ci fut terrible
contre les américains.
J'ai envers ce peuple d'outre atlantique un authentique
respect, en même temps je ne puis faire autrement qu’adopter une certaine forme
de condescendance à leur égard. Leur chaleur humaine m'est toujours apparue comme une marque d'adolescence, le rêve qui est le leur
fut bâti sur un génocide, leur histoire, fort récente, est mensongère. L'arbre n'a donc pas de racines profondes, et
celles-ci sont mal irriguées, ce qui explique ce décalage entre le verbe et le
sens, cette difficulté qu’ils ont à prendre de la hauteur sur l'instant et par rapport à eux-mêmes. Ils
sont fort doués, fort roués pour les affaires, et se mêlent bien trop des
affaires des autres, de celles de la France, que dès 1944 ils ont tenté d'annexer, culturellement surtout. Ce à
quoi je me suis opposé de toutes mes forces, refusant cette Europe vassalisée qu’ils
nous préparaient pour lui substituer une Europe des Nations. Cela, je le
compris aussitôt, était à leurs yeux une déclaration de guerre, de même le
refus de rentrer dans le commandement intégré de l'OTAN, cette chose … La France, la
France éternelle, la fille ainée de l'Eglise,
sous commandement américain, moi vivant, jamais !
Je
fus donc leur ennemi, leur ennemi selon leur logique guerrière, car à mes yeux ils
n’étaient pas les ennemis de la France en soi, ils l'étaient, ils le devenaient par leurs
actes par-en-dessous, mais je leur opposai un dialogue, ma porte, la porte de
De Gaulle, la porte de la France, leur était tout autant ouverte qu’à l'URSS ou à la Chine de Mao. La France
parle à tous, la France parle à chacun, et la France, la voix de la France, ne
se confondent avec personne.
Ainsi,
ma chère Yvonne, ai-je du mieux que je pus tenté d’incarner tant bien que mal
ce grand pays sur le sol duquel, dans cette belle ville de Lille, je suis né.
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