samedi 7 juillet 2018

La rhétorique de Christiane Taubira



C'est la deuxième, celle de Schoelcher, Lamartine, Arago, de Louis Blanc et bientôt d'Hugo, qui stabilise le triptyque lyrique et magique de la devise républicaine. La fraternité ne se conçoit pas hors la liberté et l'égalité qui, sans elle, ne savent même pas faire lien entre elles.

Ainsi débute la nouvelle tribune de Christiane Taubira au sujet du délit de solidarité retoqué par le Conseil Constitutionnel. Pas moins de 5 références littéraires en deux lignes, tout de suite ca vous pose le locuteur, l'écrivaine pardon, l'auteure comme disent les snobinards. Le reste – la suite du texte, pas trop long pour une fois – est à l'avenant. Du Name dropping pour bibliophiles, enrobé de bons sentiments et de grandes valeurs humanistes. Du pur Taubira dans le texte.

L'ex garde des sceaux, reconnaissons lui cela, est lettrée et pas qu’un peu, elle tranche sur le tout venant, manie extrêmement bien la langue française, c'est-à-dire une forme tout à fait originale de langue de bois bienpensante, faite de grandes envolées lyriques parfois superbes sur la forme et de citations d'auteurs en veux-tu-en-voilà. Aime Césaire à la rescousse du mariage gay, je ne sais si tous les auteurs aimeraient être ainsi être récupérés mais ma foi ils font partie du patrimoine, c'est donc autorisé, ca assomme littéralement l'adversaire, bien incapable à son tour de lui opposer pareil savoir et autant de citations sues par cœur.

Madame Taubira, figure politique indéniablement pas comme les autres, adulée par les uns, haie par d’autres jusqu’à la pire vulgarité – guenon, franchement mais quelle honte d'entendre ca – s'appuie sur la littérature pour faire avaler sa sauce, c'est très rusé, très malin, très efficace. Elle a en bouche des mots si beaux, comment avec ca faire autrement que d'y lire de belles intentions …

Justement, parlons-en, de cette rhétorique pour bobos naïfs. Madame Taubira, peu amène dans les relations professionnelles à en croire ses équipes de toujours, est une femme politique de métier qui a de la bouteille. Et donc l'art de faire passer la pilule, de briller plus qu’autrui, de se faire repérer, respecter même par certains de ses adversaires, ce qui n est pas rien. Mais cela reste de la rhétorique et de la rhétorique pure. Un art de discourir et rien de plus. En se drapant dans une grande culture littéraire, en se revêtant des atours de nos plus grands auteurs. Ce que n'est en rien Madame Taubira, même si indéniablement elle écrit bien, très bien même.

Sauf que ce n'est pas son métier, juste un talent qu’elle maitrise à merveille, pour attirer à elle ou cliver. Sur les migrants – multirécidiviste de l'appel à la générosité populaire et aux bras ouverts fraternellement. Appel au peuple qu’elle ne s’applique guère. Car combien de migrants accueille t-elle à titre individuel dans sa spacieuse résidence guyanaise – aucun.

Faites ce que je dis, faites pas ce que je fais. Typique de la politique. Voilà ce qui reste quand on ôte son plumage au bel oiseau. Des mots. Du flanc. Madame Taubira dans les faits ne fait pas mieux que Laurent Wauquiez. Elle fait de beaux mots, de belles phrases. Elle ne fait que ca.

Or sur le sujet – toute la misère du monde et donc en particulier celle des migrants – mille choses pourraient être faites par la dame, je veux dire autre chose qu’une tribune grandiloquente et quelque peu culpabilisante. Donner son temps pour aller sur place les aider. Monter une association. Leur filer des fringues.

Sauf que la aussi – rien. Les voilà bien rassurés les pauvres migrants. Recouverts de mots, de belles paroles. C'est-à-dire utilisés et récupérés. Par Madame Taubira comme par tous ses collègues politiciens de tous bords.


1 commentaire:

  1. "Madame" pourrait donner des cours de français, lettrée comme elle est, à ces pauvres migrants .... ou à ses compatriotes guyanais, qui ont peine à se faire comprendre quand les Médias les interrogent ...

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