C'est la deuxième,
celle de Schoelcher, Lamartine, Arago, de Louis Blanc et bientôt d'Hugo, qui
stabilise le triptyque lyrique et magique de la devise républicaine. La
fraternité ne se conçoit pas hors la liberté et l'égalité qui, sans elle, ne
savent même pas faire lien entre elles.
Ainsi
débute la nouvelle tribune de Christiane Taubira au sujet du délit de solidarité
retoqué par le Conseil
Constitutionnel. Pas moins de 5 références littéraires en deux lignes, tout de
suite ca vous pose le locuteur, l'écrivaine pardon, l'auteure comme disent les
snobinards. Le reste – la suite du texte, pas trop long pour une fois – est à l'avenant. Du Name
dropping pour bibliophiles, enrobé de bons sentiments et de grandes
valeurs humanistes. Du pur Taubira dans le texte.
L'ex
garde des sceaux, reconnaissons lui cela, est lettrée et pas qu’un peu, elle
tranche sur le tout venant, manie extrêmement bien la langue française, c'est-à-dire une forme tout à fait originale de
langue de bois bienpensante, faite de grandes envolées lyriques parfois
superbes sur la forme et de citations d'auteurs en veux-tu-en-voilà. Aime Césaire
à la rescousse du
mariage gay, je ne sais si tous les auteurs aimeraient être ainsi être récupérés
mais ma foi ils font partie du patrimoine, c'est donc autorisé, ca assomme littéralement
l'adversaire, bien incapable à son tour de lui opposer pareil savoir
et autant de citations sues par cœur.
Madame
Taubira, figure politique indéniablement pas comme les autres, adulée par les
uns, haie par d’autres jusqu’à la pire vulgarité – guenon, franchement mais
quelle honte d'entendre ca – s'appuie sur la littérature pour faire avaler sa
sauce, c'est très rusé, très malin, très efficace. Elle a en bouche des mots si
beaux, comment avec ca faire autrement que d'y lire de belles intentions …
Justement,
parlons-en, de cette rhétorique pour bobos naïfs. Madame Taubira, peu amène
dans les relations professionnelles à en croire ses équipes de toujours, est
une femme politique de métier qui a de la bouteille. Et donc l'art de faire
passer la pilule, de briller plus qu’autrui, de se faire repérer, respecter même
par certains de ses adversaires, ce qui n est pas rien. Mais cela reste de la rhétorique
et de la rhétorique pure. Un art de discourir et rien de plus. En se drapant
dans une grande culture littéraire, en se revêtant des atours de nos plus
grands auteurs. Ce que n'est en rien Madame Taubira, même si indéniablement
elle écrit bien, très bien même.
Sauf
que ce n'est pas son métier, juste un talent qu’elle maitrise à merveille, pour
attirer à elle ou cliver. Sur
les migrants – multirécidiviste de l'appel à la générosité
populaire et aux bras ouverts fraternellement. Appel au peuple qu’elle ne s’applique
guère. Car combien de migrants accueille t-elle à titre individuel
dans sa spacieuse résidence guyanaise – aucun.
Faites
ce que je dis, faites pas ce que je fais. Typique de la politique. Voilà ce qui
reste quand on ôte son plumage au bel oiseau. Des mots. Du flanc. Madame
Taubira dans les faits ne fait pas mieux que Laurent Wauquiez. Elle fait de
beaux mots, de belles phrases. Elle ne fait que ca.
Or
sur le sujet – toute la misère du monde et donc en particulier celle des
migrants – mille choses pourraient être faites par la dame, je veux dire autre
chose qu’une tribune grandiloquente et quelque peu culpabilisante. Donner son
temps pour aller sur place les aider. Monter une association. Leur filer des
fringues.
Sauf
que la aussi – rien. Les voilà bien rassurés les pauvres
migrants. Recouverts de mots, de belles paroles. C'est-à-dire utilisés et
récupérés. Par Madame Taubira comme par tous ses collègues politiciens de tous
bords.
"Madame" pourrait donner des cours de français, lettrée comme elle est, à ces pauvres migrants .... ou à ses compatriotes guyanais, qui ont peine à se faire comprendre quand les Médias les interrogent ...
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