mardi 31 juillet 2018

Carnets de voyage intérieur en ce monde - Santa Teresa, Rio



Nous quittons Paris par cet après-midi du 5 novembre 2016 ou il fait froid, 25 kilos de bagages chacun plus Shadow, arrivons a Orly, embarquons le coeur léger et arrivons trois heures plus tard de nuit à Casablanca, ou une navette nous conduit à un 3 étoiles pris en charge par la compagnie Royal Air Maroc. Là, une femme sénégalaise en tenue locale bleu azur avec boubou, je fais le show avec elle dans la navette, nous rions à gorge déployée.

L'hotel, splendide, a un patio avec piscine et tables de restauration, nous nous baignons, dinons rapidement et allons chacun dans ce qui sera la seule chambre de luxe que nous aurons connu depuis. D'ou je réserverai l'auberge de jeunesse à Santa Teresa, le Montmartre de Rio de Janeiro ou j'avais dééffectué deux séjours.

L'avion redécolle, bondé, le lendemain vers 11 heures et nous atterrissons vers 18h30. Les couloirs de l'aéroport, totalement modernisé depuis mon dernier voyage trois ans plus tot, n'en finissent plus, on perd beaucoup de temps à cause des certificats du chat, puis on finit par monter dans un bus ou immédiatement je fais la connaissance de William, brésilien habitant Santa Teresa et qui nous propose de partager gratuitement son taxi. La baraka.

L'auberge de jeunesse, un bonheur, des jeunes, de toutes nationalités, une chanteuse à la guitare qui sussure du Amy Winehouse, un black de Marseille adorable, accueil aux petits oignons, on s'installe dans un dortoir, Shadow a sa caisse sur une petite terrasse ne lui permettant pas de s'enfuir.

J'emmène à compter du surlendemain Néo à Ipanema, et lui délivre tous les meilleurs conseils. Vu le nombre de vols et d agressions, zéro objet de valeurs, pas de VISA, des fringues banals, pas ou peu de cash. Le lendemain, oubliant mes recommandations, il se fait dérober tout, visa, Iphone dernier cri, cash, tout. Puis deux jours après fait tomber au sol le PC portable que je lui avais offert, qui meurt. La loose absolue. Le voila sur les nerfs, et nous obligés de jongler et d'emprunter en attendant – presque un mois – une visa, la mienne, que j'avais commandée, m'étant fait dérober la mienne  … la veille du départ.

On parvient vaille que vaille à obtenir du crédit et tout ce dont on a besoin, en se débrouillant, pendant un mois. J'emprunte, je rembourse, à l'infini, ca passe tout juste mais ca passe.

L'humeur, la mienne, est au beau fixe. Pour la première fois de ma vie je me suis rasé le crane, comme un reboot. Je rencontre des gens formidables, sors avec eux, jamais les mêmes que Néo, on se retrouve aux apéros, lui sort bien plus et bien plus tard que moi.

Un groupe du Texas, un groupe de type jazz endiablé avec saxos et trompettes, débarque, tous les soirs concerts privés, festival de musiques, on les suit dans Rio, attroupements monstres, tout le monde danse, la fête absolue. C'est à mes yeux le sas, Rio, je connais bien, partir sur du connu pour ensuite bouger et s'enfoncer des années dans l'inconnu. Depuis là-bas je n'écris pas une ligne mais publie beaucoup sur Facebook, photos et textes, un peu d'actu mais rien à voir avec ce qui va suivre. Les théories du complot ca viendra après, là, c'est sea sex and sun – enfin, sexe, une fois à l'arraché, vraiment pas la tete à ca, j'en ai un dans mon coeur, ca me suffit, pour dans plusieurs années. On fait ca de nuit dans une ruelle, à un moment un type surexcité et hurlant nous fonce dessus avec une carabine, on détalle à cent à l'heure, il tire et rate son coup, je suis mort de rire, cette ville est remplie de tarés même pas cap de viser. Le petit gredin qui m'avait fait du rentre-dedans, lui, est sous terre.

Le soir caipirinhas, ca saoule délicieusement et bien, on s'assomme avec ca, je dors comme un loir et me réveille tot, j'effectue des échanges à deux ou trois pas plus, des jeunes, beaucoup plus jeunes que moi, avec qui le contact flashe instantanément. Je sens que mon parcours, mon projet, mon style, tout ca éveille plus que de la curiosité chez certains avec qui je parle des heures durant, eux aussi rêvent de ca, larguer les amarres pour de bon. Certains vont j'en suis certain y parvenir.

La CB enfin est arrivée après mille complications et retards, bloquée une semaine à Sao Paolo, ici a chaque étape il faut tout vérifier, les erreurs humaines et les vols abondent dans toutes les administrations. On paie ce qu'on doit et on file en Uber au central des bus, direction Araial do Cabo au sud, petite station balnéaire tres connue.

On est restés un mois tout rond.


Motion de censure, tapez 1, tapez 2



Phiphi en protège-monarque, Edouard Philippe à la rescousse face aux oppositions liguées avec leurs deux motions de censure tout justes faites pour chier des mots et faire vendre du papier. Qui les accuse de vouloir salir l'état en la personne de Macron, lequel, comme Jupiter, c'est bien connu, est l'incarnation suprême de la France voire bien davantage, un Dieu de l'Olympe sorti de sa propre cuisse.

Allant jusqu'a accuser les oppositions de déverser des théories du complot – rien que ca – en mêlant l'affaire Benalla de responsabilité du sommet – une évidence niée par le fringuant Premier des ministres. Responsabilités individuelles, nous on a les mains propres, venez le chercher si vous êtes cap, vous ne l'atteindrez pas.

Philippe est sur de son coup, avec une assemblée à 75% derrière lui c'est comme Macron se défendant devant ses députés, risque zéro comme disent les assureurs. Mousquetaire mouchetant ses mouches adversaires, Philippe frappe dans le vide, et fait des mots, rien que des mots, toujours des mots. Paroles paroles …

Le théatre eut lieu, à heure dite la scène dite de la motion de censure dont on connaissait l'issue avant même le lever de rideau fut jouée, chacun fut dans son role, aucun rebondissement, des acteurs qui récitent leur texte par coeur, bons ou mauvais le salaire est le même, on reporte donc la révision constitutionnelle à la rentrée, on reprendra aussi la loi des fake news retoquée par le Sénat, on lui changera trois mots et ca passera.

L'illusion démocratique necéssite un castelet, une scénographie, des eclairages, et pas mal de Guignol et de Gnafron. La fin du spectacle est proche, Mesdames et Messieurs les députés s'en vont bientot vaquer à leurs congés sur deniers publics, pendant les débats certains allaient jusqu'à boucler les réservations sur les sites de voyagistes. 

Motion de censure tapez 1 tapez 2, voila c'est fait, faites vos jeux, hop, surprise, rejetée, au suivant.


Nous sommes l'horizon



Comment asservir une population mondiale, l'enchainer, la manipuler et à terme en faire des esclaves … Nos marionnettistes détenteurs, outre du capital, de tout le reste, ont mille facons d'y parvenir, assis sur leur Agenda 21 et regroupés chaque année depuis les années 50 au Club Bilderberg. Leur plan avance, vite, les nouvelles technologies et les dernières inventions – drones tueurs, intelligence artificielle, découvertes médicales et expérimentations Frankestein sur la procréation, effacement des sexes au profit des genres – vont à toute allure et les produits sont pour la plupart sur le marché. A commencer par le produit phare, la fameuse puce RFID.

S'y prendre dès le plus jeune age avec les vaccins. Lesquels contiennent en quantité des métaux lourds en surdose, affectant durablement des organismes par essence fragiles, créant des maladies dégéneratives irrémédiables pour beaucoup, et rendant les autres organismes bien moins résistants.

Ensuite, l'éducation ou plutot la déséducation. Baser les connaissances sur une histoire tronquée, faire de la propagande pro-système, abaisser le niveau culturel, introduire l'éducation sexuelle de plus en plus tot histoire de perturber en profondeur l'équilibre psychologique des enfants, introduire les wifis et les ondes toxiques dans les salles de classe – lesquels wifis ne sont pas présents dans les écoles pour gosses des ultra-riches.

Pour après, mix d'esclavage par le travail et la dette créée de toutes pièces et société de la distraction basée sur la compétition, l'égoisme, la vulgarité, la violence et la satisfaction de ses besoins immédiats. On paie pour simplement vivre, on cotise pour toucher une retraite, on paie des factures et des produits de plus en plus chers sur contexte de baisse de la qualité en tout. En clair on vit sur une illusion de confort comme sur un tapis glissant et on ne quitte plus un escalator qui jamais n'arrive à bon port.

Pour le reste l'élite complote pour que tout ce que nous consommions soit toxique puis rajoute via les chemtrails, le Linky, la 5G et autres une couche funeste détruisant les neurones. Alimentation aux OGM de la firme Mosanto, alluminum en surdose dans l'eau potable, taux de sucre explosant dans les sodas et les sucreries, fluor hyper toxique pour les neurones dans les dentifrices, médicaments créant des maladies, hopitaux publics nids à infections, traitements de type chimiothérapie tuant plus rapidement, EPHAD mouroirs etc.

Rajoutons à cela une manipulation absolue de l'information, candidats castés et financés, élections truquées, institutions violées et inopérantes, info spectacle, faits divers montés en épingle, vrais chiffres économiques biaisés, instituts de sondages créant des prophéties auto-réalisatrices, sujets majeurs tus, leaders d'opinion payés par l'oligarchie faisant de la propagande et du terrorisme intellectuel, mise en avant des médiocres et muselage des grands penseurs et artistes, esprit de compétition, règne absolu de la quantité, bien entendu piétinement des traditions culturelles, mise en avant des minorités, utilisation de ces dernières à travers l'acquisition de nouveaux droits pour masquer le fait de casser les droits socio-économiques de tous, grandes causes mensongères – écologie, préservation de la planète, antiracisme, lutte contre le sexisme, promotion des LGBT … Et destruction des pays par des vagues migratoires incensées ou ont ete glissés à dessein des meurtriers sortis de taule par des ONG appartenant à la Fondation Soros.

Le but, à peine avoué, est de rendre les gens crétins, d'éteindre en la calcifiant leur glande pinéale, et de créer un monde à la Orwell ou ce sont les citoyens esclaves qui luttent eux-mêmes contre les dissidents qui veulent les sauver et les livrent aux autorités.

L'apparition du cellulaire et des réseaux sociaux censés mettre du liant a évidemment eu pour conséquence de couper les canaux, c'est-à-dire d'isoler les gens dans leur bulle sous le prétexte fallacieux de les connecter les uns aux autres. Le sur-controle exercé par Fessebouc et autres matrices, leur permettant à notre insu d'archiver nos données puis  de les revendre pour faire du profit est donc bien l'antichambre d'une société de surveillance généralisée ou le surveillé a donné sans le savoir un accord tacite à son bourreau.

Le controle mental, cf le projet MK Ultra, peut sur une foule s'exercer aisément compte tenu des avancées technologiques actuelles. Mixez Linly, métaux lourds avalés, ondes de la 4G ou 5G, cellulaires, évidemment puce RFID plus tard et vous pourrez faire en sorte que des gens dans une foule, voire toute la foule entende littéralement des voix dans leur tête. Des meurtriers sont ainsi créés de toute pièce, les auteurs des attentats, ceux qui font des actes isolés, c'est ca. D'autres crimes également, commis sans raison par des êtres pacifiques et bons, et qui subitement se mettent à assassiner les leurs ou des inconnus. Semer la terreur, jouer sur la peur, la faire surgir de nulle part et frapper comme lors de la tuerie de Columbine fait partie du cocktail gagnant. Peur puis récompense, récompense puis peur, voir l'expérience de Milgram, la soumission à la blouse blanche quel que soit l'ordre, se référer aux comportements de salariés dénoncant sur ordres leurs collègues ou produisant des faux à leur encontre, simplement par incapacité à dire non à celui qui détient le pouvoir.

L'homme contemporain est devenu un humanoide, il se rapproche de plus en plus sans le savoir du robot, ne serait-ce que physiquement la globalisation a créé aux quatre coins de la planète des clones, les mecs se tatouent, se musclent, se coiffent comme des Marvel, s'habillent pareil, font les memes choses, vont tous voir le même film le même jour, celui que le système met en avant. Plus ils avancent en age et plus ils régressent. Les morts sont plus vivants que ces humanoides perdus et à cause desquels ce monde se meurt dans un aveuglement sidérant.

Les gens ne croient plus qu'en eux mêmes, l'argent a pris leur cerveau, ils ont oublié leurs racines, leurs philosophes, ils ne lisent plus, ils se contentent de vidéos gags et de picoler des bières en dansant comme des veaux sur de la soupe produite par les majors. L'alcool, les drogues, les psychotropes leur permettent de tenir leur rythme infernal, les dépressions et les suicides se multiplient, les vies sont vides de sens et s'échouent sur l'horizon creux du consumérisme sans foi ni loi.

Le monde, le notre, le leur plutot, se meurt, ils regardent ailleurs. Nous, nous avons les yeux rivés sur un horizon lointain et portons en nous une puissante lumière que ces chiens de dirigeants ne parviendront jamais à éteindre. Ce sera elle, cette lumière intérieure qui vient d'ailleurs qui demain les consumera dans les flammes de l'enfer. Ne perdons pas foi, retrouvons en nous toute la beauté du monde, observons la lueur dans l'oeil ébloui du nourrisson, dans la mine renfrognée du chaton quémandant le lait maternel. 

Car nous sommes legion et nous sommes l'horizon.


lundi 30 juillet 2018

Insta-Ken et Insta-Barbie



Je vis en mon reflet, je vis en mon miroir et me mire et m'y mire et m'y laisse mirer et admirer, moquer ah ca non jamais, fais ca et je te bloque gros vilain. Ma vie est un vide reflet, une projection de mon image sous mille angles, je n'ai rien fait et n'ai aucun projet, aucun talent sinon que me pixeliser, me photoshoper, multiplier mes reflets comme en une galerie des glaces infinie. Et tel Wharhol je surmultiplie un et un seul modèle et fais tourner la photocopieuse.

Je l'instagramme, m'insta-Ken, m'insta-Barbise, je suis le centre, le centre d'un univers tournant tel un derviche autour de mon nombril, un nombril dont le cordon ombilical pend entre mes deux jambes, je l'ai enroulé sur lui-même et caché au fond de ma poche trouée.

Je suis creux, je suis vide, je me sens vide, je projette ce vide et le disperse en hologrammes sur vos murs vituels, de ma bouche sortent des sons, d'aucuns appellent cela des mots, je chie des mots, en désordre, sans aucun sens, juste pour combler le vide, jouer le monde des apparences auquel faute de mieux, faute de structure, faute de repères, faute de père, je m'adonne et m'abonne. 

Insta-tanné, insta-bilité, instam-stram-gram, j'anime mon compte et le nourris chaque jour, je donne la ration quotidienne à mes 4500 followers, like leurs coeurs, leurs émoticonnes, leurs WOW, leurs T'es Beau T'es Belle, je parle cartoon, je parle comic streep, comme dans la chanson de ~Gainsbourg, de ma bouche en coeur sortent des phylactères, PAF, YEAH, BZZZ, GANNNG, j'ai le melon, je ne rentre plus dans les cases, je suis comme un manga qui a fui l'album, qui en a été comme chassé.




Carnets de voyage intérieur en ce monde - Shadow



Les chats ont sept vies. Et j'ai fini à tort ou à raison de me convaincre moi-même que Shadow, le chat de Néo, était la nouvelle incarnation de Spiro, mon chat noir magique, mort dans mes bras début novembre 2013. Un passage de témoin assez évident sur un plan spirituel. Shadow, tout aussi affectueux et dépendant de son maitre que l'était Spiro, c'est mon ange chat noir sans les peurs. Shadow est facile et confiant avec les humains, tous sans exception, également avec les autres animaux, ce que n'était absolument pas Spiro, ne laissant presque personne l'approcher et chassant vigoureusement les intrus à poils. Shadow, lui, est cool, avec lui tout le monde est bienvenue.

Je l'ai connu riquiqui, deux mois, petite boule de poils bondissante et authentique tête à betises, à Grandville, dans la collocation de Néo. Il était déjà craquant, d'une beauté incroyable, très expressif, fort drole, gaffeur, avec un regard pénétrant et une adorable bouille. Un sketch sur quatre pattes, sautant et bondissant en l'air très haut quand Néo le faisait jouer avec un laser rouge qu'il faisait apparaitre sur les murs. Et avec ca d'un pot de colle, le genre qui ne vous lache pas, qui rentre sous les couvertures pour en ressortir trente secondes plus tard, vous donne des coups de tête, vous marche dessus, saute, rebondit, tout un poème … de glu féline …

L'emmener fut une évidence, Neo l'avait trouvé tout près de chez lui, quelques jours et non sevré, en juin, c'était son petit, son enfant, et puis un chat autour du monde, quelle épopée, quelle saga. Je sentis que le chat, que ce chat-là si particulier, ne nous poserait aucune difficulté en soi, ce qui se vérifia. Dire qu'il est facile est un euphémisme, mis en soute d'autobus quinze heures d'affilée sans avoir mangé, quelques miaous et c'est bon. En plus, beau et noble comme il est, un bon gros pépère bien épais avec un regard extraordinaire et une fourrure de chartreux absolument splendide, idéal pour se faire repérer et apprécier. Il y eut bien quelques hoteliers pour nous interdire d'accès du fait du chat, mais ils furent peu nombreux, la plupart acceptèrent. De toutes facons Shadow est non négociable, c est le totem, le porte-bonheur, la mascotte et l'ange gardien.

Son surnom – je l'appelle bien plus souvent ainsi que Shadow – est Pitchou. Pitchou avec moi adore jouer, il feint griffes rentrées de vouloir me mordre, prend une tronche de gremlin, entoure ma main de ses pattes et fait mine de se débattre tandis que je le taquine, montre ses dents et lache des feulements, puis bondit oreilles dressées comme si j'embêtais Sa Majesté, avec une trogne à mourir de rire. Là, il se met à faire comme les danseurs de cité, il fait presque du moonwalking et prend des poses tordantes puis revient à la charge. C'est simple, il n'arrive presque jamais à me griffer ou alors trois fois rien, une entaille de rien du tout.

Etonnamment il miaule peu et ronronne encore moins, on l'entend à peine, il faut coller l'oreille au corps pour distinguer la cafetière en marche. Il est vraiment majestueux, d'une exquise élégance quand il se déplace ou s'étire, ses coussinets, il te les pose dans la main comme pour la serrer, il cherche le contact, te regarde intensément, puis comme s il'avait des problèmes de concentration se lèche sans raison apparente.

On lui fit faire, eh oui, du camping, et Néo le laissait toute la journée, au Paraguay, gambader librement dans un terrain ouvert. A deux cent mètres il y avait la route, pas sot Shadow n'y allait pas. On rentrait vers dix-sept heures et on apercevait émus le chat courir en notre direction jusqu venir se frotter aux jambes de Néo.

Sa relation avec Néo est d'ordre fusionnel. Ce fut lui qui le sevra, le chat le prend pour sa maman. La nuit il vient se coller sous sa barbe, il frotte sa tête et lappe l'oreiller, le regarder faire ca est extrêmement émouvant, on sent le manque, comme s'il tétait, l'instinct, là, dans ces moments il redevient un chaton abandonné, il m'est arrivé de pleurer, quelques larmes, en le regardant faire ca.

Shadow, ombre, sombra en espagnol est un ange de lumière, bienveillant. Nous venons depuis quelques jours de recueillir un tout petit chaton, chartreux lui aussi, orphelin lui aussi, la copie de Pitchou en mode de poche. Je m'en occupe et lui donne chaque jour quatre fois sa ration de lait entier avec du jaune d'oeuf, le petit a fait une fixette sur moi et dort contre moi comme un bébé. La manière délicieuse avec laquelle Shadow le traite, il le lèche, est extrêmement doux et attentionné, le laisse lapper sans aller à sa gamelle, l'observe à distance puis s'en va à sa rencontre et frotte son museau sur le sien – ce spectacle si touchant, un orphelin chartreux de deux ans qui prend soin du même agé de deux semaines, est un pur bonheur.

Shadow, je le sais, vivra vieux. Il a un role clef dans la vie de Néo, qu'il va accompagner longtemps, et dans la mienne aussi. Je l'appelle mon neveu et suis heureux de l'avoir à nos cotés, cela me dispense d'en avoir un autre, quand ils décèdent c'est un tel crêve-coeur, j'avais accompagné Spiro jusqu'aux derniers instants, il est mort allongé sur moi, son regard plongé dans le mien à moins d'un mètre et sa patoune dans ma main. Le re-trouver dans une autre enveloppe – pure joie de la vie.