La comédie humaine - Les poil-dans-la-main

Les poil-dans-la main sont des paresseux qui n'ont rien de commun avec les koalas et les chats, hormis le poil en question, qu'ils lissent et étirent jusqu’à midi entre deux bâillements. Hermétiques à tout effort, ces ballots que la pensée d'agir fatigue procrastinent à fond les ballons avec clope au bec et console de jeu fixée à l'oreillette. Tant vantés par Claire Bretécher, ces ados sans age de toujours passent en deux heures du lit à la kitchenette, baillent, s'asseyent pour souffler, gobent quelques cacahouètes, saisissent le portable et raccrochent avant même d'avoir composé un numéro.

Etre use, être fatigue, bouger n'en parlons pas. Au bureau – quand la vie les contraint à prendre un travail – ils ont trouvé la place peinard à coté de Monique la secrétaire vieille fille qui leur trouve un air sympa et à qui ils refilent en loucedé leurs taches. Faut ce qu'il faut, la machine à sodas est à deux pas, c'est tentant.

Les poil-dans-la-main se trainent d'idée en envie et de désirs en ennui. Faire – oh mon Dieu, je préfère ma couette, laissez-moi rêvasser, cinquante chaines sur le câble, ca suffit pour emplir une vie. Faire les courses – par internet –, le ménage – une fois le mois -, la vaisselle – du carton qu'on jette -, l'amour – ca m'endort, même ma main a des crampes au bout de 30 secondes…

Les acariens sont mes amis, la poussière et les toiles d'araignée aussi, ainsi que le tartre sur la cuvette, l'eau moisie sous l'évier, les odeurs de chaussettes sales dans le panier à linge. Sans parler des factures en retard, la simple idée de remplir un chèque, de réécrire l'adresse sur l'enveloppe, et de descendre – ouah je baille – acheter des timbres … Et puis … l'ascenseur en panne …

Dans ma tête je vis et velléite à fond, ca suffit, j'ai fait le vide, les autres ca fatigue, mets-le ou tu veux ton manteau Lucie, NAN j'ai pas de cintre, NAN j’ai pas de chat, trop de contraintes, OUI tu peux aller chercher des cocas au Carrefour Express si tu veux, t'as un porte monnaie deuxième tiroir à …

Pff quelle chieuse !

Laissez-moi DORMIR !