vendredi 15 juin 2018

La comédie humaine - Les concierges



Les cierges, ceux des églises, sont tout sauf cons, les concierges de métier par essence pas davantage. Les êtres au mental de concierge, par contre …

Parasites d'un corps social dans lequel ils pénètrent sur la pointe des pieds, ces pourvoyeurs de fausses rumeurs, de ragots et de bavasseries diffamatoires n'aiment rien tant que salir la réputation de ceux qui leur auront fait la grâce de les avoir accueillis à leur table. Pour cette race de médiocres indécrottables vivant telles des mouches à merde le nez sur les défauts grossis d'autrui, se rehausser en abaissant, dans le dos, toujours, est un exercice permettant de se rassurer soi-même. Je te macule de crachats, je fais porter le chapeau à autrui, je me délecte à distance de voir les amis se séparer du fait de mes manipulations d'antichambre je rentre chez moi, je souris …

La perversion de ces gens-là, de ces attitudes si viles et si laides, ne pas chercher ailleurs qu’en eux-mêmes, là ou le vide existentiel pourrait faire suffoquer dans les draps d'un lit ou un et un seul dort, seul toujours. Lui qui de jour ne peut survivre qu’entouré a besoin de ce repli en sa triste solitude intérieure, il faut à ce moment-là recharger les batteries, cet appétit à détruire à petits feux coute et pas que la fierté, des ans, des ans perdus à faire le mal, un mal mesquin, insignifiant, petit, pas même intéressant à raconter sur papier. Car l'absence totale de dimension – je ne dirais pas romanesque – d'envergure chez ces sous fifres de la bassesse ne conduit qu’à ca, l'isolement, l'enterrement en soi-même. Tu trahis X, Y et Z, tu trahis tout l'alphabet, au bout du bout tu finis veuf à quarante ans et macchabée à cinquante.

Tout plutôt de se mettre à table, tout plutôt que dire, ce qui manque, ce qui ne va pas. Alors s'en aller fouiller l'autre, débusquer ses petits secrets, l'accoucher, pour répéter, amplifier, déformer, faire subir à l'autre ce qu’on a si peur envers soi-meme de faire, lui faire payer la note par en-dessous, parce que tellement plus simple, tellement plus lâche, tellement plus vil, tellement plus con, finalement.

Ce que tu fais en mal à autrui, la vie en boomerang te le renvoie – plus tard. Voilà ce qu’ignorent et ce que nient ces concierges, ces délateurs, ces fourbes. Trop bêtes pour savoir que tout se paie et que non, tu ne passeras pas entre les gouttes, ton miroir sans teint à un moment craquelle, tu prends de l'age, tu vieillis, te ratatines, tel un vieux pruneau, sur toi-même, ton masque fond, le doute te gagne, le dégout de soi, le dégout de tout, le gout de cette vie que tu as maculée de crachats est simplement devenu, plus qu’amer, dégoutant en bouche.

Et tu te vomis toi-même …


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