Du pain et des jeux !

Du pain et des jeux ! E viva la Coupe Immonde du Foo-foot, un mois à taper dans la baballe avec tous ces grands intellectuels consommateurs de péripatéticiennes de luxe, ces gars surpayés par la FIFA et autres mafias, ces idiots utiles du système qui les ont montés en épingle et qui leur collent des logos de marques sur le maillot comme aux fesses comme on le fait avec des hommes sandwich. On va pouvoir cocoricocoter, chanter la Marseillaise, gueuler, couiner, retenir son souffle, secouer son fanion tricolore, faire des HOOOO en enquillant les bières puis finir par quelques salves de remontée d'estomac au petit matin sur les trottoirs.

Un mois de ca – la baballe -, ca me rappelle Coluche dans Deux heures moins le quart avant JC, quand devant César il se foutait de la gueule de la plèbe, du genre vous êtes vraiment cons, vous avez ce que vous méritez. Du pain et des jeux, rien n'a changé depuis l'Empire Romain, les gueux y veulent du show, du gros, du qui tache et qui fait qu’on se serre comme des bœufs dans un stade. Remarquez, ya pire, la corrida au hasard, on n'en est pas – pas encore – à la traite d'esclaves et à leur sacrifice aux lions … Oubliées les revendications sociales, les crachats du monarque dans la tronche de ses électeurs gogo, la SNCF démantelée, les cadeaux aux ultra-riches, les attentats sous faux drapeau, la loi sur le secret des affaires, les magouilles de Sarko. Tout ca, balayé d'un revers de ballon rond, tous aux stades avec les sponsors à la con, allez, va chercher la baballe Médor.

Les gens, tu leur envoies un os, ils courent. Le canal satellite branché 24 sur 24 sur BFM et France Info ont fait d'eux des rats de labo à qui on envoie des décharges d'émotion, de plaisir, de peur, de colère, de faim, de soif. Prends-toi un spot dans la tronche, citoyen, ah puis NON, avale tes graines ! Le professeur Laborit avait vraiment mille fois raison, les gens ont décidé de vivre comme des rats dans une cage, ya du foin, de quoi bouffer, une roue pour faire ses exercices et pas trop s'ankyloser, et du puis la téloche, et donc du pain et des jeux.

Le gros ZETE il arrive alors les gens ben HOP, ils virent les pullover et les grosses chaussettes et ils sortent mettre le museau dehors comme si de rien était. Le monde, les autres, les pays massacrés, la faim dans le monde – bah quoi j'ai signé la pétition sur change.org ! -, la déforestation, la réalité sur le plan des Zelites, bref tout ce qui est pas mon nombril creux et mon frigo – je préfère mater la baballe dans le grand stade. Et puis après le Tour de France, les rois du pédalo, ah que je m'y crois, ah que je m'y vois, taingue, me suis meme dessiné les trois couleurs sur le front- mais non pas national, peuchère !

L'Histoire bégaie, les humains ont besoin de maitres, un besoin viscéral, pathétique, désolant, lamentable, ils adorent lécher la main du maitre, donner la papatte et redemander une petite tape sur le dos, comme un bon toutou. On les emmène exactement ou on veut, on tire sur la laisse ils suivent, on lâche la bride ils restent aux pieds. Et ils rapportent fidèlement la baballe et tirent la langue et jappent.

Il n'est en ces mots aucun mépris, oh que non, j'aime bien les toutous, même un peu bêtes ils restent gentils, même enragés tu leur trouves des circonstances atténuantes. L'être humain, à la base, tu lui offres la liberté, la plupart préfère par commodité rester à la niche. Conquérir sa liberté, penser par soi-même, s'autoalimenter, ne pas dépendre des autres, ne pas patauger dans l'affect cucul la praline – pas donné à tout le monde, pourtant, entre nous, pas si dur que ca, enfin – pas simple mais de l'ordre du possible.

Sauf que non, le confort de la niche, que voulez-vous. Donc baballe, coupe immonde du Foo-foot, les gueux s'amusent, les puissants les manipulent et se gaussent de leur connerie sans fond et ricanent en déroulant le plan. Si vous croyez, bande de cons, que d'ici quelques années le coup de réutiliser ce stade immense pour y lâcher des lions et vous jeter dans leurs crocs, on va hésiter …