« Nous connaissons tous votre goût, monsieur le
président, cher Vladimir pour le judo et je sais que vous appréciez les valeurs
de la voie de la souplesse. Elles reposent sur la maîtrise de ses propres
forces, la tactique plutôt que la force brute, les qualités de la volonté et le
respect de l'adversaire. Il y a beaucoup d'inspiration [en cela] pour les liens
entre les peuples. C'est dans cet esprit que je veux que nous avancions dans
les prochaines années pour essayer de rebâtir cette confiance indispensable
autour de ce triptyque : souveraineté, coopération et multilatéralisme fort ».
On reconnait une poupée de type couteau suisse à sa
capacité à dire a son interlocuteur ce qu'il veut entendre, à changer de
logiciel selon le sol d'ou l'on parle, à feindre l'empathie. En cela la poupée
Macrontoussa, celle qui parlait à la manière de Nietsche, a montré tout le savoir faire de ses créateurs à Saint
Pétersbourg devant le Tsar Poutine, lequel, se souvenant des piteuses
prestations de Hollande comme du premier laius macronien il y a moins de un an à
Versailles a du se dire, ok petit, ce coup-ci t'es bon pour une tournée de
vodka.
Le discours – il s'agit de cela uniquement, le métier
de politicien est de produire du discours, de le faire écrire par d'autres puis
de trouver le ton juste pour enfiler les perles avec un air inspiré – est,
reconnaissons-le, bon. Je veux dire malin, à propos, mesuré. C'est le but. Le
role attribué au monarque de l'Elysée est celui d'un pondérateur de l'éléphant
Trump. Ce sont des roles, et Poutine, qui habite fort brillamment celui du
joueur de judo qui en effet conserve ses forces en-dedans sans bouger un cil,
ne s'en laisse pas compter. Il observe, et en bon stratège rit intérieurement de se voir soudain comme adoubé
par le poulbot de l'Oligarchie. Lequel, le rejoignant avec Madame a son bras au
Forum Economique de Saint Petersbourg – la ville natale du dirigeant du Kremlin
– met un coup de tampon Davos sur la Russie, accompagné de Pierre Gattaz et de
la cour de ce dernier.
Car les affaires entre France et Russie, outre les références
historico-littéraires qui sont placées là pour l'habillage, sont loin d'être neutres. Dans un marché mondialisé avec une
croissance européenne uniquement dopée par des utilisations statistiques
discutables, se fermer pareil marché si proche de nous serait folie. Et nos spécialistes
du Haut de Bilan l'ont bien compris.
Comme à son habitude, Macron n'hésite pas un instant
à dire blanc après avoir fait l'inverse avant hier, et à conclure par
une pirouette cacahouette qui ne mange pas de pain. Ce qui prédomine c'est
toujours l'affichage en relations internationales, pas les actes isolés. En
cela le débutant progresse, il parvient mieux à faire non pas illusion – sauf
auprès des gogos – mais à dire les choses en bonne novlangue
diplomatique. Le texte qu'on lui a pondu est je trouve meilleur que d'habitude,
les rédacteurs ont du se dire, nous sommes sur le territoire du plus rusé de
tous, tachons de nous hisser un peu plus haut. De facto, le quotient d'anneries
et de vantardises – à defaut du nombre de mensonges et d'approximations – est
en chute libre.
Il y a en Macron, pure créature de la célèbre banque d'affaires, une indiscutable dimension
Zelig, ce personnage de Woody Allen qui se confondait et se fondait avec ses
interlocuteurs au point de disparaitre. Cette coquille vide qui se remplit et
se vide d'elle-même en permanence et qu'on voyait clairement poindre
pendant la campagne de 2017 ou il disait tout et le contraire de tout à tout-un
chacun, bisous les gays, bisous la Manif pour Tous, bisous la gauche, bisous la
droite etc. Là, sur la scène des grands, c'est plus que flagrant. Face à Donal Trump, le leader
francais devient un Mickey virevoltant soumis au sherrif éructant et le
regardant avec un air de Chimène.
Face à Poutine, par capilarité, il devient presque
intelligent, presque subtil. Le visage demeure plus figé, comme si un passage
au froid de Russie le rendait plus marmoréen, la voix du freluquet part moins
dans les aigus, se pose davantage sur les mots, perd cette dimension faussement
martiale qui prête à sourire. C'est comme si le souffle retenu de
Poutine, ses mots rentrés, ses arrières pensées visibles dans le fond de cet oeil qui frise le retenaient
de proférer les bêtises habituelles. Le spectacle, de fait, de ces
deux-là ensemble, a une certaine gueule, chacun est bon dans son role, même les silences ont tout bon.
Les gars du CAC rentreront rassurés, les francais
sont rappelons-le le premier employeur étranger sur le sol russe, et les
contrats entre nos deux nations sont plus que costauds. Peu avant la Coupe du
Monde cette petite visite protocolaire aura servi à ca, remettre un peu de
baume à nos chers dirigeants de multinationales, lesquels c'est bien connu n'aiment
pas l'incertitude et ont besoin de rassurer leurs grands actionnaires.
Ceux de Macron – justement.
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