Janine, Jean et René n'ont a priori rien en commun.
Pourtant, ces trois personnes vont se rencontrer. Janine, fille d'un militant
communiste, est comédienne. Elle devient la maîtresse de Jean, haut
fonctionnaire marié. René, fils de paysan breton, a choisi de travailler dans
l'industrie et a, peu à peu, gravi les échelons. Lorsque son entreprise est
rachetée, il est muté et doit quitter femme et enfants. Dirigeant une usine de
vêtements, il rencontre Janine, devenue styliste de mode. Les destins croisés de
nos héros font l'objet de l'interprétation du célèbre biologiste Henri Laborit,
qui s'appuie, pour ce faire, sur des expériences scientifiques réalisées sur
des rats...
Alain Resnais reprend les célèbres travaux du Professeur Laborit, présent à l’ecran et qui nous conte ses conclusions scientifiques. Un parallèle donc entre la vie des rats et la vie des hommes en société. Programmation. Ingeniérie sociale.
Nous sommes tels des rats en cage, répondant à des stimuli, lumiere, décharge électrique, faim, peur, angoisse, plaisir …
Déterminisme
versus liberté, conscientisation de la chaine, des chaines sociétales, afin nous dit le cinéaste de
prendre conscience pour ensuite tacher de s’en affranchir. Ses trois personnages – Nicole Garcia, Gérard Depardieu et Roger Pierre – se débattent dans un labyrinthe pré-programmé au-dessus et au-delà d’eux-mêmes, ils sont le produit d’un
conditionnement, d’une éducation, d’un système. Ils tachent d’exercer un
libre-arbitre au sein d’une cage dont les barreaux invisibles ne bougent pas
et fonctionnent donc exclusivement en réaction. Plus
par le biais de leurs égos ils tentent de se dechainer et plus ils
demeurent enfermés dans le prisme de la cage – mentale – à laquelle sans le savoir ils ont adhéré. Pouvoir de l’autopersuasion inconsciente, mais aussi de l’intention, seule clef capable d’ouvrir la
porte.
Le film obéit dans sa
construction dramatique aux mouvements du cerveau, tantot hémisphere gauche tantot hémisphère droit. Les apports théoriques de
Laborit, en amont ou en aval des pérégrinations des trois protagonistes, vient de manière pédagogique tendre à chaque
spectateur-acteur un miroir. Le film questionne en profondeur, titille la
liberté présupposée, l’interpelle, l’interroge. Rares sont les films qui font à ce point fonctionner la réflexion, l’auto réflexion. Science et cinéma se
coordonnent, l’oeuvre est coproduite, raison et imaginaire se complètent et se coordonnent pour tendre un miroir réfléchissant nos choix, leurs limites, leurs frontières. Pour surtout parvenir à les dépasser.
Cet oncle d’Amérique, qui est-ce sinon cet El Dorado de la liberté individuelle, ce besoin viscéral d’affranchissement outre-mer, outre-atlantique, un horizon comme un rêve, américain en l’occurence mais surtout universel. Mon oncle d’Amerique conte la geste de l’homo
occidentalus malade que de vouloir quitter la terre ferme ou ses illusions s’échouent sur le mur du réel. Ne plus être un rat pris au piège mais un
oiseau libre …
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