Au
Chili, en 1973, Charles et Beth Horman, deux jeunes libéraux américains, ont
décidé de participer à l'expérience socialiste que conduit le gouvernement de
Salvador Allende. Charles, en visite à Vilna, s'y retrouve bloqué par le coup
d'Etat qui renverse le président, le 11 septembre. Il apprend que les
Etats-Unis ont aidé les putschistes et décide de rentrer à Santiago sans
tarder. Mais il en sait bien trop et ni les Américains ni les généraux rebelles
ne sont disposés à le laisser en paix. Peu après, il disparaît sans laisser de
traces. Son père, Ed, un paisible citoyen américain, rejoint Beth pour tenter
d'en savoir plus. Il se heurte rapidement à un mur de silence...
Le
cinéma de Costa Gavras – Z, L'aveu … - est un cinéma engagé, foncièrement contestataire. Grec, Gavras eut à souffrir la
dictature militaire et parvint après quelques films de
genre à imposer son engagement, à compter de 1968, date de la Palme d Or au
Festival de Cannes pour Z. Son oeuvre s'inscrit dans un
mouvement de cinéastes comprenant aux Etats Unis Sidney
Lumet, Sidney Pollack et Alan J. Pakula, en France Yves Boisset. Avec Missing, qui traite des manipulations
des USA sur les régimes en Amérique du Sud, deuxième palme d'or et premier film
tourné à Hollywood. Tres critiqué par la bienpensance critique d'outre-atlantique lui
reprochant son manque de preuves face à l'accusation d'assassinat de Salvador Allende et de son remplacement par le
dévoué dictateur sanguinaire,
le Général Picochet. Depuis,
La strategie du choc de Naomi Klein
a fait le travail …
Un
père donc – Jack
Lemmon, parfait -, républicain pro Nixon
pro Reagan, jugeant son fils démocrate comme un doux
rêveur, et qui s en va
au Chili à l'appel de sa belle-fille re-trouver non
seulement son fils disparu mais la grandeur de ce dernier. Confronté et à ses préjugés politiques et au terrain les contredisant, ce père si American Way of Life s'en va faire un voyage
intérieur et du monde – bref de tout il s'était auparavant tenu à distance par conformisme.
Le
cheminement du personnage, de plus en plus investi et horrifié par cette quete bigger than life, correspond nous dit
Gavras à la foncière honneteté intellectuelle de ces citoyens américains tenus dans l'ignorance par les dirigeants pour lesquels ils votent. Il n'y a pas de leur part de désir de se fourvoyer,
toute leur éducation, tout leur système de croyances furent le fruit d'une lente
construction que l'arrivée d'une épreuve – retrouver la chair de sa chair, celle qu'on a autrefois négligée et sous estimée – peut remettre de
fond en comble en cause. Le Missing
du titre c'est donc à la fois le fils disparu et
la vérité intrinsèque des choses. Vérité que l'épouse – Sissy Spacek
– poursuivait aux cotés de son époux sur le terrain-même des exactions de
leur pays d'origine.
Ce
que nous fait partager le cinéaste c'est la mise à mort exportée des valeurs américaines, celles inscrites à même dans leur Constitution, par ses dirigeants et ses
agences. La collusion entre un régime totalitaire et
le pays de la liberté, symbolisé par une Statue éponyme, éclate en plein jour, au travers des meurtres, des
disparitions, des arrestations. Une chape de plomb tombe sur le Chili comme
elle tomba sur la Grèce autrefois, la démocratie incarnée par Allende fut
abattue pour des intérêts économiques bien
compris et des velléités colonialistes par un Empire qui drappe ses crimes dans une
novlangue. Pénétrer pour ce père républicain l'autre coté du miroir, soulever
le voile des mensonges, accepter de sacrifier ses croyances et ses convictions
pour mieux se retrouver et retrouver le disparu, à la fois ce fils et cet homme
si bon au fond de lui-même.
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