Lausanne,
Suisse. Remariage. La mante religieuse pénètre une nouvelle famille. Son époux
est pianiste et a deux enfants, une belle maison. Se montrant sous son meilleur
jour sa femme, fort riche, se montre une parfaite belle-mère. Spécialiste en
tant qu’héritière d’un des plus grands chocolatiers au monde, de préparer de délicieux
chocolats chauds. Dans lesquels elle glisse de drôles de substances …
Le
portrait de cette Suisse hors-sol des nantis fortunés que dresse Chabrol est
comme un prolongement de la France des provinces et des grandes familles françaises
de ses films des années 70. Au bord de ce lac le temps s’est comme suspendu.
Les bonnes manières. La grande musique. Les tables bien dressées. La bonne chair.
La bonne conversation ou l’on converse pour ne rien dire et on l’on tait l
essentiel.
Le
personnage de maricide par procuration joue par Isabelle Huppert est comme une
Violette Nozière qui aurait réussi et se serait installée de l’autre coté de la
frontière, du coté helvète. Tel un poison dans l’eau elle s’immisce dans une
famille modèle et la gangrène de l’intérieur par petites gorgées. Ses sourires
figés cachent un regard noir qui se perd dans des conjectures. C’est comme si
elle ne pensait pas, comme si ses pensées ne se fixaient pas, comme si elle
était happée par ce qu’elle faisait, que ses gestes obéissaient à une envie de
faire du mal plus forte qu’elle. Au fond cette héritière ne s’appartient pas,
elle est comme une araignée, celle de ce châle qu’elle pose sur un fauteuil,
elle tisse sa toile, y attrape des moucherons, les gobe, creuse son trou et
semble à peine étonnée à la fin d’y tomber à son tour.
Ce
portrait d’un monde figé et recroquevillé sur lui-même est tel celui dépeint
dans La cérémonie, autre grande
réussite de Chabrol dans ces années-là, un monde en passe d’être balayé, cette
fois de l’intérieur, encore une fois à cause d’une intrusion, celle-ci de ce
meme monde et non du monde des gueux. Il n y a pas de lutte de classes car
seule une et une seule classe existe, les autres, les pauvres, les pas comme
eux, sont dans l’hors champ, inexistants. Ce monde excluant se meurt, il épouse
son virus, lequel fait son travail avec soin.
Merci
pour le chocolat !
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