Adaptation
du chef d'œuvre de Günter Grass, Le
tambour conte près de 45 ans de l'histoire de l'Allemagne à une époque charnière,
de 1900 à 1945, dans la ville particulièrement symbolique de Danzig – le fameux
couloir. A cheval donc entre Allemagne et Pologne.
L'histoire
est celle d'Oskar – David Bennent -, petit garçon qui à l'age de trois ans,
comprenant fort bien le monde adulte, décide par rébellion envers ce qu’ il perçoit
du sens de l'histoire, de cesser de grandir. Se voyant offrir à ce si jeune age
un tambour, il décidera que ce dernier sera son unique mode d'expression. Les
roulements de ce tambour viendront donc ponctuer et perturber évènements privés
et publics et rappeler à l'ordre un monde adulte plus que défaillant. Que ce
soient les coucheries de sa mère avec un polonais ou des évènements nationaux o
combien plus marquants.
Figure
enfantine de la mauvaise conscience en action que ces battements émis par un
enfant qui ne parle pas par vœu et qui lorsqu’on veut lui ôter son unique
instrument crie au point de casser du verre. Oskar, c'est au cœur même de l'horreur
galopante l'impossibilité de demeurer sourd face à la souffrance enfantine,
laquelle répond à une violence qui lui est faite par une autre, qui est du
ressort de l'invasion sonore.
Car
les battements de tambour de ce gnome sont comme un écho moqueur aux battements
de tambour des armées, aux coups de fusils, aux bruits des bottes des nazis. Et
à toutes les lâchetés ambiantes que ce provocateur met de fait en ruptures pétaradantes
dans le silence voulu des habitants complices des crimes en cours.
Filmé
aussi froidement que possible – le visage d'Oskar est tantôt inexpressif tantôt
secoué par des rictus et des cris – Le Tambour,
sans doute le meilleur film de Volker Schlöndorff, celui qui restera, est le
film de la culpabilité qui s'impose envers et contre tout un peuple, non pas après
mais pendant les évènements, depuis leurs soubresauts jusqu’à leur apogée. Ceux
qui parlent se taisent, et lui qui se tait s'exprime et exprime davantage qu’un
refus, une colère, une rage.
Oskar
et son tambour deviennent aussi le virus impossible à éteindre. Sa taille et
son age supposé – celui d'un adulte de trois ans que personne n'ose occire –
deviennent ses atouts, et de bout et bout le virus sonore osera frapper,
frapper, frapper encore le mur du silence.
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