1890, Wyoming, la conquête
de l'ouest, les fondations
de l'Amérique démocratique,
les vraies, révélées par Michael Cimino au sein d'un brulot de près de quatre heures. L'envers de la légende commençant par un
bal circulaire splendide, les promus de Yale, une jeunesse pleine d'espoir s'élançant dans la vie et dans le nouveau
continent sur des pages blanches.
La réalité les
rattrapera un à un.
Le fond de La porte du Paradis est base sur des
faits authentifiés. Une liste de 125 immigrés, des pouilleux venus pour l'essentiel d'Europe de l Est, à abattre comme des
chiens par l'armée régulière,
parce qu’ils mettent en péril les intérêts de propriétaires privés. Dès ses
origines, l'Amérique fut aux
mains des riches, la justice et la police leur sont acquis, les pauvres s'entassent dans des bidonvilles, sont
utilisés tels des esclaves, comme les noirs dans les plantations, par les
compagnies de chemins de fer et de pétrole, pour créer des villes comme on fait
pousser des champignons. Pressés comme des citrons, sous payés, entassés dans des
trains comme du cheptel, ils sont, après le massacre des indiens et les
esclaves venus d'Afrique, les troisièmes
victimes de cet Eldorado construit sur des flots d'hémoglobine et de mensonges. Seuls en Amérique
comptent l'argent et le pouvoir
qui va avec. Et ce pouvoir donne le droit à tuer.
Le 3eme film du multi
oscarisé réalisateur de Voyage au bout
de l'enfer détient un bien
triste record. A lui seul il mit a terre United Artists, le studio créé par
Charles Chaplin. Victime du perfectionnisme maladif de son génial auteur
Michael Cimino, il vit son budget passer de deux à quarante millions de dollars.
A sa sortie il fut assassiné par la critique outre atlantique et ne tint que
quelques petites semaines à l'affiche. Avant de réapparaitre
15 ans plus tard, enfin reconnu a sa hauteur.
Je le découvris émerveillé
en 1981 à sa sortie, dans une version raccourcie de plus d'une heure. Meme massacré au montage sa beauté
d'opéra funèbre
explosait. Il était après Voyage au bout
de l'enfer une logique suite
dans le meme sillon, fouiller l'histoire récente et
ancienne des Etats Unis et en tirer la substantifique moelle tout en réussissant
des portraits de personnages admirables, presque mythiques, confrontés à la
grande histoire qui balaie tout sur son passage.
Ici Kris
Kristofferson, Isabelle Huppert et Christopher Walken incarnent magistralement
ce trio amoureux prêt à sombrer dans la mort, ils vivent sous nos yeux, avant d'être emportés par un tourbillon d'horreurs, de purs moments de grâce.
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