Adolescent, Danilo Prozor, fils de parents
yougoslaves émigrés aux Etats-Unis, est tombé amoureux, comme ses deux copains
d'études, David et Tom, d'une fille fantasque, Georgia. Mais Georgia choisit
Tom. Danilo, en conflit avec son père, quitte Chicago pour entrer à
l'université. Il partage la chambre de Louie, fils malade d'un riche
industriel...
Georgia – titre original Four friends – c’est le chant des illusions. Un peu à la maniere de Philipp Roth dans Pastorale américaine, Arthur Penn – Bonny and Clyde, Little big man … -
conte le lent dépérissement du reve américain au travers des décennies 60 puis 70. L’assassinat de Kennedy, la guerre du Vietnam, Nixon. Ses héros, quatre amis idéalistes, trois hommes et une femme, Georgia, ouragan
de charme et de grace, se heurtent a compter de leurs plus jeunes années au réel, à celui de leur pays, de ses mensonges et de ses trahisons.
Eux conserveront jusqu’au bout l’idéal de leur jeunesse, c’est-à-dire la fougue et ce sentiment de faire de son
mieux pour se transcender quel que soit le contexte. Mais autour d’eux tout se lézarde.
Arthur Penn est – des cinéastes du Nouvel Hollywood – à la fois le plus francais – il avoua s’inspirer énormément de Francois Truffaut, qu’il adorait – et le plus concerné par les racines de son pays. Little big man ou le génocide sur lequel sont nés les Etats Unis d’Amérique. La
poursuite impitoyable – avec Brando, Jane Fonda et Robert Redford – fut son
adaptation US de M le maudit, l’histoire d’une traque à l’homme par une société puritaine et hypocrite. Bonnie
and Clyde conta l’assassinat des libertés au travers de la fugue de deux malfrats
romantiques incarnant admirablement avant l’heure les années Woodstock. Missouri breaks
– avec Brandon et Nicholson – fut comme le chant du cygne du grand western. Et Georgia, telle une conclusion, la dernière pelletée de terre balancée sur la tombe des idéaux trahis.
Le mouvement ample et romantique du film est
contrebalancé par un sentiment de tristesse et de gachis. Les
destins qui nous sont ici contés se heurtent de plein fouet à cette histoire récente ou les mensonges d’état sont une insulte à la jeunesse, celle que ces quatre amis ne veulent pour rien au monde
voir s’envoler sans réagir. Jusqu’au bout
Georgia, incarnation charnelle de cette Amérique idéale, sera virevoltante, rieuse, aussi gaie que possible.
Contre toute raison.
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