"Erin
Brockovich" entre dans la catégorie des films justiciers entamée dans les années
70 – Les hommes du président, Le syndrome chinois, Silkwood … - avec une jeune
femme travaillant pour un cabinet d'avocats, sans pour autant avoir les
qualifications nécessaires, elle est tout au plus une secrétaire et encore.
Voilà que cette dernière va découvrir un dossier auquel nul ne semble
s'intéresser. Elle va donc mener sa propre enquête pour établir la
responsabilité d'une société de distribution des eaux dans l'empoisonnement de
quelques centaines de citoyens en Californie. L'affaire a fait grand bruit aux
Etats-Unis à l'époque puisque le film de Sodernergh s'inspire de faits réels,
la société PG&E ayant du verser 323 millions de dollars aux plaignants.
Le cinéma américain féru
d'idéalisme n'aime rien tant moins qu’au travers d'une fiction incarnée par un héros
– ici une héroïne – de réinventer la démocratie réelle en plongeant dans les
manipulations gouvernementales et financières. Ici un sujet majeur – l'eau privatisée
– à la limite des théories du complot, pour ne pas dire y trempant allègrement.
Puisqu’il s agit d'une multinationale accusée d'empoisonnement sur des citoyens
américains laissés seuls face à une machine judiciaire au sein de laquelle ils
ne savent se défendre pour faire valoir leur bon droit.
L'héroïne – Julia
Robert dans le plus grand rôle de sa carrière, justement récompensée par l'oscar
de la meilleure actrice – est comme une représentation idéale de l'américaine
rebelle made in Hollywood. Jeune, célibataire, middle class, secrétaire de métier,
belle à tomber, irréductible, téméraire et casse-cou. Le cinéma de dénonciation
américain tendant à l'universel, les clichés sont parfois bienvenus pour porter
un message au plus grand nombre. Quoi de plus efficace que de métamorphoser Pretty woman en Catwoman de la veuve et
de l'orphelin.
Le film de Steven
Soderberg, classique en diable – on est loin de ses premières fictions d'avant
garde, ce fut d'ailleurs cet Erin qui lui ouvrit en grand les portes des grands
studios – ressuscite admirablement le grand cinéma politique américain du
Nouvel Hollywood. Comme si le temps s était immobilisé. Jusqu’à la mise en scène
qui se calle sur le style des brulots des 70s. Distribution parfaite – Albert
Finney … -, scénario et dialogues pétaradants, tendus comme un arc vers un
dénouement ou le bien triomphera forcement du mal, humour et émotion, et bien
sur personnage haut en couleur de l'héroïne dont la moindre apparition
charismatique procure un plaisir contagieux.
Bon, très bon film de
genre, très populaire, admirablement bien fait. Un sésame idéal pour son
réalisateur en recherche de notoriété. Qui dans la foulée alignera les succès –
Ocean Eleven et ses deux suites, Traffic et ses oscars …
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