“Mon film n’est pas un film. Mon film ne traite pas
du Vietnam. Il EST le Vietnam.”
Ces mots de Francis Ford Coppola posent à la fois la mégalomanie d'un auteur cinéaste désireux d'embraser le mal de la guerre et de ces soldats en
proie à une violence destructrice, et le projet artistique,
lequel consiste à réussir par tous les moyens le film de guerre définitif.
Car ce conflit armé, car cette guerre, cette guerre du Vietnam
fortement contestée par sa génération, et qui sur le plan militaire, idéologique et financier fut un four, est l'avant dernière guerre faite en son nom par les Etats Unis d'Amérique. Une guerre ayant donné lieu à un nombre de victimes considérable, à une apologie de violence rarement égalée par les belligérants, à un nombre incalculable de mensonges d'états sur les motifs réels du conflit. Une fois achevée, la guerre du Vietnam exposa des années durant les blessures de ses soldats et marqua d'un fer rouge les visages de ceux, politiciens et
autres, qui l'avaient déclenchée et entretenue au-delà-du raisonnable.
Inscrite dans la culture pop de l'époque et de Coppola lui-même – Hendricks, The doors … - l'apocalypse maintenant de Francis, adaptée du chef d'oeuvre de Conrad Au coeur des ténèbres propose au travers d'un trip psychédélique sous acides une lente et longue plongée au coeur de l'horreur, dans les recoins de cette forêt emplie de monstres et d'esprits, ou se terre le Colonel Krutz – un Marlon
Brandon méconnaissable, plus monstre sacré que jamais, que Coppola retrouve après les deux Parrain.
Isole, soliloquant, habillé tel un gourou et le crane rasé, celui qui fut autrefois haut gradé s'est comme retiré en lui-meme au fond d'une caverne d'ou il essaie
d'extraire d'un cerveau malade d'en avoir tant et tant vu des tréfonds de l'enfer une
lueur d'espoir. Est-il seulement possible après s'etre adonné au feu et au
glaive de tirer un trait, de faire un nettoyage, d'oublier, de repartir … Ce voyage au bout de l'enfer connait-il un point de retour, peut-on après pareil carnage, pareils crimes, avec toutes ces
victimes, femmes, enfants et vieillards, faire comme si.
Je ne sais si ce chef d'oeuvre totalement déjanté et qui va au delà-de la proposition de départ – l'histoire de son tournage est en soi un film, un film
documentaire qui d'ailleurs existe
… - est le Vietnam. Mais ne puis que constater qu'il va bien plus loin que n'importe quel film de guerre. Son style, son scénario, le jeu de ses acteurs épousent à ce point la guerre qu'ils en viennent à la recréer sous toutes ses dimensions. A commencer par la
plus essentielle – la guerre intérieure que se livre tout être dote de conscience dans le coeur du gouffre.
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