En
1938, Lucien Cordier est l'unique policier de Bourkassa, un village sénégalais.
Veule et opportuniste, il veut contenter tout le monde : Huguette, son épouse
irascible, Nono, son beau-frère, ainsi que Le Péron et Léonelli, les deux
proxénètes locaux qui ne cessent de l'humilier. Lucien trouve son seul
réconfort dans les bras de sa maîtresse, Rose, une femme régulièrement battue
par son mari. Lorsque son chef lui conseille de ne plus se laisser ridiculiser,
Lucien prend aussitôt conscience de sa médiocrité. A peine rentré au village,
il élimine froidement Le Péron et Léonelli et parvient à en faire retomber la
faute sur son chef...
Librement
transposé en Afrique d'un roman noir de l'américain Jim Thomson, ce Coup de torchon sonne le retour d un
des meilleurs scénaristes du grand cinéma français, Jean Aurenche, de l'après-guerre
ainsi que d'un chef décorateur de très grand talent de la meme époque,
Alexandre Trauner. Ne serait-ce que par ces deux choix, Tavernier indique la
filiation. Coup de torchon est bel et bien le retour du cinéma de Marcel Carné et
des grands de ladite époque.
Située
dans l'Afrique d'avant guerre dans une petite bourgade ou les sots le disputent
aux félons, et les racistes aux minables, cette truculente farce ou un shérif
froussard se retrouve à endosser les habits d'un Christ vengeur tuant un à un
de sang froid d'authentiques crapules fait apparaître et gesticuler toute une
galerie de personnages hauts en couleur, habités par des dialogues étincelants
de drôlerie parfois métaphysique et joués par une pléiade de très grands comédiens
s'en donnant à cœur joie.
Ce
Lucien Cordier admirablement interprété par un Philippe Noiret tantôt bouffon, tantôt
inquiétant, tantôt tragique, mène la danse et manipule ce petit monde d'aveugles
et d'andouilles, femme, amant de sa femme, maitresse, commissaire en chef,
lesquels depuis toujours le font tourner en bourrique. Un à un ils vont y
passer et se retrouver juste avant de passer à trépas médusés de découvrir l'authentique
visage impitoyable de leur ancienne victime.
Film
sur le châtiment divin qu’endosse un faux simple d'esprit s'étant donné pour
mission de nettoyer les écuries, ce pur chef d'œuvre du grand Bertrand
Tavernier aligne sans discontinuer les scènes cultes. Stéphane Audran se curant
les dents au cimetière et demandant à un aumônier sous le choc combien coute le
pigeon au dessus de l'autel. Jean Pierre Marielle et son comparse tirant les macchabées
de nuit flottant sur le fleuve, puis contraints à chanter a capella O
Catarinella Bella Chichi. Isabelle Huppert, petite pute au langage fleuri,
alignant les grossièretés en parlant de son mari mort et lui décrochant un coup
de pieds aux testicules. La scène des latrines avec le propriétaire sortant
couvert de merde.
Evidemment
la projection A L'ENVERS de nuit d'un film vu depuis leur balcon par les
personnages principaux, et la tempête provoquant un coup de torchon sur l'écran.
Tout
dans ce bijou, jusqu’à la toute fin si désespérée et désespérante, tandis qu’on
annonce le début de la seconde guerre mondiale.
Seule
la jeune institutrice trouvera grâce aux yeux d'un réalisateur rigolard osant
meme tracer le portrait de ces NEGRES – le mot est du film – comme des lâches
soumis à leurs oppresseurs et leur cirant les bottes au sens propre comme figuré.
Oui, elle seule est pure et innocente et sincère. Les autres, tous les autres
sans aucune exception, sont des cloportes qu’un coup de torchon mérite de définitivement
emporter dans les poubelles de l Histoire.
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