Paris,
années vingt, hiver. Une chanteuse d’opérette Victoria Grant – Julie Andrew, géniale
– expulsée et affamée, rentre dans un restaurant chic avec un cafard dans son
sac a mains et l’idée de le glisser dans son assiette afin d’éviter l’addition.
Quand elle rencontre Toddy, artiste homosexuel de cabarets pour invertis, comme
on les appelait alors. Tous deux vont avoir une idée étonnante pour faire de
Victoria Victor et de Victor une star.
Une
femme qui se fait passer pour un homme qui se fait passer pour une femme. Jeux
de miroirs et d’ambiguïté infinis ou les sexes se mêlent et se travestissent
pour créer une illusion, une image et donc un reflet. C’est en masquant sa
poitrine et en masculinisant sa voix que Victoria deviendra celle qu’elle
voulait être, le clou de Paris, la diva chez qui tout le gratin se presse. Jusqu’à
a ce macho magnat américain, Marchal, fort troublé, lui homophobe patenté, pour
le travesti ou supposé travesti Victoria alias Victor.
Comédie
musicale jazzy endiablée autour de ce thème de la différence, de la tolérance
et des apparences trompeuses, dans le show business surtout, Victor Victoria du
regretté Blake Edwards est d’abord et avant tout une succession d’éclats de
rire. Ses personnages et ses acteurs – Lesley Ann Warren en petite poule hystérique
est absolument irrésistible – sont tellement hauts en couleurs, les gags si
fins ou si volontairement grossiers, les numéros musicaux tellement éblouissants
que voir ce chef d’œuvre en salle comble est en soi un spectacle. Rares sont
les films qui rendent aussi heureux, qui font autant s’esclaffer toutes les
deux minutes, qui sont aussi pétillants et aussi légers.
Sorti
dans un enthousiasme incroyable en 1982, ce remake d’un premier film allemand, Viktor Viktoria, tourné dans les années
30 est un joyau. Elégance des plans, beauté des décors en studio – Paris reconstitué
sous la neige vaut le détour -, bande originale inoubliable de Henry Mancini.
Tous les ingrédients sont réunis pour deux heures inoubliables, et avec ca d’une
intelligence et d’une générosité de cœur rares.
Comment
oublier Le Jazz Hot, The shady Dame from Seville et son imitation à la fin par
le personnage grime en vieux travesti de Toddy. Et tout cet éclat, et toutes
ces figures dignes de The Party et La panthère rose, autres chefs d’œuvre de
ce maitre absolu de la comédie …
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire