Paulot
et Quentin accueillent dans leur appartement Nina, jeune comédienne. Fascinée
par Quentin, être inquiétant et possessif, elle refuse l'amour que lui voue
Paulot. Un événement tragique transformera cet attrait déchirant en véritable
hantise.
Recit
initiatique pétri de fantômes, ce rendez-vous est celui d'une apprentie comédienne
tout droit arrivée de son sud-ouest natal, région du cinéaste, dans un Paris inquiétant,
avec son métier et son destin. Son éducation, sentimentale et artistique, se
fera au travers de trois rencontres. Un homme qui la respecte et qu’elle dédaigne.
Un amant qui l'humilie et qu’elle dit aimer. Enfin un mentor qui l'aidera à
incarner cette Juliette de Shakespeare et lui permettra d'interpréter à partir
des blessures toutes fraiches le personnage.
Wadek
Stanczak, Lambert Wilson et Jean-Louis Trintignant interprètent les trois
figures de ces pères ou pairs, en tous cas acteurs de cette mue d'une débutante
inexpérimentée en actrice professionnelle. Egalement en jeux de miroir celle de
sa comédienne, la toute jeune Juliette Binoche, accédant avec ce brulot aux
premiers rôles après quelques essais chez Doillon et Godard.
Le
prix de la mue sera violent, dans les deux premiers tiers du film, coups,
crachats, fuites, scènes, violence psychologique, jusqu’à un suicide. Quentin l'ange
noir ne lui permettra de grandir qu’en lui opposant le chaud et le froid,
tantôt viens tantôt vas t'en. Il chute tandis qu’elle s’élève et il lui fait
payer le prix fort. Mort, il la hantera et lui intimera l'injonction de cesser
de souiller la mémoire de la vraie Juliette, son ancienne partenaire détruite –
dit-il … - par le metteur en scène qui fera de Nina une actrice.
Jeux
de perdition au qui perd gagne dans un Paris glacé et glaçant, le Paris des
egos, celui des fantômes du passé, celui ou les innocents se prennent des coups
en plein cœur et où les pervers peuvent tout se permettre en apparence.
Initiation
violente d'abord avant que de s'adoucir avec l'apparition de la figure
paternelle du directeur d'acteurs et surtout d'actrices, avec lui le
rendez-vous devienne sécurisant, Nina tout en angles s'adoucit, se pose,
questionne, écoute sagement et apprend son rôle. Le mentor l'accompagne mot à
mot, lui permet de s'ouvrir, de lâcher prise, de donner du corps à son rôle, de
l'incarner. Jusqu’à l'entrée finale sur les feux de la rampe ou elle essuiera
ses dernières larmes.
Puis
entrera enfin en scène.
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