Lora
Meredith est une comédienne sans travail qui, depuis la mort de son mari, vit
seule avec sa fille Susie. Un beau jour de 1947, elle fait la connaissance
d'une jeune femme noire, Annie. Maman elle aussi d'une petite fille, Sarah
Jane, Annie peine également à subvenir à ses besoins. Lora décide de les
accueillir. Mais la petite, métisse, nie ses origines et crée du souci à Annie.
De son côté, Lora tente de faire reconnaître son talent d'actrice et est prête
à tout pour y arriver, quitte à négliger l'éducation de Susie. Les années
passent. Lora semble lasse d'incarner les personnages qu’on lui attribue et
tente de se rapprocher de sa fille Susie. De son côté, Sarah Jane mène une
carrière de danseuse de cabaret, ce qui désespère Annie...
Sans
amour tu vis une imitation de la vie, susurre la chanson du générique de ce
chef d'œuvre, ultime film du grand Douglas Sirk, dont le titre original, Imitation of life, traduit bien mieux
le sujet traité que son titre français. Car il s'agit bien de cela, non pas d'un
mirage mais d'une imitation.
L'Amérique
des années 50 et ses quatre personnages féminins, celles qui sont dans l'apparat
et celles qui sont dans le vrai, celle qui compose, celle qui domine, celle qui
triche avec sa couleur de peau … Cette Sarah Jane, fille d'une femme de
couleur, amie d'enfance de la fille du personnage incarné par Lana Turner –
actrice jusqu’au bout des ongles, actrice hollywoodienne par excellence …
Le
spécialiste allemand du mélodrame compose une symphonie de couleurs presque
criardes afin de poser l'artifice comme alpha et oméga d'un univers ou règne le
factice et ou sous les sourires perce un racisme à peine voilé. Les USA dans
les années 50, au contraire de cette amitié entre une femme blanche aisée et
son amie noire qui est tout de même sa bonne, ce n'est pas un pays ou les races
sont mises sur un pied d'égalité, et le film va frontalement s'attaquer à ce
sujet hyper sensible via une lutte souterraine entre des personnages féminins
et leur reflet.
Reflet
oui – la scène ou la mère de Sarah Jane s'en vient revoir dans sa loge sa fille
qui l'a abandonnée et reniée parce qu’elle veut cacher ses propres origines –
cette scène déchirante ou ne pouvant affronter le regard et la parole
maternelle la fille va se confronter à un reflet, le sien, dans le miroir de sa
loge, ou en arrière plan le reflet de sa mère tient dans un petit angle – la mère
qui occupe un si petit espace dans un miroir, un espace qui semble encore trop
grand pour la renégate car le miroir MONTRE la filiation et donc la couleur de
peau. L'amour est refusé, nié, et de fait l'imitation est triomphante, la fille
connaît certes son petit succès mais percent les larmes, et le MAMA que
Sarah-Jane, en larmes, balbutiera lorsque sur la pointe des pieds, sa mère, lui
obéissant, sortira de la loge – ce MAMA résonne des années après la découverte
de ce film bouleversant.
L'enterrement
– déchirant, sublime, à tirer des larmes de crocodile à n'importe qui – qui
clôt le film, avec ce chant gospel, ces chevaux, ce carrosse, cette foule, et
elle, Sarah-Jane hurlant sa douleur d'avoir perdu sa mère et de s'être au
passage perdue pour vivre une imitation de la vie – quelle plus belle scène de
mélodrame a jamais été tournée au cinéma.
Je
n'en vois pas !
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