samedi 21 avril 2018

Chefs d’oeuvre du 7ème art - Les hommes du Président



1973, affaire Nixon, Washington Post. A l'heure de la presse qui se dit et se veut libre et notamment des intérêts politiques et financiers, deux francs-tireurs du journalisme – Dustin Hoffman et Robert Redford – s'en vont avec le soutien plus ou moins constant de leur rédacteur en chef fouiller les poubelles de Washington, et progressivement découvrir de quoi faire sauter la Présidence.

Née de l'après Vietnam, la vague du cinéma politique des jeunes auteurs de gauche du Nouvel Hollywood se veut contestataire du pouvoir conservateur incarné par Richard Nixon. Pour eux qui furent marqués par le double assassinat des frères Kennedy, l'Amérique telle qu’ils l'aiment ne se reconnaît en rien dans ce conflit sanglant aux confins de l'Orient dans lequel tant de leur génération trouvèrent la mort. Nixon, successeur du frère de JFK, personnifie à l'excès la ligne qu’ils exècrent – Oliver Stone en 1994 tirera de lui un portrait au vitriol. Pour eux, presse libre et cinéma libre se répondent, se complètent et se confondent dans cette préhistoire de la dénonciation des complots gouvernementaux.

Le thriller habilement bâti et mis en scène par Sidney Pollack est du ressort de ce cinéma classique tant aimé par les américains, le bien d'un coté et le mal de l'autre. La nuance n'est guère de mise mais l'efficacité. Les deux héros sont donc blancs comme neige, leurs méthodes éthiques, leurs témoins propres ou désirant le redevenir. C'est au cinéma le prix de l'efficacité, et ces Hommes du Président le sont.

On peut bien sur avec le temps et le développement – en séries surtout – de fictions politico économiques à foison trouver l'intrigue et le suspens quelque peu caricaturaux, voire lents. La description de la vie interne au journal vaut le détour, elle n'a en rien perdu sa pertinence. Intrigues, négociations, courses contre la montre, retournement de ligne éditoriale, pression sur les dirigeants du journal, le film dresse un tableau assez complet de ce que devaient à cette époque être ces titres faisant la loi dans l'univers de l'info-Entertainment. Lesquels ont depuis bien changé. L'indépendance capitalistique ayant vécu, pareille enquête serait de nos jours impossible – pire, dangereuse pour ses auteurs. Un age d'or, en somme, que cette décennie …


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