1973,
affaire Nixon, Washington Post. A l'heure de la presse qui se dit et se veut
libre et notamment des intérêts politiques et financiers, deux francs-tireurs
du journalisme – Dustin Hoffman et Robert Redford – s'en vont avec le soutien
plus ou moins constant de leur rédacteur en chef fouiller les poubelles de
Washington, et progressivement découvrir de quoi faire sauter la Présidence.
Née
de l'après Vietnam, la vague du cinéma politique des jeunes auteurs de gauche
du Nouvel Hollywood se veut contestataire du pouvoir conservateur incarné par
Richard Nixon. Pour eux qui furent marqués par le double assassinat des frères
Kennedy, l'Amérique telle qu’ils l'aiment ne se reconnaît en rien dans ce
conflit sanglant aux confins de l'Orient dans lequel tant de leur génération trouvèrent
la mort. Nixon, successeur du frère de JFK, personnifie à l'excès la ligne qu’ils
exècrent – Oliver Stone en 1994 tirera de lui un portrait au vitriol. Pour eux,
presse libre et cinéma libre se répondent, se complètent et se confondent dans
cette préhistoire de la dénonciation des complots gouvernementaux.
Le
thriller habilement bâti et mis en scène par Sidney Pollack est du ressort de
ce cinéma classique tant aimé par les américains, le bien d'un coté et le mal
de l'autre. La nuance n'est guère de mise mais l'efficacité. Les deux héros
sont donc blancs comme neige, leurs méthodes éthiques, leurs témoins propres ou
désirant le redevenir. C'est au cinéma le prix de l'efficacité, et ces Hommes
du Président le sont.
On
peut bien sur avec le temps et le développement – en séries surtout – de
fictions politico économiques à foison trouver l'intrigue et le suspens quelque
peu caricaturaux, voire lents. La description de la vie interne au journal vaut
le détour, elle n'a en rien perdu sa pertinence. Intrigues, négociations,
courses contre la montre, retournement de ligne éditoriale, pression sur les
dirigeants du journal, le film dresse un tableau assez complet de ce que devaient
à cette époque être ces titres faisant la loi dans l'univers de l'info-Entertainment.
Lesquels ont depuis bien changé. L'indépendance capitalistique ayant vécu,
pareille enquête serait de nos jours impossible – pire, dangereuse pour ses
auteurs. Un age d'or, en somme, que cette décennie …
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire