Paul est américain et vit à Paris. Il vient tout
juste de perdre sa femme, qui s'est suicidée. Furieux contre le monde entier,
il décide de changer de quartier et part à la recherche d'un nouveau logement.
En visitant un appartement à louer, il croise le chemin d'une inconnue, Jeanne.
Tous deux se retrouvent seuls dans cet appartement désert. Dans un élan de
folie, Paul, hanté par le sexe et la mort, se jette sur la jeune femme,
réalisant ainsi un de ses fantasmes. Une passion débridée naît de cette rencontre
insolite. Sur le point d'épouser un jeune cinéaste, Tom, plus intéressé par ses
films que par sa fiancée, Jeanne s'abandonne aux jeux érotiques de Paul, qui
lui donne régulièrement rendez-vous...
1972, Paris, deux déracinés, que dans la plupart des plans Bertolucci filmera comme deux
antagonistes rarement ensemble dans le cadre sinon représentés dans un miroir, un reflet, ou bien coupés par une porte, un objet. De la difficulté à former à l'écran un couple, de la part de deux personnages qui se sont donnés pour contrat de ne rien savoir l'un de l'autre, de se présenter l'un à l'autre nus, seulement assemblés dans cet
immense appartement pour s'adonner à des jeux érotiques, sexuels, sexués, pornographiques, sado-masochistes. Comme un pied de nez au passé, aux conventions, à la société qui les décoit ou ne leur parle guère.
1972, année suivant
1968, décennie de libération des moeurs. Nihilistes, Paul et Jeanne s'en vont tenter de recréer à partir de leurs corps livrés à un tango furioso un Eden. Tango, cette musique argentine née au XIXème siècle qui est une affirmation des corps qui se déchainent et se nouent, se heurtent et se confrontent sans jamais se
lier. Comme une provocation chorégraphique
contre l'ordre établi.
Le titre l'indique – ce tango, il s'agit du dernier. Du dernier Tango à Paris. Soient pour ces deux êtres à la dérive en quête d'un soi dépassant passé et futur un présent se suffisant à lui-même, une quete effreinée de plaisirs
brandie contre les conventions et les deuils d'un hier non digéré. Une réinvention d'une liberté ou deux corps se confrontent et se heurtent, se pénètrent grace à un fameuse motte de beurre. L'effraction acceptée, subie mais acceptée par le
personnage de Maria Schneider. Le coit est un horizon, à même le parquet elle se laisser pénétrer et souffle et crie de rage et de plaisir.
Ce film clos sur lui-même pénètre un monde intime ou l'intime est un monde à conquérir seconde apres seconde. Un monde ou ce qui se vit s'évanouit
aussitot. Un monde ou le plaisir charnel se suffit à lui-meme. Un monde ou les corps se confrontent mais ne parviennent à aucune autre harmonie que fuyante. Un monde sans amour et ou le désir avale tout. Mais un monde ou deux personnages à l'abri des regards parviennent contractuellement à poser les bases d'une délivrance. Fut-elle éminemment
fugace.
Marlon Brando, ici a l'abandon, tel un colosse abandonné de tous, offre un visage las et un corps lourd. Ce dernier tango
sortit l'année du Parrain de Coppola, en
deux brulots l'acteur mythique se réinventa de
fond en comble. Quant à Maria Schneider, ce premier premier role si stupéfiant suffit à vampyriser la suite de sa carrière. Et à l'inscrire dans l'Histoire du cinéma.
Portrait d'une société proche de l'abime, Le dernier tango à Paris, film crépusculaire,
enterre à peine éclos l'occident libertaire.
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