A
Paris, en 1942, Lucas Steiner, un metteur en scène juif, s'est officiellement
réfugié en Amérique, laissant la direction du Théâtre Montmartre à son épouse,
Marion, une comédienne. En réalité, il vit dans les caves de l'établissement,
qu'il n'a pas pu se résoudre à abandonner. Marion lui rend visite tous les
soirs et recueille ses directives. C'est ainsi qu'elle s'apprête à monter la
pièce norvégienne dont Lucas avait préparé la mise en scène. Jean-Loup Cottins,
un vieil ami, introduit auprès des milieux collaborateurs, s'efforce de lui
venir en aide, tandis que le premier rôle qu'elle a engagé, Bernard Granger,
cumule allègrement répétitions, résistance clandestine et amour passionné pour
Marion...
Apres
La nuit américaine ou l'aventure d'un tournage de film, deuxième incursion de François
Truffaut dans le monde des arts, cette fois du théâtre. Une troisième dans le
monde du music hall était en projet, hélas le metteur en scène des 400 coups
mourut avant.
Période
de l'occupation, Paris. Un journaliste de Je suis Partout, Daxiat, du trafic de
jambons et de la contrebande, une jeune actrice arriviste courant les cachets, les
compromissions avec l'occupant pour conserver l'ouverture du théâtre et ne pas
tomber sous les fourches caudines de la censure, un propriétaire de théâtre par
ailleurs metteur en scène juif caché dans la cave et qui à distance au travers
de sa femme signe la mise en scène d'une pièce romantique, un chassé-croisé
entre ce qui se joue sur scène entre les personnages et ce qui ce joue dans la
vie entre les individus, une femme maitresse mise en situation de reprendre d'une
main de fer l'affaire de son époux, tantôt dure, tantôt douce, et amoureuse, et
de son mari et de l'amour, une lesbienne tenant la barre et montrant parfois
des signes de fragilité … Le cocktail du scénario écrit à trois mains par François
Truffaut, Suzanne Schifman et Jean-Claude Grimberg est d'une richesse et d'une diversité
inouïes. On a affaire avec Le dernier métro
non seulement à un des meilleurs films de son auteur, à un succès populaire
énorme mais à la quintessence du meilleur du grand cinéma français, celui aux
scenarii absolument remarquables, remarquablement dialogués, avec un casting de
très haut vol. Regardez plutôt, Catherine Deneuve, impériale et d'une beauté à
couper le souffle, Gérard Depardieu, un nouveau Jean Gabin, Jean Poiret, le génial
Heinz Bennent, la grande Andrea Ferréol, Sabine Haudepin, Maurice Risch,
Jean-Louis Richard …
Une
distribution aux petits oignons, une intelligence de tous les instants, une
admirable reconstitution en studios du Paris sous l'occupation avec une
photographie digne des Marcel Carné signée Nestor Almendros, une musique signée
par le grand Georges Delerue et intégrant quelques magnifiques chansons de l'époque,
comme ces Amants de Saint Jean qui ouvrent le film.
Occupation
donc, mais aussi occupations amoureuses, intrigues, sentiments qui se heurtent,
avec ce dragueur de Depardieu et ses Il y
a deux femmes en vous qui se prend veste sur veste jusqu'à ce qu’un heureux
accident le fasse tomber dans les bras de Deneuve avec cette scène sublime ou,
sous un bureau d'ou l’on aperçoit la jambe de l'actrice elle murmure des OUI
OUI de jouissance. Mais aussi le couple officiel, elle et lui, la patronne et
le patron, les voir tous deux de nuit au fond de cette cave boire et s'aimer et
puis parler théâtre, recettes, mise en scène …
Véritable
chef d'œuvre, de ceux qu’on ne se lasse jamais de voir, ce Dernier métro ne peut par essence jamais perdre une ride. Déjà
totalement intemporel à sa sortie – je me souviens comme si c'était hier de l'immense
engouement populaire qu’il reçut, égal à celui du Vieux Fusil -, c'est le genre de film qui nous fait être fiers d'être
français.
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