Ethel,
jeune femme rêvant de devenir actrice, court en de grandes enjambées sans se
retourner. S'en va remettre une
enveloppe pleine de billets à son poivrot de père. Retrouve sa mère dépressive
dans son HLM. Puis file poser pour des photos érotiques. Avant de rejoindre le casting
d'une adaptation au
cinéma des Possédés de Dostoïevski. Où
Lucas Kessling, metteur en scène d'origine
polonaise, l'engage.
Le
Paris quelque peu baroque dans lequel Zulawski place sa fiction est comme une
copie occidentale des œuvres littéraires du génial romancier russe. Ca se
houspille, ca pialle, ca gesticule en tous sens. Chacun cherche à se faire
entendre, le plateau du tournage fonctionne comme un grand capharnaüm ou
Kessling pousse à bout une débutante ne comprenant rien ni au texte ni à sa
mise en scène. Dans ce monde-là la violence prévaut ainsi que la manipulation,
c est le prix pour devenir cette femme publique, cette actrice adulée que d'en baver et d'accepter tout d'un metteur en scène démiurge à moitié
fou.
Ce
que sous une fiction cocasse Zulawski nous montre, c'est la corruption de l'occident, lequel se nourrit des
ambitions personnelles. La jeune Ethel, ce sont toutes ces jeunes femmes qui se
disent prêtes à tout pour réussir, et qui parfois se brulent les ailes. Elles
ne savent rien, ne comprennent rien ni à ce monde ni à l'art. La collision avec Kessling sera bénéfique
sur le plan de la réussite pour sa muse, lui mourra et elle verra sa photo
faire la une des journaux.
Inattendu
succès lors de sa sortie en 1984, cette femme publique, au regard des autres
films du cinéaste, se veut plus léger, plus romanesque. Il énonce des
propositions on ne peut plus justes et le fait avec les armes du cinéma, entre
le thriller romantique et le film foutraque. Son trio vedette – Valérie
Kaprisky, qui aura beaucoup de difficultés à se remettre de l'image que donne d'elle le film, Francis Huster, très théâtral,
comme un double caricatural de Zulawski, et Lambert Wilson, absolument
remarquable et ici révélé – se fera plus que remarquer, un parfum de scandale
quelque peu fabriqué entourant le film lors de sa présentation hors compétition
au Festival de Cannes. Pour la première et dernière fois de sa carrière, Zulawski
parvint à jouer et à se jouer du système tout en rencontrant un succès
populaire, sans pour autant loin de là faire l'unanimité.
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