J'écris comme je vis, c'est à dire intensément. Je n'écris jamais que quand c'est absolument nécessaire. J'écris pour jeter des ponts vers les autres. Je ne recherche aucune notoriété.
lundi 16 avril 2018
Chefs d’oeuvre du 7ème art - Huit et demi
Guido Anselmi, un cinéaste réputé, suit une cure de repos dans une ville d'eau. Pour son prochain film, qu'il ne sait comment démarrer, il écoute les conseils de ses amis. Le tournage commence mais, subitement, Guido n'est satisfait de rien. Les doutes l'assaillent. Luiza, sa femme, Carla, sa maîtresse, Claudia, l'inaccessible beauté qu'il doit prochainement diriger : les visages féminins se mêlent. Guido s'évade dans des visions. Il revoit des épisodes de son enfance, des souvenirs de jeunesse, il rêve et chevauche allègrement réalité et songe...
Point de bascule de la carrière de Fellini entre sa période du réalisme à l'italienne – cloturée par la sublime Dolce vita 3 ans plus tot – et le reste de son oeuvre, Ce Huit et demi déconcerta ses contemporains. Allant flirter du coté de Bergman, ce long cheminement dans l'univers fantasmagorique ou l'on quitte sans cesse le réel pour le et se réinventer – pour s'en échapper comme au cinéma – prend pour point de départ la double crise existentielle du cinéaste.
A la fois crise de la quarantaine et crise d'inspiration, Huit et demi, dont le scénario semble se déconstruire de séquence en séquence, est une échappée poétique d'un univers réaliste par trop intrusif. Comme une réaction de défense contre ces personnages qui viennent importuner Guido dans sa cure, lui en réaction fait revenir à lui la Femme, toutes les femmes, celles, belles ou henaurmes, que de Roma a Amarcord Fellini appellera à lui, ces somptueuses monstresses, la Gradisca, toutes les autres …
C est a compter de ce 8e et demi film d'une carrière riche que Fellini osera une bonne fois pour toutes lacher la dramaturgie classique et prendre à pleines mains la caméra-stylo. Ce qui est sur l'écran nous dit-il est la représentation de mon univers mental, réel et fantasmagorique, le pouvoir du cinéaste est de créer un monde à lui et d'en chasser tout ce qui l'ennuie.
La, entre deux eaux, aux eaux thermales donc, le double Mastroiani expérimente en pleine dépression ce pouvoir qu'une fois sorti et revenu a Rimini et a Cinecitta il ne lachera plus.
Les images, subjuguantes, se succèdent, eaux suspendues, draps flottant dans les airs, Guido volant au-dessus d'un gigantesque embouteillage, les importuns comme ce critique à l'ego boursoufflé chassé du cadre, ne reste que la poésie, la pure poésie d'un créateur en pause et en auto-reflexion, inscrivant à meme la pellicule la matière de ses reves.
Retour au cirque des premières années, le réalisateur adulé reprend sa liberté, lache ses détracteurs comme ses courtisans, et tel un enfant s'en va monter haut, sur le filin, rejoindre la femme accrobate.
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