L'Angleterre
ouvrière et populaire de la fin du XIXe siècle. Une foule fascinée se presse
devant les tréteaux d'un montreur de foire, l'ignoble Bytes, qui exhibe pour
trois sous un monstre difforme, un homme-éléphant. Le docteur Treves, un jeune
médecin ému par une si grande détresse, pousse le malheureux à se faire
examiner à l'hôpital. En dépit des sarcasmes de son patron, Carr Gomm, qui se
soucie peu de soigner un incurable, Treves est touché par l'humanité et la
sensibilité qu'il découvre à son patient peu commun. John Merrick, puisque tel
est son nom, restera donc à l'hôpital. Tandis que le menu peuple et, plus
discrètement, la haute aristocratie, défilent au chevet de l'homme-éléphant,
Bytes, furieux d'avoir perdu son gagne-pain, l'enlève et l'emmène sur le
continent...
Révolution
industrielle, Angleterre. Un FREAKS exposé comme un monstre de foire par un
monstre foireux. Une créature nous dit-on, fruit de dégénérescences qui ont peut
être à voir avec le monde industriel, avec la médecine. En tout cas un être
humain que les humains maltraitent et exploitent. Et qu’un scientifique à l'ame
noble va parvenir non à sauver mais à remettre sur les rails d'une vie a minima
paisible en l'accueillant chez lui. La haute aristocratie c est-à-dire le haut
du panier tentera de l'apprivoiser et s'y intéressera.
Le
monstre c'est parfois l'homme lui-même et non le FREAKS nous dit Lynch dans ce
sublime et bouleversant film humaniste. Auquel on peut reprocher une chose. Les
méchants ce sont les pauvres et les bons les riches. Ce qui ne coïncide guère
tant avec la réalité qu’avec le message d'Eraserhead
son précédent film. Et avec le message de tous ses films suivants.
Néanmoins
restons focalisés sur l'essentiel, à savoir le message d'amour et de tolérance,
sorte de sésame dans le cinéma dit installé que Lynch avec ce second film
intègre. L'Homme Eléphant – John Hurt, méconnaissable – est un corps certes
monstrueusement déformé mais une ame raffinée et belle, éprise de sensibilité
et de douceur, qui s'intéresse aux arts, aux livres, à la peinture, aime la
beauté d'un intérieur, et se cherche une position pour s'assoupir. Sa trop
lourde tête d'éléphant ne lui permet point de s'endormir à l'horizontale, alors
son hôte et son hôtesse lui concoctent un petit système pour qu’il puisse comme
tout un chacun se reposer.
Notre
monde est impitoyable pour la différence mais fort heureusement existent de
nobles ames prêtes à tout pour mettre l'humanité au point le plus élevé. Le
destin – tragique, forcément – de cet Elephant
Man pourra bénéficier du pire mais aussi et surtout du meilleur.
Mélodrame
renversant – je ne suis pas un animal, je
suis un être humain, ce cri de John Merrick on n'est pas prêts de l'oublier
-, ce sublime film en un noir et blanc somptueux est avec le FREAKS de Tod
Browning le plus beau manifeste cinématographique jamais réalisé sur la
différence.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire