lundi 30 avril 2018

Chefs d’oeuvre du 7ème art - La peau douce



"Filmer les scènes d'amour comme des meurtres et les meurtres comme des scènes d'amour." Rarement cet axiome d'Alfred Hitchcock fut aussi bien appliqué par son jeune disciple François Truffaut, ici à la manœuvre de ce quatrième film tourné vite notamment dans son propre appartement en attendant le tournage de Fahrenheit 451. Dont la portée autobiographique sous jacente est énorme, le cinéaste étant aux frontières de la séparation d'avec Madeleine, sa propre épouse.

Le personnage magnifiquement interprété par le grand Jean Desailly, conférencier marié tombant sous le charme d'une ravissante hôtesse de l'air à la peau douce interprétée par Françoise Dorleac, est comme un double du cinéaste. De part son lien marital il ressent à la fois le trouble du désir et un sentiment de culpabilité, énorme facteur d'un suspens tout hitchcockien. Dans cette petite ville de province ou il est en mesure de vivre cette passion, tout individu croisé peut se révéler un indic, la discrétion n'est pas seulement de mise, elle est telle une chape de plomb sur l'amour naissant.

L'approche, les hésitations, les regards puis les caresses et les baisers, avec cette culpabilité incessante, cette incapacité à faire autrement que regarder derrière soi, de baisser les yeux, de se refuser à faire ce qu’on désire dès lors qu’on n'est pas à double tour enfermé dans une chambre d'hôtel. Le monde bourgeois est ainsi fait que seules les chambres d'hôtel sont des refuges, que la maitresse tant désirée peut rejoindre pourvu que personne ne guette devant le seuil.

Film mélancolique puis tragique sur la passion et sur l'adultère, film sur la peur de vieillir, celle de Jean Dessailly comme celle de son épouse légitime, à qui Truffaut offre vers la fin une scène stupéfiante. Elle aussi, amoureuse passionnée, femme capable de prendre tous les risques pour conserver ce qui lui est ôté. Elle commettra le geste, tragique, désespéré, d'une épouse abandonnée.

Rares sont les films de Truffaut n'ayant pas rencontré l'assentiment ou le succès du public. Celui-ci, sorti en 1964, fut l'un des rares échecs commerciaux d'un auteur qui estimait que le public avait toujours raison. Il s'agit étrangement de l'un des plus beaux, un qui fait partie de sa veine désespérée et tragique, comme La sirène du Mississipi ou Les deux anglaises et le continent, deux échecs encore.

L'on ne peut oublier la silhouette gracieuse et la voix presque blanche de la superbe Françoise Dorléac, le charme à l'état pur. Truffaldienne et hitchcockienne, elle irradie de la première à la dernière scène, sur cette splendide musique composée par Georges Delerue.


Chefs d’oeuvre du 7ème art - Violence et passion



Plus de dix ans après Le Guépard, Visconti retrouve Burt Lancaster et transpose, d’une certaine façon, son personnage d’aristocrate en fin de règne dans la Rome contemporaine. Si le seul titre que daigne ici porter le personnage est celui de professeur, il incarne, comme le prince Salina, le dernier souffle d’une société proche de l’anéantissement. Violence et Passion est aussi l’avant-dernier film d’un Visconti déjà affaibli par la maladie, ce qui change radicalement la donne : cette rencontre entre le professeur vieillissant et les avatars d’une société corrompue par le capitalisme est autre chose qu’une métonymie romanesque. Elle a la rage et le tragique des questions de vie ou de mort.

On peut considérer ce Violence et passion comme le testament du grand cinéaste de Ludwig et de Mort à Venise. Davantage que dans son adaptation quelque peu académique du chef d'œuvre de Thomas Mann, il peint ici le lent déclin d'un monde aristocrate, le sien, au profit du vulgaire.
Le film a pour unique décor l'intérieur de l'immense maison de ce professeur littéralement envahi par des hordes de sauvages. Le monde du Guépard est sur sa fin au profit d'une cohorte de saltimbanques vulgaires et sans gène qui vivent aux crochets de l'ancien monde, se piquent de politique, font l'apologie du communisme tout en se vautrant sans débourser le sou dans le luxe.

Ces pantins dont Visconti fait le portrait en se bouchant presque le nez sont tels des automates bruyants, ils parlent sans cesse, bougent, rentrent à pas d heure, font hurler des musiques tout en réveillant tout un quartier, méconnaissent le silence et la méditation. Pire, ils se piquent d'être cultivés alors qu’ils ne font qu’effeuiller des livres qu’ils lisent en diagonale. Pour eux la culture est un vernis, le luxe un apparat, la conversation un pensum des lors qu’ils ne tiennent point le crachoir. Leur boussole est l'intérêt, ils ont toujours quelque chose à quémander ou à obtenir, ils ne donnent rien et ne font que se servir.

La relative passivité du professeur correspond à cet état d'ame du vieux Lion qui souhaitant se reposer sans y parvenir du fait de trop de mouches s'agglutinant sur son museau finit par ne plus bouger un cil. A quoi bon se dit-il en songeant à cet autrefois qui reste gravé dans les bibelots et les meubles et les livres de sa maison à présent livrée aux sauvages. Ce monde, celui de l'Italie des années 70 ou se déroule l'intrigue, celle des années de plomb et celle des mouvances révolutionnaires d'extrême gauche, ne l'intéresse guère, il ne le comprend ni ne souhaite le comprendre, pour lui qui a l'expérience en lui ce ne sont que des jérémiades et des gesticulations, ces mots, ces phrases, ces questions, ces palabres, pour cet homme noble d'un Age avancé qui attend de passer à trépas cela ne veut rien, absolument rien dire.

Il vivra donc un champ du cygne confronté à cette violence du monde extérieur qui s'est incrustée en sa demeure comme la gale, et la souffrira en silence, se contentant de fermer les portes et les fenêtres.

L'émotion éprise de nostalgie qui émane du film est comme une confidence soufflée du bout des lèvres par le Prince Visconti, d'essence noble faut-il le rappeler ici. J'ai fait mon temps, semble t-il nous suggérer dans ces longs travelings mélancoliques ou l'on voit Burt Lancaster enfin laissé seul. J'ai donné mon écot, je tire ma révérence et je m'en vais bientôt. Fermez la porte s'il vous plait, ayez a minima cette décence …


Lafarge, ca va faire PSCHIT !




Donc notre bon Vincent Bolloré est chez le juge, mis en examen. Face aux accusations de collision avec Daesch – achat de pétrole pour faire tourner son site en Syrie, paiement de taxes à l'organisation terroriste pour permettre à ses ouvriers de venir travailler sur le site, livraison de matériaux dont des armes chimiques à Al Nosra … - le Magnum des médias, ci devant patron dudit groupe impliqué, nie. Son groupe nie. Le gouvernement détourne les yeux. Hollande, pourtant sur les tréteaux fort présent, ne dit mot. Valls est aux abonnés absents, Fabius idem.

Bassam Tahhan, excellentissime géo-politologue d'origine syrienne, enfonce le clou sur RT France et dit sa conviction que l'Etat Français – Hollande Valls donc – non seulement était au jus mais à la manœuvre. Ce afin de faire tomber Bachar El Assad.

De nouvelles révélations publiées par Libération le 22 avril soulignent que l'Etat français aurait été informé des tractations, notamment financières, entre le cimentier français basé dans le nord de la Syrie et les terroristes de l'Etat islamique.

Le journal Libération a pu avoir accès aux procès-verbaux de l'audition du directeur de la sûreté du cimentier Lafarge, Jean-Claude Veillard, le 12 avril, par la juge d’instruction parisienne, Charlotte Bilger. Jean-Claude Veillard fait partie des six dirigeants du cimentier mis en examen pour avoir versé d’importantes sommes d’argent, entre 2012 et 2014, à plusieurs groupes armés en Syrie, dont l’Etat islamique, dans le but de poursuivre l’activité d'une cimenterie en zone de guerre. 

Jean-Claude Veillard a fourni aux enquêteurs des éléments selon lesquels il a rencontré à 33 reprises les différents services de renseignement extérieur, la Direction du renseignement militaire (DRM), la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) et la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), entre 2012 et 2014. 

« Je ne faisais aucun tri dans les informations que je donnais aux services des renseignements », a notamment déclaré Jean-Claude Veillard, n'hésitant pas à ajouter : « Au cours des réunions, j’ai donné toutes les informations ». Ces renseignements auraient donc permis au plus haut niveau de l’Etat français d'être renseigné sur le financement de factions armées en Syrie par le cimentier français. 

Dans le détail, selon les déclarations du directeur de la sûreté, l’Elysée et le Quai d’Orsay participaient à des discussions stratégiques sur l’envoi de soldats dans l’usine. Mais pas seulement.

Les services de renseignement pouvaient-ils ignorer les remises d’argent, à partir de novembre 2013, à l’Etat islamique ? Dans les réponses qu'il a apportées à la juge d'instruction et rapportées par Libération, Jean-Claude Veillard réitère avoir « donné toutes les informations » sur le financement de groupes terroristes. «Quelle était leur réaction ? », demande alors la juge Bilger. « Ils engrangent les informations, c’est leur métier ». 
Nous sommes face à des déclarations – nous sommes d'accord. A prendre donc avec précaution, ce que nous faisons. Il n'empêche, le scénario d'une implication de l'Etat dans ses plus hauts sommets tirant les ficelles de Lafarge tient la route. Bien davantage jusqu'à présent que la bien faible défense de Lafarge et de son Président. Attendons donc patiemment la suite des opérations.

Notons au passage le silence assourdissant de celui qui fut Secrétaire Général Adjoint de la Présidence sous Hollande PUIS Ministre de l'Economie. Et qui est notre actuel Président. A supposé que dans son 1er poste – pourquoi pas – il n'ait été mis dans la confidence – après tout son domaine d expertise était l'économie – on peut légitimement se demander comment aux manettes du mastodonte de Bercy les opérations financières à l'étranger d'un de nos plus gros fleurons nationaux auraient pu lui échapper. Quoi qu'il en soit, du coté de la Présidence actuelle, meme silence que du coté de la précédente.

Cette affaire, j'en fais le pari, va occuper le devant de la scène quelques semaines avant de finir sur un non lieu. Comme ce fut le cas pour TOUTES les affaires Sarkozy. Quand les plus hautes autorités de l'Etat – constat factuel à l'instant T – sont mouillées, la Justice feint une action pour mieux finir dans un enterrement de première classe. L'implication d'un Etat aux cotés de son supposé ennemi numéro UN condamné par nos juges demeurera une lubie de complotiste, c est-à-dire une chimere. Ce n'est tout bonnement pas crédible que ca soit dévoilé aux opinions publiques. Car si cela etait alors adieu toutes les gesticulations autour des fake news et de tout le reste. 

Donc PSCHIIIT.


Chefs d’oeuvre du 7ème art - Le corbeau




Une petite ville française est frappée d'une maladie contagieuse. Des lettres anonymes accusent le docteur Germain d'être l'amant de Laura, la femme de l'un de ses collègues, le docteur Vorzet. Les lettres portent la signature, énigmatique, du «Corbeau». Les premiers soupçons des principaux concernés se portent sur Denise, la fille de l'instituteur chez qui loge Germain, puis sur une jeune perverse, Rolande, et enfin sur Marie Corbin, l'assistante de Vorzet. Bientôt, pourtant, le «Corbeau» désigne tous les notables à la vindicte publique. Qui est-il ? L'enquête de la préfecture ne parvient pas à le démasquer...

Tourné en pleine occupation à la Continental sous égide allemande, Le Corbeau part d'un fait divers corrézien et situe son action en 1922 pour mieux parler … de la France délatrice de son époque. Fort critiqué de toutes parts – Vichy le vouait aux gémonies ! -, le film sera mystérieusement interdit … à la libération, Clouzot interdit de tournage pendant deux ans et ses deux principaux interprètes, Pierre Fresnay et Ginette Leclerc, feront quelques jours en prison pour collaboration avec l'ennemi.

Cet authentique brulot s'ouvre sur l'enterrement d'un nouveau né au cimetière, puis le plan plonge sur l'église, avant de se fixer au centre névralgique de l'intrigue, dans cet hôpital ou l'on ne soigne presque personne et ou l'on remplace la morphine d'un malade par de l'eau pour mieux lui dérober … sa drogue. Le mal s'est incurvé dans ce petit village au moyen d'une lettre, la lettre d'un corbeau, un corbeau qui n'appelle point justice mais vengeance et  se donne pour mission de mettre en lumière l'ombre de tout-un-chacun.

Dans ce film d une noirceur extrême, personne n'est innocent, tout le monde possède sa part d'ombre et celle-ci pousse les villageois a tremper dans le bain glauque c'est-à-dire sur fond de culpabilité à accuser son voisin, à révéler ses petits arrangements avec la vérité, à dénoncer anonymement. Les découvertes des missives du corbeau créent à la fois peur et désir de savoir, le voyeurisme est lâche et les loups sont lâchés dans la bergerie.

C'est au travers d'un microcosme ou une ampoule jetée lors d'une scène mémorable d'un personnage sur l'autre dans l'obscurité – ampoule lumière qui brule et qui ainsi balancée déplace de l'ombre – que nait en filigranes le portrait cynique d'un pays de collabos prêts à vendre son prochain. Le jeu malsain n'en finit pas de déplacer la culpabilité tel un pion sur un échiquier lors d'un jeu auquel chacun veut participer.  Les lettres anonymes balancent tout, drogue, adultère, avortement. La misanthropie célèbre du cinéaste des Diaboliques trouve ici son apogée, l'ame humaine n'est que noirceurs et coupables abandons par en-dessous, la loi du nombre prévaut et permet à tout un chacun de maculer toute éthique sous couvert de jeu de société.

L'on comprendra que ni le régime du Travail Famille Patrie ni les résistants ne trouvèrent gout à ce vitriol balancé à la face du peuple français et payé par les fonds allemands en pleine occupation. Clouzot sera provisoirement accusé de tous les maux dont celui de traitrise, avant de voir au fil des ans ce pur chef d'œuvre réhabilité et reconnu comme tel.


Chefs d’oeuvre du 7ème art - Trop belle pour toi



Bernard Barthélémy, concessionnaire automobile à Marseille, a tout pour être heureux : deux enfants adorables et une épouse superbe, Florence. Mais l'ennui rôde et les convenances pèsent. Bernard remarque sa nouvelle secrétaire, Colette, qui n'est ni belle ni même jolie, mais qu'il désire. Florence sent le danger et s'arrange pour rencontrer Colette tandis que Bernard la suit jusque dans le petit pavillon où elle entretient son amant, un écrivain débutant. Bernard finit par céder à son irrésistible impulsion. Colette devient sa maîtresse interloquée, inquiète, déjà déçue. Affolée par le chagrin, Florence suggère que ce soit elle la maîtresse, et Colette, l'épouse, conformément aux indications données par leur physique respectif...

Apres Mozart dans Préparez vos mouchoirs, Schubert ! Impromptus no. 3 pour être précis, pour mieux traduire l'émoi, l'émoi amoureux auquel le personnage joue par Gérard Depardieu, objet du triangle amoureux entre son épouse et celle qui va devenir sa maitresse et en cela d'une grande passivité, s'adonne. Cet émoi le saisit, se saisit de lui tandis qu’il observe Josiane Balasko, la secrétaire, assise sur le lit d'une chambre d hôtel. Elle qui a contrairement à son épouse Carole Bouquet un physique banal. Une femme n'a pas besoin d être belle, elle a besoin d'être une femme, dit-il. Et donc, l'homme marié est soudain saisi par ce sentiment envers celle dont peu avant il jugeait le physique assez tarte.

Ces impromptus de Bertrand Blier autour de la figure classique du triangle amoureux, il va les catapulter loin de la convention, l'homme marié à une femme déesse tombant – rôles féminins inverses – amoureux de la femme banale, de la femme dite quotidienne. Au récit linéaire il préfère une variation avec flashs back et flashs forward ou la fantasmagorie de chacun des personnages, celui de Depardieu exclu, apparaît et s'incarne à l'écran. Le faux, le vrai, le fantasme, tout est conjugué en ces impromptues sonates à trois voix ou les sentiments mènent la danse et tiennent la caméra. Celle-ci, frémissante, suit les mouvements du cœur, le trio vedette n'est que murmures et frémissements, la sublime Carole Bouquet tout en retenues frustrées, Depardieu en abandons et Balasko en hésitations et en tendresses.

Parfois le récit s'en va flirter avec le baroque drolatique. Au banquet de noces ou est décidé de dire tout haut ce qu’on n'ose dire tout bas et ou un convive fait à la mariée un stupéfiant aveu quelque peu grossier, celle-ci soudain se leve, et dans le silence se lance dans un discours, un discours mémorable tant l'actrice est au-delà du juste, sur la solitude de la beauté. Un traveling lent semble boire ses paroles, à peine trois vannes à la Blier lancées à la cantonade que l'on plonge dans l émotion et la poésie pure.

Plus que soigné en termes de mise en scène – c'est a compter de Trop belle pour toi que le cinéaste des Valseuses commencera à faire au moins autant attention au filmage qu’aux dialogues qui sont sa marque de fabrique -, ce bijou gorge d'humanité dont l'histoire tient sur deux lignes est de ces films que plusieurs visionnages n'épuisent pas. L'investissement des acteurs, la grâce du filmage, la qualité des dialogues et la beauté des silences … Tellement beau pour nous !


Chefs d’oeuvre du 7ème art - La femme publique




Ethel, jeune femme rêvant de devenir actrice, court en de grandes enjambées sans se retourner. S'en va remettre une enveloppe pleine de billets à son poivrot de père. Retrouve sa mère dépressive dans son HLM. Puis file poser pour des photos érotiques. Avant de rejoindre le casting d'une adaptation au cinéma des Possédés de Dostoïevski. Où Lucas Kessling, metteur en scène d'origine polonaise, l'engage.

Le Paris quelque peu baroque dans lequel Zulawski place sa fiction est comme une copie occidentale des œuvres littéraires du génial romancier russe. Ca se houspille, ca pialle, ca gesticule en tous sens. Chacun cherche à se faire entendre, le plateau du tournage fonctionne comme un grand capharnaüm ou Kessling pousse à bout une débutante ne comprenant rien ni au texte ni à sa mise en scène. Dans ce monde-là la violence prévaut ainsi que la manipulation, c est le prix pour devenir cette femme publique, cette actrice adulée que d'en baver et d'accepter tout d'un metteur en scène démiurge à moitié fou.

Ce que sous une fiction cocasse Zulawski nous montre, c'est la corruption de l'occident, lequel se nourrit des ambitions personnelles. La jeune Ethel, ce sont toutes ces jeunes femmes qui se disent prêtes à tout pour réussir, et qui parfois se brulent les ailes. Elles ne savent rien, ne comprennent rien ni à ce monde ni à l'art. La collision avec Kessling sera bénéfique sur le plan de la réussite pour sa muse, lui mourra et elle verra sa photo faire la une des journaux.

Inattendu succès lors de sa sortie en 1984, cette femme publique, au regard des autres films du cinéaste, se veut plus léger, plus romanesque. Il énonce des propositions on ne peut plus justes et le fait avec les armes du cinéma, entre le thriller romantique et le film foutraque. Son trio vedette – Valérie Kaprisky, qui aura beaucoup de difficultés à se remettre de l'image que donne d'elle le film, Francis Huster, très théâtral, comme un double caricatural de Zulawski, et Lambert Wilson, absolument remarquable et ici révélé – se fera plus que remarquer, un parfum de scandale quelque peu fabriqué entourant le film lors de sa présentation hors compétition au Festival de Cannes. Pour la première et dernière fois de sa carrière, Zulawski parvint à jouer et à se jouer du système tout en rencontrant un succès populaire, sans pour autant loin de là faire l'unanimité.


Recyclage de nos politiciens



Le chef de file du parti espagnol Cuidadanos a proposé le nom de Manuel Valls en tant que tête de liste du parti à la mairie de Barcelone en 2019. Ce dernier s'est dit intéressé et est en pleine réflexion. Quoi de mieux après la succession d'humiliations du matador en France depuis son départ de Matignon qu'un retour au bercail en effet …

Nous ne remercierons jamais assez notre ami espagnol de cette succulente suggestion, et profitons de l'occasion pour proposer à nos amis hongrois de faire la même démarche auprès de notre cher Nicolas Sarkozy. Après tout, ces petits francais de sang mêlés qui ont tant fait de bien au pays ont le droit de sucrer des fraises et de se rapatrier apres tous les services rendus à la Nation.

On me glisse dans l'oreillette pour le second que le Qatar s'en est déja occupé. Le recyclage de grands hommes est décidément la meilleure antenne de Paul Emploi en France. Avec eux pas de trous dans le CV. La grande écrivaine Christine Angot, par ailleurs chroniqueuse à ses heures sur une chaine publique, s'est attristée, je cite, d'une fuite des cerveaux. Elle devait j'imagine se référer à ses propres problèmes de plomberie neuronale.

La vie politique francaise a depuis 2007 pris un tour étrange. L'homo-politicus étant devenu ce qu'il est, les carrières s'écourtent. Il convient donc, au contraire des générations précédentes, de bien réfléchir à segmenter son cursus en plusieurs blocs, un peu sur le modèle LREM. Un premier cursus dans le privé. Un rebond en politique le temps d'un ou deux mandats pas plus. Enfin – pour le menu fretin – un poste de chroniqueur comme Roselyne Bachelot sur une chaine du cable.

Pour le haut du panier – les ex présidents et les ex premiers ministres – on peut imaginer un poste d'Associé chez Goldman Sachs, la Présidence de l'Union Européenne, la direction d'un fond d'investissement, la création d'une Fondation, la direction d'un Club de Football ou … la Mairie de Barcelone.

Notre dernier président, feu Francois Hollande, un an à peine après son retrait de la vie politique, court les tréteaux et tacle son successeur avec un suspect acharnement. On a retrouvé Monsieur Petites Blagues, role ou il excelle bien mieux que comme locataire de l'Elysée. Dans ses diatribes anti Macron perce une forme d amertume sous les traits d'humour rosse. Flanby semble avoir complètement oublié que Macron fut son obligé et sa créature. N'y avait-il vraiment aucun cabinet noir, Monsieur Jean-Pierre Jouyet, pour faire chuter Fillon et filer le maroquin à l'actuel …

La collision entre les politiciens et les pantins des médias permet de réécrire au fur et à mesure une histoire qui se vit sous l'angle exclusif de l'instantanné et du carriérisme. Les politiques sont devenus des people qui sortent des livres, font les paons, changent de job, s en vont, reviennent. On a toujours aucune nouvelle de Madame Royal, perdue quelque part au Pole Nord depuis sa nomination de Reine des Neiges intergalactique. Gageons que son retour, comme celui du Jedi, ne saurait tarder.

Un nouveau livre peut-etre, Ségolène …