Rosemary et Guy Woodhouse s'installent dans un vieil
immeuble de New York. Ils font rapidement la connaissance de leurs voisins,
Roman et Minnie Castevet, qui se révèlent d'une gentillesse et d'une
serviabilité extrêmes. Pourtant, Rosemary se méfie. Un soir, Minnie apporte au
jeune couple un dessert dont le goût déplaît à Rosemary. Soudain, tout se met à
tourner autour de la jeune femme, qui sombre dans un monde d'abominables
cauchemars. Le lendemain, elle se réveille couverte d'horribles égratignures.
Lorsqu'elle tombe enceinte, Minnie lui donne à boire d'étranges potions, qui
déclenchent chez elle de violentes douleurs. Elle se met à maigrir à vue
d'oeil. Son ami Hutch la met en garde contre les Castevet. Guy, au contraire,
semble subjugué par le couple...
Surement pas un hasard – avec Polanski le hasard n'existe guère – que ce film sur les sectes satanistes soit sorti en
cette drole d'année de libération que fut 1968. Ou luttant contre des traditions le diable sortit
de sa boite.
A l'exception de
deux scènes extrêmement terrifiantes – le long cauchemar-enfantement par le démon dans le bateau, une des scènes les plus effrayantes que j'aie jamais vues, et bien-sur le final autour du berceau -, ce pur chef
d'oeuvre du cinéma d'épouvante joue
sur la tension, le bizarre, le malsain, et procède plus par suggestions que par
démonstration.
Le climat est d'entrée de jeu posé comme extrêmement étrange, ne serait-ce que cette musique en guise de contine décalée, et puis ce visage de Rosemary – Mia Farrow, exceptionnelle – qui
semble si pur, on sent que du-dedans la facade va lentement se lézarder.
Les nombreuses intrusions de cette voisine quelque
peu vulgaire au sourire trop appuyé pour etre sincère cassent l'intimité désirée de cette maman enceinte, auxquels mari, docteur et voisins imposent
un traitement à base de plantes à l'odeur
infecte. Les scènes voient se multiplier les signes du malin, cette laverie
inquiétante au sous-sol, la viande rouge crue mangée par l'héroine comme le ferait une bête, la grosse amie tricotteuse des
Castevet au visage fermé, ces bruits étranges
depuis l'autre coté du cagibi dans ce qui est l'appartement des Castevet.
La secte sataniste apparait par suggestions, puis
infecte tant l'appartement que l'héroine et le climat extrêmement pesant du film, un climat poisseux, qui
met vraiment extrêmement mal à l aise et nous conduit à nous identifier à cette
oie blanche que même son mari – surtout son mari – manipule.
L'enfant du
diable, cet Antéchrist, est dans le ventre de cette mère que les reptiliens
surveillent comme le lait sur le feu, à coups de plantes, de traques, d'yeux à la porte, de cachets l'assommant. Réceptacle du démon qui un soir la viola au coeur d'une cérémonie macabre, Rosemary semble tomber dans la folie et tache de se
raccrocher tant à son meilleur ami qu'à un autre
docteur. Le premier lui apportera le manuscrit exposant la réalité des Castevet, la secte de démons, le
secret de l'appartement, les rituels sacrificiels. Soulevant avec Rosemary le
voile du mal pur, nous pénetrons alors directement dans l'antichambre de l'enfer.
Admirablement filmé, scénarisé, interprêté – Ruth Gordon et John Casavetes sont géniaux ! -, ce Rosemary's baby cultissime, deuxième incursion de Roman Polanski
dans l'horreur pure apres Répulsion – et avant le génial Locataire de 1976 qui
clairement flirte aussi avec – est de part l'investissement du cinéaste dans la cause particulièrement
troublant et réussi. Il a beau avoir 50 ans d'age, il ne
vieillit pas d'une ride, c est le genre de film qui vous fait littéralement frémir et qui hante vos nuits. Aux cotés du premier volet de La Malédiction, il trone au sommet du cinéma abordant le thème de Satan et de son incarnation sur terre. Sujet
sans doute aucun le plus terrifiant qui soit.
Et il le fait avec une remarquable économies de moyens.
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