1572. La guerre de
religions entre catholiques et protestants fait rage. Afin de réconcilier les
Français, Catherine de Médicis décide de marier sa fille, la catholique
Marguerite de Valois, la "reine Margot", avec le protestant Henri de
Navarre, le futur roi Henri IV. Au cours de la nuit de la Saint-Barthélemy,
alors que le sang coule à flot dans les rues de Paris, la "reine
Margot" sauve du massacre le seigneur de la Môle. Entre Margot la
catholique et le protestant la Môle naît une passion qui fera basculer leurs
destins.
Dès
le mariage arrangé,
filmé
comme une succession de tableaux en mouvements, le cadre est posé.
Nous voici donc au cœur d un pouvoir profondément mafieux, construit autour d’une
famille sanguinaire et incestueuse, dont le roi Charles IX n’est
guère qu’un pantin désarticulé livré
conjointement à
l’influence
de sa monstrueuse mère
Catherine de Médicis et de son ami protestant l’amiral de
Coligny. Cette apparente réconciliation entre le pouvoir catholique et le
chiisme protestant n’est
qu’un leurre conduisant au génocide de ces derniers, et Margot fait office d’appât.
Agglutinés
tels des cafards murmureurs dans les couloirs du Louvre, les frères de Margot
et leurs troupes complotent, s’agitent, s’opposent,
se préparent. Le signal de la Saint Barthelemy sera arraché
au roi et donnera lieu, sous la musique fascinante de Goran Bregovic, à
une succession de scènes filmées et de travelings somptueux d’un
bal macabre fait d’épées
plongeant dans les entrailles, de gorges tranchées, d’assauts
sanguinaires piques en avant. Horrifiée par ce spectacle digne de l’Enfer
de Dante, Marguerite désormais de Navarre parviendra in extremis à
sauver à
la fois son amant protestant La Mole et la tete de cet Henri à
qui de force elle fut mariée. Quittant les intrigues et les crimes des siens,
elle deviendra dissidente d’une lignée confondant ses actes faits
au nom de la religion aux crimes de l’inquisition.
Ballet
cinématographique de plans suspendus dans l éternité sur fond de ciel absent, La Reine Margot dans sa réalisation
par l’immense
metteur en scène de théâtre, le regretté Patrice Chéreau,
se détourne des clichés
du cinéma historique pour rejoindre les grandes œuvres américaines sur l
univers de la mafia, Le Parrain
surtout. Cette gangrène
de Médicis, ces démons incestueux avides de sang, ces frères grouillant tels
des corbeaux autour d’une
marâtre – immense Virna Lisi – au visage blême et aux habits de deuil sont les équivalents
de ces Corleone jamais rassasiés.
Il
leur faut du sang, du sang encore, et le subit empoisonnement par erreur du roi
– Jean-Hugues Anglade, stupéfiant -, coulant littéralement de tous les pores de
l’hémoglobine
sur la blanche robe de sa sœur – une Adjani sublime, sublimement faite pour incarner
ce rôle de victime et d’amoureuse
rebelle – illustre in fine le destin de ces êtres livrés
au mal.
L’auto
destruction, le meurtre par la Mère du Fils et du Roi.
Le poison catholique ainsi désigné qui
emporte tout sur son passage, ouvrant une ère de guerres de religion et de
misères. Les images de ces charniers, évoquant les camps de la mort, nous
ramènent à
l’imminence
et à
l’actualité
de ces combats d’hier.
Le pouvoir pour lui-même dans l’excommunication de toute différence conduit
à ca et ca seulement. L’extinction,
au-delà de toute dignité – de la race en tant que telle.
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