Ils se sont connus il
y a longtemps. Se sont aimés, passionnément. Se sont finalement quittés. Mariés
chacun dans leur coin.
Ils… Bernard et
Mathilde.
Quand un couple s’en vient habiter dans
la maison d’en face de la maison
de l’autre couple. Entre
voisins on s’invite. Bernard
retrouve Mathilde et Mathilde Bernard. Et tel un brasier ardent la passion
renait. Folle. Enchainante. Fiévreuse. A en perdre la raison.
Depuis la fenêtre il
l’observe, depuis la
sienne elle l’espionne. Rendez-vous
secrets dans une chambre d’hôtel,
surtout faire attention, nous sommes dans la banlieue bourgeoise de Grenoble et
tout se sait, tout peut se savoir.
A leurs cotés leurs
conjoints assistent, pas dupes, aimants, profondément aimants, à la renaissance
de la passion destructrice. Ils restent là, impuissants, et assistent au
naufrage, au double naufrage, celui de l’être aimé et celui de
leur couple.
Propriétaire d un
tennis huppé, Madame Jouve, cinquième personnage du drame qui se noue, observe
et comprend. Autrefois elle eut elle aussi une passion amoureuse dévastatrice
et sauta par la fenêtre ouverte. Depuis, elle marche avec une béquille. Handicapée
de l amour, elle aussi.
Entre eux des scènes,
elle s’évanouit dans un
parking de supermarché, les sentiments trop forts la font littéralement s’évanouir. La manière
dont Gérard Depardieu prononce ce prénom, Mathilde, rien que cela elle
frissonne, elle lui demande, appelle-moi ainsi comme cela, et quand il le fait
elle perd la tête.
Cette passion
ravageuse s’en va aller, les premières
minutes de ce film construit en flashback nous l’indiquent, jusqu’au meurtre des amants,
jusqu’à leur mort, un double suicide, cet amour à mort y conduit, la passion
emporte tout sur son passage, couples, convenances, raison, équilibre, tout
implose ou explose, la vie devient proprement invivable pour ces deux amants
maudits.
Romantisme effréné
que celui de cet avant dernier film du regretté François Truffaut, révélation
de Fanny Ardant dans son premier premier grand rôle ou elle est sublime, Fanny qui
fut la dernière compagne du cinéaste et l’interprète de ses deux derniers chefs d’œuvre. Elle incarne
la figure de la femme passionnée, elle, La
femme d’à coté, aux cotés d’un Depardieu qui sortait du Dernier métro et retrouve pour la 2e et dernière fois ce
metteur en scène ayant réussi comme personne à nous faire partager la part féminine
de notre plus grand interprète français.
Ce couple
Ardant-Depardieu, Fanny-Gérard, Mathilde-Bernard, couple mythique, film
mythique, drame tragique, un des plus grands films jamais réalisés sur la
passion amoureuse. La déraisonnable et fascinante passion amoureuse. Celle que
vécut tant de fois cet homme qui aimait TANT les femmes …
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