Jack, un preneur de son employé par une maison de
production spécialisée dans les films d'horreur, est tellement passionné par
l'univers des bruits qu'il passe son temps libre à capter le brouhaha du monde.
Un jour où il enregistre des cris d'animaux dans un parc, il se porte au
secours des occupants d'une voiture qui vient de plonger d'un pont dans le
fleuve en contrebas. Il ne peut sauver qu'une jeune femme. Le conducteur, un
homme politique en vue, est mort. Peu désireux de créer un scandale, Jack accepte
de garder le silence sur la présence de la passagère. En réécoutant son
enregistrement, il remarque deux bruits curieux : le premier ressemble
étrangement à un coup de feu et le second à l'éclatement d'un pneu...
Depuis Greetings,
et à la suite d'autres metteurs en scène – Coppola ou Oliver Stone – Brian de
Palma fait partie de ces créateurs ayant été fortement marqués tant par l'assassinat
de JFK que par le thème de la manipulation et du complot, notamment via l'image
et dans le cas présent le SON.
Authentique théoricien du pouvoir mensonger des
images, du spectacle et de leur utilisation par le ou les pouvoirs, politique,
médiatique et autres, il interroge ces derniers au travers d'une affaire d'assassinat
d'un politicien via le personnage d ingénieur du son génialement interprêté par un Travolta à son meilleur les pièces, et donc les preuves.
En grattant, le citoyen-ingénieur découvre la preuve
technique du mensonge qu'il met en parallèle avec le déversoir à foutaises des
médias. Et se lance avec cette jeune passagère dans une course poursuite-fuite
avec le danger lié au devoilement du dessous des cartes.
Ce lanceur d'alerte avant l'heure est comme un
prolongement du cinéaste lequel dans ses films n'a eu de cesse d'interroger
tant le réel que sa projection – c'est-à-dire le pouvoir du cinéma, le pouvoir
manipulatoire de l'art qui est le sien. Les intrigues des films policiers de De
Palma sont comme des clefs de décodage et des mises en garde auprès du public.
Méfiez-vous des images, méfiez-vous, vous êtes conditionnés et manipulés par des tireurs de ficelles qui se
jouent de vous, et n'hésitent pas à tuer celles et ceux qui tels mes
personnages se sont donnés pour mission de vous avertir et de vous réinformer.
La succession de scènes tend l'intrigue, parfois sépare
en deux l'écran – le spit screen – afin de montrer un même fait sous deux regards ou deux points de vue, parfois parallèles
parfois contradictoires. Le réel est par essence complexe, le danger qui rode
ne se donne pas forcément la peine de frapper à la porte, et cette Nancy Allen
ne se rend en compte de rien quand elle est à deux doigts d'être étranglée.
Le cordon qui la relie à son protecteur est la
encore sonore, c'est un talkie walkie ou un équivalent, et c'est ce lien ténu
que Travolta affolé va tenter au volant de sa voiture suivant en surface son
amie dans le métro de décrypter. Un indice et il reprend la bonne route, avec
cette horloge du temps qui passe et rapproche la proie du tueur seconde apres
seconde.
Les images recomposées accolées à la bonne bande
sonore auront donné lieu au réel tel qu'il eut lieu, et ici l'image manque, il
n'y a pour l'ingenieur du son que la matière sonore, or l'un sans l'autre il
est impossible – comme pour l'assassinat de Kennedy, se référer au JKF de Stone, lequel repart sur cette
idée de son ET image, voir également I
comme Icare avec Montant sur le même sujet avec
le même angle d'enquête – de SAVOIR. Un peu comme un
aveugle ou un sourd, il manque un sens pour déceler le sens profond, il
convient en Somme de convenablement voir et de convenablement entendre.
De Palma développera encore dans d'autres films, je
pense au génial Snake Eyes avec Nicolas Cage ou à Enbedded sur la guerre en Irak de 2003,
ce sujet absolument majeur pour comprendre l'époque au travers d'un art parfois
utilisé à mauvais escient – sous toutes ses formes, caméras de surveillance, écrans
et videos de cellulaires, fausses vidéos etc.
En d'autres termes, BLOW OUT – le bruit d'un pneu
qui éclatte – est comme une boite à outils de résistance déguisée en superbe
polar qui file à toute allure sur une géniale musique de Pino Donaggio.
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