Raimunda
et Soledad, deux soeurs, retournent dans leur village de la Mancha pour
entretenir les tombes de leurs parents et rendre visite à leur tante Paula et à
leur voisine Agustina. Quand elles rentrent à Madrid, le mari de Raimunda tente
de violer leur fille, Paula. Celle-ci se débat et le tue accidentellement.
Quand Raimunda revient de son travail, elle découvre le cadavre et s'en
débarrasse dans le congélateur d'un restaurant dont le propriétaire lui a
confié les clefs. Prise pour la maîtresse des lieux par un régisseur de cinéma,
la jeune femme se reconvertit en cuisinière. Soledad lui apprend alors que la
tante Paula vient de mourir...
VOLVER,
en espagnol REVENIR. Revenir pour Pedro Almodovar signifie revenir à la Mancha sa terre
natale pour la filmer. Revenir pour Carmen Maura, son actrice fétiche des débuts,
dans le cinéma de son Pygmalion. Enfin revenir pour son personnage d'entre les morts
à la vie, et au
travers d'une identification permettre a Pedro qui avait perdu sa propre mère de l'éteindre post
mortem au travers d'une fiction.
VOLVER
s'ouvre sur un ballet tout en couleurs de femmes au cimetière honorant les
tombes de leurs disparus. Puis part au travers du merveilleux personnage interprété
par une Penelope Cruz sublime, totale réinvention des Sophia Loren ou Gina
Lollobrigida des comédies des années 50, sur les pas d'un affranchissement.
Celui d'une femme et surtout d'une mère admirable en lutte contre un mari
alcoolique et violent qu’une agression dont sa fille est victime va du coup
transformer en un macchabée dont il va falloir se débarrasser. Et porter la
responsabilité du meurtre du père par sa propre fille.
Ses
enfants sous le bras cette mère courage version 2005 s'en va courageusement
retrouver les siens, c'est-à-dire ses racines dans la Mancha, sa
sœur, jusqu’à sa propre mère ressuscitée des morts.
Se tenant à distance d'hommes lâches
et violents, à de rares exceptions près,
le film recréée un univers de Femmes entre elles solidaires inter-générations,
de la grand-mère à la petite fille.
Les
immenses ailes des moulins accompagnent les scènes de la dernière partie du
film flirtant avec le surréalisme, cette tempête de sable nettoyant les ames
ainsi que les mystères du passé, lequel va tout à la fin s'éclaircir
pour ses personnages. La couleur rouge, dominante, depuis les roses du cimetière
jusqu’au sang du couteau en passant par la robe de Pénélope, traduit tant la
passion, le meurtre libérateur que la flamme intérieure d'une héroïne espagnole
superbe que le cinéaste madrilène des femmes, de toutes les femmes, rend
sublime avec une incandescence et un amour admirables.
Film
de la sérénité, à mon sens son chef d'œuvre,
VOLVER ce retour aux sources, à toutes les sources, est une déclaration
d'amour à la vie, au courage
féminin, et aux mères à qui Almodovar, pour faire un clin d œil au titre d'un de
ses précédents opus, doit TOUT.