Un des merveilleux enseignements que ma vie m aura apporté
peu après ma cinquantaine aura été de comprendre, après quelques décennies à
tenir fermement et indépendamment le guidon, que le secret de la quiétude et
donc du bonheur consiste tout au contraire à accepter de le lâcher, de laisser
la vie décider en lieu et place de toi -
ce qui revient à se laisser conduire, guider, accélérer, freiner, bref
manipuler dans le sens noble de ce terme par son intuition.
Celle-ci, éveillée, fait fort bien les choses. Et les
jours se succédant voient se dérouler selon son plan, qui est le bon. Car cette
intuition, quand elle est servie par un authentique lâcher prise, connait le
territoire comme l’itinéraire. Contrairement à l’ego – celui des années d’autrefois
-, elle te conduit pas à pas à bon port, et te récompense au fil de l’eau de la
confiance que tu lui accordes. Il faut dire, c’est si reposant que de se
laisser guider, de ne pas ou plus avoir à décider de quoi que ce soit. Il y a
une confiance née de la connaissance par expérimentation du dessous des choses,
du : comment ça marche la vie, comment on y parvient, à la sérénité, au
sentiment d’être sur son axe, sur sa voie – bref d’être devenu soi-même. Il n y
a lors que légèreté et douceurs, le mur du réel ne frappe plus le front, la tête
est en état de lévitation, les choses se font d’elles-mêmes à l’instant juste,
cerveau éteint et cœur léger. Un peu comme une plume portée par un vent tantôt
fort tantôt imperceptible et qui se laisse gentiment aller de tel à tel point.
La plume a cette conscience d’être plume, la plume ne craint pas le vent, le
vent ne peut faire rompre cette dernière dont la logique même en tant que plume
est de voler, se poser, s’envoler à nouveau.
Ainsi les choses se font d’elles-mêmes, ainsi les
rencontres font-elles sens, ainsi la solitude autrefois pesante s’est-elle muée
en joie profonde, en plénitude. Les êtres d’hier demeurent, celles et ceux d’entre
eux qui ont eu un rôle clef conservent ce rôle clef, ils ou elles sont tels des
repères, le sens des rencontres d’hier, leur importance capitale a été plus que
comprise : décryptée. Chacune et chacun a permis un mouvement du dedans,
ceux qui offraient une résistance ont été comme des chances pour justement
apprendre du dedans le détachement, l’envol, la liberté – la vraie. Les
cailloux dans nos chausses nous invitent secrètement à les ôter et a réapprendre
à marcher nus pieds sur la terre ferme et généreuse, à la ressentir du dedans, jusqu’
à faire corps avec elle, avec l’air, la pluie, avec les arbres …
Tel un roseau.
Joie que de poursuivre sur pareil savoir sa vie, comme
une re-naissance, plus, bien plus auprès de soi-même et des autres, du cœur des
autres, loin du cinéma, de la comédie, des faux semblants.
Que faire d’ici – mais non. Dérisoire questionnement,
vide ta tête, inspire, expire, respire, tout est en toi, tout est au-dedans, déjà
écrit. Suis ce fil, ouvre ton cœur, ouvre tes ailes : ce que tu désirais
tant est et demeurera. Laisse le guidon à d’autres, laisse toi, laisse-les donc
conduire, c’est leur tour, qu’ils apprennent. Laisse le sommeil te happer sur
le siège du passager, que c’est confortable, à un âge certain, après combien d’épreuves
traversées victorieusement, d’en être arrive là.
Finalement …
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