Révolution industrielle, une banlieue ouvrière
sinistre en périphérie de Londres ou Liverpool, à proximité d’usines crachant
du charbon dans un déluge sonore, Un sinistre appartement ouvert et sombre, ou l’homme
épuisé est reclus. Madame au foyer enceinte, se traine tout comme lui, pas un
instant de silence , l’espace sonore est confisqué,
propriété du grand capital qui leur loue les murs.
Quand nait l’enfant – la chose, cette tête en
forme de gomme, cette monstruosité qu’on ne peut effacer -, ce freaks, sorte de
Roswell au corps de chenille et à la tête d’extraterrestre. Et qui pousse d’atroces
vagissements, empêchant les parents de fermer l’œil.
Cette chose, leur chair, d ou vient-elle, n’est-ce
le fruit d’expériences, de toxicités industrielles, de savants payes par les
corrupteurs d’en haut qui tels les experts médicaux nazis pratiquent sur les
gueux d’épouvantables expériences … L’homme esclave, l’ouvrier enchainé, sa
petite amie objet de scalpels et de chimie, et puis le monstre, truc irrécupérable
et d’ailleurs qui leur est laissé comme un os à un chien.
Apparait bien avant Twin Peaks une créature, sorte de freaks de cirque en tut, femme à
barbe au sourire de clown fige et angoisse, sur un damier, et qui telle une
toupie, tourne et perd des lambeaux de ce qui semble être sa chair. Exposée
sous le regard des puissants et contrainte à danser et a sourire, tandis qu’on
les imagine fumer un cigare et tromper leur ennui avec une partie d’échecs.
Symphonie de bruits dissonants, de lumières
noir et blanc venues du muet, d ailleurs pas une parole, rien que des regards désespérés
tournes vers soi-même, es personnages désincarnés du premier Lynch ne s
appartiennent pas davantage que John Merrick, l’Eléphant Man de son second film sorti quelques années plus tard.
Ils sont là, sur une scène de cirque livrée aux vents, à faire leurs petits numéros
et à tromper leur ennui devant une assiette vide. A vivre des scènes de
cauchemar mental, des pluies de fœtus, un poulet dans une assiette qui s’agite
…
Il a bien compris le sens des choses le
plasticien faiseur d’énigmes ou sons et images disjonctent, que ce soit le contrôle
mental de Lost Highway, la face
satanique d’Hollywood dans Mulholand
Drive
ou le monde-castelet manipule par des démons puissants dans Twin Peaks. Lui alerte, ricaneur, et procède
comme les tireurs de ficelles, par inversions sensorielles, arme de cinéaste
par excellence. Et fait de nous des têtes de gomme ou des Laura Palmer sous
cellophane, aveugles quant à l’illusion et sa finalité, et donc bons à jeter.
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