Mai 68 naquit d’un
mouvement social ouvrier et fut récupéré par un paquet d’enfants de bourgeois
et de petits bourgeois avides de liberté pour eux avant tout. Ils en avaient
certes grand besoin car en effet la France du Général les corsetait, mais on
peut légitimement avec le recul se demander si leur véritable slogan n était point
IL EST INTERDIT DE M INTERDIRE. Tant le legs qu’ils laissent aux générations
suivantes est mince et tant à eux il n’aura guère manque, à eux qui occupent
encore le dessus du panier. Et mégotent les places et s’accrochent aux lustres
comme des crabes.
Je parle bien des
bourgeois et d eux seuls, ainsi que de tous ceux qui de quelque bord politique qu’ils
soient ont gravité autour de ce modèle. Car quoi, l’emploi, les retraites, l’accès
à la propriété et au crédit, la profession de bailleur et les loyers pratiqués
ad hoc, le consumérisme, l’implication dans la publicité, les médias, les
organes de pouvoir, les postes grassement payes dans les grosses boites à fric –
ce furent bien eux et non la génération d avant ou d’après. Leurs parents ont
connu la guerre, se sont saignés pour eux notamment sans forcément agiter l’héritage
en chiffon rouge autant, et n’ont quant à eux pas accumule divorces et
remariages. Que cèdent- ils donc vraiment, défiscalisation déduite, à la génération
suivante sinon des règles, des leçons et des normes dont ils s’affranchissent
souvent, eux les champions toutes catégories du libertaire pour ma pomme, je
pose la question. Et une autre, ces héritages qui perpétuent les inégalités et déresponsabilisent
quelque peu rendent-ils vraiment tant service…
De bonne volonté certes,
mais encore et toujours et jusqu’au dernier souffle accrochés au guidon sans
maitriser les nouvelles règles de conduite. Car ce monde tel qu’ils nous le lèguent
le comprennent ils encore, j’en doute, il n y a qu’ a voir les chaines qu’ils écoutent,
les livres et les journaux qu’ils lisent. Que du vieillot, que du compassé, que
du XXème siècle. Et ça SAIT pour les autres, tous les autres, ceux la d à cote
dont ils ne partagent pas la misère, ceux-là au loin dont ils méconnaissent la culture,
eux qui a l’étranger ne quittent pas le VIP touristique et se contentent de
ramener des poteries made in China. Ils ont et professent de belles valeurs d’amour
de son prochain et de tolérance universelle, cela suffit amplement.
Faire la morale quand on
a tout et davantage et qu’on ne se l applique pas toujours est facile mais rend
peu crédible, c’est pourquoi certains de leurs enfants prennent leur distance
au sens propre ou figuré. Cette génération surprotégée et gâtée ne se rend tout
bonnement pas compte de sa chance et aligne les certitudes comme d’autres des
perles. Pourquoi interroger le réel quand tout va bien et que la sécu paie et
que la mutuelle rembourse. Et tant pis si leur corps leur parle, ils ne l’entendent
guère et s’en remettent au spécialiste qui parce que blouse blanche dit le vrai
par définition. Ou à l’expert es méditation tout droit venu du Népal et qui joue
avec leur crédulité et leurs sous pour la bonne cause.
Pour eux Macron c’est
tout bon, l’Union Européenne veut le bien des peuples, Le Pen est facho, l’écologie
c’est merveilleux, le tri sélectif c est absolument indispensable et fumer tue.
C’est simple à comprendre, d’ailleurs c’est ce que dit la TV. Et si le réel dit
l’inverse alors dissolvons-le ça vaut mieux.
Ils ne le font vraiment
pas exprès, ces gens-là sont foncièrement bons, aucun problème, juste un peu dépassés
par les évènements et à l’abri autour de tables de restaurants que leurs
propres enfants ne pourront jamais s’offrir par eux-mêmes. Depuis la place près
de la fenêtre c’est à peine s ils peuvent distinguer le visage de cette femme
sans âge en guenilles. Le plat est servi, attablons-nous, nous tacherons de lui
donner une pièce à la sortie s il nous reste un peu de menue monnaie.
Eux qui souvent
pontifient à la lecture du dernier bloc-notes de BHL dans Le Point, ils ne se
rendent guère compte du regard que pose sur eux ce petit peuple, ce petit
personnel à qui ils parlent parfois sur un ton légèrement condescendant avec l’air
aimable, toujours aussi désespérément aimable. Ces gens-là n’en pensent pas moins
et ont le savoir-vivre de garder pour eux ce qu’ils voient et ressentent, de ne
pas relever ce propos à la limite de l’humiliation ou ce regard hautain qui ils
trahissent parfois malgré eux. Car eux savent qu’ils n’ont pas le choix, ils
sont dans la soute alors intelligemment et en pro ils jouent le jeu des
apparences.
Ils font et se font la leçon
et psychologisant à tout va à la serpe, comme dans le magazine du même nom. Freud
est leur gourou, Juppé leur pape, Eric Emmanuel Schmidt et Eric Orsenna leurs
auteurs de chevet. Quand a Cohn Bendit, leur héros binational labellisé UE et
grand amateur de chair enfantine, c’est un bon pote et un type bien comme il
faut.
Ils partiront entourés,
ils le méritent, je dis ça sans ironie aucune. Mais quelque peu surpris de se découvrir
mortels. Car sans foi pour beaucoup d’entre eux ils craignent la mort et la
souffrance et veulent partir dans leur sommeil sans le moindre mot d’estomac. Interdit
de m interdire, telle sera la prescription avec cheque qu’ils transmettront à
leur médecin.
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