J’ai vu, hier, Paris. Les manif qui dérapent.
Papy Le Pen et ses vieux briscards. La benjamine à Villepinte, ses tweets
rageurs, sa récupération du discours de Fillon, son détournement de celui de
Hollande, ses supporters qui appellent au combat et flairent bon l’odeur du
sang. Ces jeunes qui chargent et qui sont chargés, dans le très beau reportage
de Tanaris news, que vos télévisions ne diffuseront pas. Ce policier torche
humaine. Ces jeunes cagoulés qui hurlent, mais surtout tous les autres qui
demandent simplement qu’on les laisse s’exprimer. Ces fronts renversés, ces
fronts désunis, des front contre front, ces refus de l’alternative aliénante. J’ai
vu et ressenti cette violence qui submerge tout un peuple par paliers, des années
que ça monte, et la, a quelques jours du 2e tour cette déflagration,
une de plus.
Ca va – helas – se perpétuer, s’accélérer, se multiplier. Le climat est insurrectionnel,
le pays est radicalisé et fracturé comme jamais, il y a une surdité
invraisemblable, que l’élection ne résoudra en rien, bien au contraire. La
haine et la colère s’infiltrent partout. Et les incidents sont montés en épingle
par des medias qui soufflent sur les braises comme en 2007 a la Gare du Nord,
au profit de qui, à votre avis …
Guerre civile, vous y êtes. Un système
profondément rejeté, un système qui se débat et lance ses polices, celle des
armes, celle de la pensée. Ca ne fera qu’exciter encore et davantage. Un parti
de la haine et du rejet contre un mouvement de l’exclusion au service des
puissants. Aucun joli sourire ne peut effacer ça, tu vas souffrir Emmanuel, ta
marche en arrière va finir par nous la mettre à l’Elysée, la dame, ce coup-ci
ou celui d’après…
S’il passe, ça sera ça, l’horreur,
et s’il échoue idem. Le mouvement est vers le bas, il enregistre et multiplie
divisions et rancœurs, c’est vraiment la peste et le choléra, et il est bien
trop tard pour demander avec une règle et un missel de bonne conduite à tout le
monde de trancher en faveur de l’un contre l’autre pour tel motif, fut-il
noble, et il l’est. C’est trop tard.
Bien trop tard.
France je t’ai quittée parce que tu
t’es abandonnée. Tu es belle France, tu portes de nobles valeurs et un message
qui porte encore. Mais tes dirigeants et les politiques qu’ils ont suivies t’ont
conduite dans ce mur que tu es en train de te manger en pleine gueule. Et il va
te falloir, à toi peuple, reprendre le flambeau et lutter pied à pied pour
reprendre ce pouvoir qui te fut et demeure confisqué.
Cette démocratie n’est qu’un trompe
l’œil et cette République a vécu. Il faut tout reprendre et ne pas hésiter à se
débarrasser d’un cadre arrivé à son terme. De Gaulle et les grands Présidents
ne sont plus, en l’état nous ne sommes guère qu’une province administrée sans contrôle
aucun sur son destin. Un grand pays en déclin en proie à une dépression généralisée.
Cette noblesse de caste il va
falloir lui faire rendre gorge et le faire sans céder à la violence. Nous y
parviendrons la longue, je l’espère et j’y crois, et ne reviendrai que quand
les conditions seront enfin réunies.
Tu es un peuple éclairé, capable d’incroyables insurrections, et tu refuses encore, je le vois, le destin de moutons qu’on envoie à l’abattoir. Ne te soumets pas, résiste à cet appel rageur qui te donne envie de sortir dans la rue armé d’un couteau.
Tu es un peuple éclairé, capable d’incroyables insurrections, et tu refuses encore, je le vois, le destin de moutons qu’on envoie à l’abattoir. Ne te soumets pas, résiste à cet appel rageur qui te donne envie de sortir dans la rue armé d’un couteau.
L’ennemi est dedans et crois-moi il
veut ta peau. Il te balancera ses camions béliers et ses saloperies au sarin s’il
le peut et il le fera sans aucun égard pour les enfants et les bébés. Cet ennemi-là
est finance par un autre dont il fait le jeu, plus pernicieux, qui se cache derrière
des intérêts o combien supérieurs et supérieurement masqués. A eux deux ils
peuvent tout détruire, mais tu es le nombre et tu as ce pouvoir de les faire tous
deux échouer.
Ces combats vont durer, ces combats
que de loin, de très loin j’ai vus monter, prenant ces dernières années en
situation le recul nécessaire pour tâcher de comprendre le vaste plan d’ensemble.
Nous sommes quelques-uns, légion en fait, à l’avoir fait et à partager ces mêmes
constats. Mettre de la distance est en certaines époques la seule chose à faire
pour quiconque désire vivre et non survivre - et penser et non gober.
Le Printemps est Nôtre car il est en nos coeurs.
(ci-dessous : Printemps Arabe, Le Caire, 2011)
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