samedi 29 avril 2017

On le bouffe quand ce sanglier ?


A lire ce qui vient de France depuis quelques semaines et dimanche dernier surtout, à le faire d’ici, à plusieurs milliers de kilomètres, à lire ici et là sur tout ce que la toile et les réseaux donnent à voir, ces leçons, ces pugilats, ces disputes et ces blocages au sujet d’un seul et même sujet actuellement posé comme le seul sujet qui soit, j’en viens à me dire combien j’ai bien fait de prendre la poudre d’escampette.

C’est peu dire que je ne suis en rien surpris du tour des choses. Ces quatre années passées à Paris après 3 sur l’ile de la Réunion m’avaient mis au parfum : ceux qui font du bruit (quel que soit leur bord) sont tellement nombreux que les autres, majoritaires je l’espère, sont du coup aux limites de l’inaudible.

Que de violences dans ce que je lis, que de rejets, de sentences, de coups à l’estomac. Que d’émotions peu contrôlées et lancées publiquement qui séparent et font se heurter des gens qui s’aiment. Quelle tristesse, vraiment !

Comme si quel que soit le résultat des urnes vous (je me mets à l’écart, n’étant plus ici) n’alliez pas continuer à vivre ensemble dans le même bain ! Car quoi ? Si Marine perd avec 47 ou 45 pour cent, comment allez-vous faire pendant cinq ans ? Exclure 47 pour cent des votants plus tous les abstentionnistes ? Franchement vous pensez que c’est faisable de vivre ainsi en demandant aux gens qui marchent sur vos trottoirs leur étiquette puis d’appuyer sur un bouton « bloquer » ? C’est ça la démocratie : l’exclusion érigée en système de vivre ensemble ?

Que signifie avoir raison ou tort ? Chacun a ses raisons, et celles-ci n’ont pas quand on est civilisé a être raillées ou méprisées par autrui en tant que telles parce qu’on a acquis cette certitude bas de plafond d’être dans le vrai. Chacun a une voix et chaque voix en tant que voix doit être respectée. Une fois les polémiques vidées de leurs crachats tous sur la piste de danse, on éteint la lumière et on se retrouve à écouter le même son, à danser ensemble, oui, ensemble ! On s’est foutus sur la gueule tout le stock de poissons de Bonnemine mais à la page 44 on a accroché Marine et Manu dans l’arbre et on BOUFFE CE PUTAIN DE SANGLIER ! Hein les gaulois ?

Il n’y a aucun bon ou mauvais choix en soi, il y a le choix, et notamment celui de refuser en tant qu’être civilisé de rentrer dans ce jeu stupide de l’extrême division. Celle-ci rapetisse et ne glorifie personne, de quelque bord. Seul l’amour et la tolérance et tout ce qui s’y rapporte vaut et élève, tout le reste n’est qu’écume. Penser un instant que la guerre des mots et que la guerre civile fut-elle nichée dans de menues conversations écrites ou orales va vous conduire sur la route du bonheur est un leurre.

Ne cédez pas à ça, ne vous faites pas au travers de vos comportements les vecteurs consentants d’un système qui vous envoie ses décharges comme on manipule un rat dans une cage. Résistez à ça, réapprenez à converser paisiblement avec celles et ceux qui ne pensent pas comme vous et ont comme vous leurs raisons. Admettez que celles-ci ne soient point malfaisantes ou malveillantes par essence, pas plus que les vôtres.

Dans huit jours c’est plié alors ne les perdez pas, ces huit jours, à vous bagarrer bêtement avec ceux que vous aimez et avec la terre entière, vu que quel que soit le choix yen aura au moins la moitié qui vont tirer une gueule de six pieds de long.

C’est ça à quoi j’ai dit plus qu’au revoir. A cette violence, à cette surdité, a cette incapacité à écouter l’autre, à le comprendre, à l’admettre tel qu’il est. A ces postures ou on dit blanc par devant et noir par derrière, ou on sourit par oral et ou on crache par écrit. J’ai dit bye bye à une impasse collective, et combien je ne le regrette pas.

Seul l’amour, oui. Celui que chantait Brel, celui des poètes, celui d’Edith Piaf et de Barbara. Celui des Parapluies de Cherbourg, des films de Truffaut, celui (LOVE) de Gaspar Noé.


Toute autre voie est une impasse.


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